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Les ères astrologiques en Grèce : l’ère du Bélier (3).

L’ère astrologique du Bélier est la plus récente ère que nous connaissons sur la Grèce antique, puisque l’ère du Poisson ne concerne plus vraiment l’antiquité et que les grands concepts de la mythologie était déjà bien installé. Toutefois, nous pouvons retrouver des mythes liés au Poisson, et même au Verseau dans la mythologie grecque, sans savoir si cela concerne une période déjà vécue par le monde hellène ou si ce savoir aurait été transmis par d’autres peuples plus anciens. Je ne trancherais pas la question dans cette série d’articles. En revanche, l’article suivant traitera des ères du Poisson et du Verseau dans la mythologie grecque.

Le Bélier est l’influence principale (I) et s’oppose à la Balance qui est l’influence secondaire (II). C’est le Taureau qui a été sacrifié (III).

I : Le Bélier.

Le Bélier comme influence principale est évoqué à travers la quête de la toison d’or (A) réalisée par Jason et les Argonautes (B). C’est un mythe majeur de l’Antiquité qui laissa des traces importantes jusqu’à nos jours (C).

A. La toison d’or.

Pour ce qui concerne les fils d’Éole, Athamas régna sur la Béotie, et, de Néphélé, il eut un fils Phrixos, et une fille Hellê. Puis il épousa Ino, de laquelle il eut Léarchos et Mélicerte. Mais Ino voulait se débarrasser des enfants de Néphélé. Alors, elle persuada toutes les femmes d’assécher les graines destinées aux semailles : les femmes prirent les graines en cachette de leurs maris et les firent sécher. Quand ensuite les graines furent semées, la terre, naturellement, ne donna pas la récolte habituelle. Alors Athamas envoya ses ambassadeurs à Delphes pour demander au dieu ce qu’il convenait de faire pour éloigner la disette. Et Ino persuada les messagers de lui rapporter une fausse réponse : la terre redeviendrait fertile si Phrixos était sacrifié à Zeus. Athamas écouta la réponse et, contraint par les habitants de la région, il mena Phrixos sur l’autel du dieu. Mais Néphélé l’enleva, et sa fille avec, et elle leur donna un bélier à la toison d’or – don d’Hermès : les deux enfants montèrent dessus, et le bélier les emmena à travers le ciel, survolant les terres et les mers. Quand ils arrivèrent au bras de mer, qui s’étend entre Sigée et la Chersonèse, Hellê tomba au fond de l’Océan et mourut ; dès lors, ce détroit s’appelle l’Hellespont, en son honneur. Phrixos, lui, atteignit la Colchide, où régnait Éétès, fils d’Hélios et de Perseis, frère de Circé, et de Pasiphaé qui épousa Minos. Éétès l’accueillit, et lui donna pour femme l’une de ses deux filles, Chalciopé. Alors Phrixos  sacrifia le bélier à la toison d’or à Zeus protecteur des exilés, et offrit sa peau à Éétès, qui la cloua sur un chêne dans le bois sacré à Arès. De Chalciopé, Phrixos eut Argos, Mélas, Phrontis et Cytissoros.” (Apollodore, La bibliothèque, Editions de l’aire, p. 45).

Le roi de Béotie, Athamas, eut un fils, Phrixos et une fille Hellé de sa première épouse, la nymphe des nuages, Néphélé (“nuage” en grec).

La Béotie.

Ensuite, il divorça et se remaria avec Ino, la fille de Cadmos, avec laquelle il eut Léarchos et Mélicerte. Cadmos était lié à l’ère précédente, celle du Taureau, comme nous l’avons vu dans l’article précédent. Il y a comme un passage de témoins entre les deux ères. Suivant les mythes, nous voyons les ères se succéder.

Coup classique, sa nouvelle épouse détestait les deux premiers enfants de son mari. La belle-mère chercha à les tuer. Elle provoqua une terrible disette dans son pays, au point que le roi fut obligé de consulter l’oracle de Delphes. Ino s’arrangea pour que le roi reçût du messager de Delphes, une fausse réponse. L’oracle exigeait le sacrifice de son fils Phrixos. Le symbole de l’ancienne ère qui va disparaître tente de tuer celle qui arrive.

Au moment du sacrifice, la première épouse du roi fit enlever son fils et sa fille, puis se sauva dans les airs avec un bélier à la magnifique toison d’or, en direction de la Colchide qui se trouve dans l’actuel Caucase.

Colchide.

L’ancienne ère échoua à tuer le Bélier. Son avènement était inéluctable.

Phrixos et Chrysomallos. Reproduction d’un vase étrusque à figures rouges en possession des musées d’État de Berlin.

Hellé tomba du bélier au milieu de la mer.

Phrixos et Hellé, fresque romaine de Pompéi.

Le lieu où elle chuta fut ensuite appelé en son honneur “Hellespont“, de “Héllé” et “pont“. Hellespont est le nom ancien du détroit des Dardanelles qui relie la mer Méditerranée et la Mer Noire (Pont Euxin sous l’antiquité). Le détroit sépare l’Europe de l’Asie et commence à l’endroit où se trouve la ville de Troie. Un lieu hautement symbolique.

Le Bélier à la toison d’or, c’est Chrysomallos. Il est le fils de Théophané et Poséidon qui avait pris l’apparence d’un bélier pour la séduire, comme le faisait Zeus dans les ères précédentes.

Chrysomallos (le bélier) et Phrixos arrivent enfin en Colchide auprès du roi Eéthés. Il va sacrifier le Bélier et offrir sa toison d’or au roi en remerciement de son accueil. Phrixos épouse la fille du roi, Chalciope avec laquelle il aura un enfant Argos, que nous retrouverons ensuite, lors de l’épopée de Jason.

B. Jason et les Argonautes.

Jason est chargé par le roi Pélias d’aller chercher la toison d’or en Colchide.

Éson, le fils de Créthée, épousa Polymède, la fille d’Autolycos, et engendra Jason. Jason habita à Iolcos, où Pélias avait succédé à Créthée sur le trône. Quand Pélias avait consulté l’oracle à propos de son règne, le dieu lui avait prophétisé de se méfier d’un homme avec une seule sandale. Sur le moment, Pélias ne comprit pas, mais ensuite tout devint clair. Un jour, au bord de la mer, on célébra un grand sacrifice en l’honneur de Poséidon ; les participants étaient nombreux, et parmi eux se trouvait aussi Jason. Le jeune homme aimait l’agriculture, il vivait à la campagne, et il s’était rendu dans la cité, exprès pour le sacrifice ; pendant qu’il traversait le fleuve Anauros, le courant lui avait fait perdre une sandale, et à présent, un seul de ses pieds restait chaussé. Dès qu’il le vit, Pélias se rappela la réponse du dieu ; il s’approcha de Jason et lui demanda : « Si tu avais le pouvoir,  et si tu apprenais d’un oracle qu’un de tes concitoyens te tuerait, que ferais-tu ? »  Et alors, peut-être par hasard, peut-être inspiré par Héra (irritée contre Pélias à cause de son absence de vénération à son égard, et qui déjà méditait sa vengeance de la main de Médée), Jason répondit ainsi : « Moi, je l’enverrais à la recherche de la toison d’or ». À ces paroles, aussitôt Pélias lui ordonna d’aller la chercher. La Toison d’or se trouvait en Colchide, suspendue à un chêne, dans le bois sacré d’Arès, et le gardien était un dragon qui ne dormait jamais.” (Apollodore, La bibliothèque, Editions de l’aire, p. 53-54).

La toison d’or était suspendu à un chêne dans le bois sacré d’Arès. “Arès“, c’est le nom du dieu de la guerre qui correspond à la planète Mars. Mars est le maître du signe du Bélier. La toison était gardée par un dragon qui ne dort jamais.

Jason régurgité par le serpent gardien de la Toison d’or (pendue sur l’arbre au centre) ; Athéna se tient à droite. Coupe à figures rouges de Douris, v. 480-470 av. J.-C. Provenance : Cerveteri (Étrurie).

Pour aller chercher la toison d’or, Jason demande à Argos, dont nous avons parlé il y a quelques lignes, de construire un navire qui porta le nom de son architecte.

Pour cette mission, Jason demanda l’aide d’Argos, le fils de Phrixos ; et ce dernier, sur l’inspiration d’Athéna, fit un navire à cinquante rames, qui, du nom de son constructeur, fut appelé Argos. Athéna elle-même, à sa proue, adapta une figure de bois parlante, faite avec un de ces chênes sacrés de Dodone. Quand le navire fut prêt, Jason consulta l’oracle, et le dieu lui ordonna d’embarquer avec lui les hommes les plus valeureux de toute la Grèce. Voici le nom de tous ceux qui se réunirent pour participer à l’expédition : Tiphys, fils d’Agnias, qui tint la barre du navire ; Orphée, fils d’Oagre ; Zétès et Calaïs, fils de Borée ; Castor et Pollux, fils de Zeus ; Télamon et Pélée, fils d’Éaque ; Héraclès, fils de Zeus ; Thésée, fils d’Égée ; Idas et Lyncée, fils d’Apharée ; Amphiaraos, fils d’Oïclès ; Cénée, fils de Coronos ; Palémon, fils d’Héphaïstos ou d’Étolos ; Céphée, fils d’Aléos ; Laërte, fils d’Arcisios ; Autolycos, fils d’Hermès ; Atalante, fille de Schoénée ; Ménécée, fils d’Actor ; Actor, fils d’Hippasos ; Admète, fils de Phérès ; Acaste, fils de Pélias ; Eurytos, fils d’Hermès ; Méléagre, fils d’Oenée ; Ancée, fils de Lycurgue ; Euphémos, fils de Poséidon ; Poeas, fils de Taumachos ; Butès, fils de Téléon ; Phanos et Staphylos, fils de Dionysos ; Erginos, fils de Poséidon ; Périclymène, fils de Nélée ; Augias, fils d’Hélios ; Iphiclos, fils de Thestios ; Argos, fils de Phrixos ; Euryale, fils de Mécistée ; Pénélos, fils d’Hippalmos ; Leitos, fils d’Alector ; Iphitos, fils de Naubolos ; Ascalaphe et Ialmène, fils d’Arès ; Astérios, fils de Cométès ; Polyphème, fils d’Élatos.” (Apollodore, La bibliothèque, Editions de l’aire, p. 54-55).

Parmi les argonautes célèbres, nous avons, outre Jason : Castor et Pollux (de l’ère du Gémeaux) ainsi qu’Idas et Lyncée qui vont tuer Castor et Pollux lors du sacrifice du Gémeaux sous l’ère du Taureau. Les deux couples sont ensembles pour l’épopée de la toison d’or, alors qu’ils sont censés être mort sous l’ère précédente. Il y a une certaine incohérence, mais seule la puissance des symboles compte. Il n’y a pas de véritable chronologie au sein des archétypes universels et de l’inconscient collectif. Nous sommes dans une autre logique, celle de la synchronicité, c’est-à-dire des relations psychologiques entre des images et des événements. Il n’y a pas de lien de causalité chronologique entre les symboles.

Héraclès, dont nous avons vu qu’il reprend, a de très nombreuses reprises la symbolique du Taureau, se confronte à presque tous les symboles astrologiques, mais curieusement pas celui du Bélier. Il disparaît très vite de l’aventure de la toison d’or.

Héraclès et le rassemblement des Argonautes (ou Héraclès à Marathon ?). Face A d’un cratère en calice attique à figures rouges, 460-450 av. J.-C. Provenance : Orvieto (Volsinii).

Enfin, nous avons Thésée, autre héros astrologique qui réalisa un certain nombre de travaux comme Héraclès.

La construction du vaisseau Argo : Athéna (à gauche) ajuste la voile ; Tiphys (au centre) porte la vergue ; Argos (à droite) est assis à la poupe. Bas-relief en terre cuite, œuvre romaine, probablement Ier siècle ap. J.-C. Réputé provenir des environs de la Porte latine à Rome.

Les Argonautes vont se rendre en Thrace pour découvrir le lieu où se cache la Toison d’or.

Repartis de là, ils arrivèrent à Salmydessos, en Thrace, où habitait Phinée, le devin aveugle. Certains disent qu’il était le fils d’Agénor, d’autres de Poséidon ; et l’on raconte qu’il fut frappé de cécité par les dieux, parce qu’il prédisait leur avenir aux mortels ; ou bien que ce furent Borée et les Argonautes eux-mêmes à le faire, parce que Phinée avait d’abord rendu aveugles ses fils, sur l’instigation de leur belle-mère ; mais il existe encore une autre version, suivant laquelle Poséidon le priva de la vue, parce qu’il avait révélé aux fils de Phrixos la route qui menait de Colchide en Grèce. Les dieux lui avaient aussi envoyé, pour accroître son tourment, les Harpyes : créatures ailées, chaque fois que Phinée se mettait à table, elles tombaient du ciel pour lui voler toutes les choses, et le peu qu’elles laissaient s’imprégnait d’une telle puanteur qu’on ne pouvait même pas s’en approcher. Les Argonautes voulaient apprendre de Phinée la bonne route pour leur voyage, et le devin promit de tout leur révéler, à condition qu’ils le libèrent des Harpyes. Alors les Argonautes préparèrent une table garnie : aussitôt les Harpyes s’y précipitèrent en poussant d’horribles cris, et elles emportèrent toute la nourriture. Quand ils les virent, Zétès et Calaïs, les fils de Borée, qui étaient ailés, brandirent leur épée et se mirent à leur poursuite à travers le ciel. Ainsi le voulait le destin, que les Harpyes meurent de la main des Boréades. Mais également pour ces deux jeunes gens, ce jour devait être leur dernier, parce qu’ils mourraient sans avoir réussi à les capturer. Dans leur fuite, une des Harpyes (de son nom Nicothoé ou Aellopoda) tomba dans le Tigris, qui maintenant, de son nom, est appelé Harpys ; l’autre, (que l’on appelle Ocypété, ou bien Ocythoé, mais Hésiode la nomme Ocypode s’enfuit au-delà de la Propontide et rejoignit les îles Échinades, celles qu’à présent nous appelons Strophades, justement parce que la Harpye, quand elle y arriva, changea de direction (estràphe) et vola vers la terre ferme, où elle tomba d’épuisement, en même temps que son poursuivant. Apollonios, dans ses Argonautiques, soutient pour sa part que les Boréades réussirent à les rejoindre, précisément aux îles Strophades, mais ils ne leur firent ensuite aucun mal, parce que les Harpyes jurèrent de ne plus tourmenter Phinée.” (Apollodore, La bibliothèque, Editions de l’aire, p. 57-58).

Phinée est aveugle. Il fut condamné à la cécité par Poséidon car il avait indiqué à Phrixos le chemin pour aller en Colchide, le lieu où se trouve la toison d’or. Pour ajouter à son tourment, Poséidon lui envoya les Harpies.

Les Harpies sont des créatures ailées qui volaient la nourriture de Phinée et l’imprégnaient d’une terrible odeur qui rendait impossible le fait d’être mangée. Elles étaient trois : Aello (“bourrasque“), Ocypète (“vole vite“) et Podarge (“vole vite“).

Harpie. Monstrorum historia d’Ulisse Androvandi, 1642, p. 337

Phinée accept d’indiquer à Jason l’endroit où se trouve la toison d’or, si celui-ci le débarasse des Harpies.

Finalement, libéré des Harpyes, Phinée révéla aux Argonautes comment se préparer au voyage, et il les mit en garde contre les roches Symplégades, qu’ils rencontreraient sur la mer. Ces deux énormes rochers, mus par la violence du vent, se heurtaient l’un l’autre, interdisant la route de la mer. Ils étaient toujours enveloppés de brume et d’un fracas épouvantable, et pas même les oiseaux ne parvenaient à les franchir. Phinée conseilla aux Argonautes de faire voler une colombe au milieu des rochers ; s’ils la voyaient saine et sauve, alors eux aussi pouvaient se risquer à passer. Mais si elle échouait, il était préférable d’éviter toute tentative. Sachant cela, les Argonautes reprirent la mer. Et quand ils furent proches des Symplégades, de la proue ils libérèrent une colombe, et elle réussit à voler jusque de l’autre côté, laissant uniquement, quand les deux rochers se refermèrent, l’extrémité de sa queue. Alors les Argonautes attendirent que les Symplégades s’ouvrent à nouveau, puis, en ramant de toutes leurs forces (avec l’aide d’Héra), ils franchirent le défilé : seule l’extrémité de l’aplustre fut coupée. Depuis lors, les Symplégades sont immobiles : c’était en effet le destin que, si un navire réussissait à les franchir, ces rochers demeureraient immobiles pour toujours.” (Apollodore, La bibliothèque, Editions de l’aire, p. 58-59).

Jason et les Argonautes doivent franchir deux rochers, les Symplégades, qui s’entrechoquaient avec une grande violence et empêchaient les marins de les franchir. Pour traverser le détroit, ils vont utiliser une colombe.

Howard Davie – Les héros de Charles Kingsley ou les contes de fées grecs.

Les Argonautes repartirent. Ayant franchi le Thermodon et le Caucase, ils atteignirent le fleuve Phase, en Colchide. Ils amarrèrent le navire, puis Jason se rendit auprès du roi Éétès, pour lui rapporter ce dont Pélias l’avait chargé, et pour lui demander la Toison. Éétès promit de la lui donner, mais à une condition : Jason devrait atteler à une charrue deux taureaux aux sabots d’airain. Les deux animaux, propriété d’Éétès, étaient un don d’Héphaïstos : énormes, sauvages, aux sabots de bronze, crachant du feu par la bouche. Jason devait atteler ces taureaux, puis semer des dents de dragon. Athéna en avait donné une moitié à Éétès et l’autre moitié à Cadmos pour qu’il les sème à Thèbes. Jason ne savait vraiment pas comment faire pour atteler les deux taureaux.

Mais Médée, la magicienne, la fille d’Éétès et de l’Océanide Idaea, tomba amoureuse de lui, et, craignant que Jason ne soit tué par les taureaux, elle décida de l’aider et de les atteler, en cachette de son père.

Et elle lui dit qu’elle s’arrangerait pour qu’il obtienne la Toison d’or, à condition qu’il promette de l’épouser et de l’emmener en Grèce avec lui. Jason jura, et Médée lui donna un baume magique, avec lequel il devrait enduire son épée, sa lance, mais aussi son propre corps, avant d’affronter les taureaux : durant un jour entier ce baume le rendrait invulnérable au fer et au feu. Puis elle lui révéla que, tandis qu’il sèmerait les dents du dragon, de la terre surgiraient des hommes, tous armés contre lui. Quand Jason les verrait regroupés, de loin, il devait jeter des pierres au milieu d’eux : alors les hommes commenceraient à combattre les uns contre les autres, et le jeune homme parviendrait à les tuer. À ces paroles, Jason s’enduisit avec l’onguent magique ; il se rendit dans le bois sacré du temple, il trouva les taureaux et, en dépit du fleuve de feu avec lequel ils l’assaillirent, il réussit à les atteler. Puis il sema les dents du dragon, et, de la terre, surgirent des hommes en armes ; quand il les vit tous assemblés, sans se faire voir il leur jeta des pierres : ils commencèrent à se battre les uns contre les autres, Jason s’approcha et les tua.” (Apollodore, La bibliothèque, Editions de l’aire, p. 59).

Arrivé aurpès du roi Eétès, il doit affronter deux taureaux enragés pour obtenir la toison d’or. Les deux taureaux représentent le symbole de l’ère précédente qui est sacrifié. Les dents du dragon, c’est le symbole du Scorpion que nous avons vu dans l’article précédent. Le mythe de la toison d’or est remarquable, car il montre la succession des ères astrologiques avec ses symboles.

Bien que Jason eût réussi à atteler les taureaux, le roi Éétès refusa de lui donner la Toison d’or ; davantage : il complota de brûler le navire Argo et de tuer tout l’équipage. Mais avant qu’il ne pût mettre son plan à exécution, Médée, de nuit, se rendit auprès de Jason ; elle le mena à la Toison d’or, et, grâce à ses philtres magiques, elle endormit le dragon qui montait la garde. Ainsi put-il s’emparer de la Toison ; ensuite il monta sur le navire. Apsyrtos, le frère de Médée, les accompagna également. Et durant la nuit, ils mirent à la voile.” (Apollodore, La bibliothèque, Editions de l’aire, p. 59-60).

Une fois les taureaux vainqu ou plutôt sacrifié, Jason peut s’emparer de la toison d’or avec l’aide de Médée. L’ère du Bélier succède à l’ère du Taureau.

Ils traversèrent ensuite les îles des Sirènes, et ce fut Orphée qui contint les Argonautes, en entonnant un chant plus beau encore que celui des Sirènes. Seul Butès se jeta dans la mer pour les rejoindre, mais Aphrodite l’enleva et le mena au cap Lilybée, où il s’établit.” (Apollodore, La bibliothèque, Editions de l’aire, p. 61).

Sur le chemin du retour, Jason rencontre les Sirènes. Les Sirènes sont des chimères, mi-femmes, mi-oiseaux à ne pas confondre avec les Sirènes du monde médiéval, qui sont un mélange de femmes et de poissons. Elles se situaient en Sicile dans le golf de Messine et séduisaient les hommes par leurs chants, forçant les marins à fracasser leurs bateaux sur les rochers. Ulysse doit également affronter les terribles Sirènes.

Ulysse et les Sirènes. Détail d’un stamnos attique à figures rouges du Peintre de la Sirène (vase éponyme), vers 480-470 av. J.-C. Provenance : Vulci.

Après les Sirènes, le navire rencontra Charybde et Scylla, et les roches Planctes, sur lesquels s’élevaient des flammes infinies et des colonnes de fumée. Héra appela Thétis et les Néréides pour qu’elles apportent leur aide au navire, et ainsi il put passer sans difficulté.” (Apollodore, La bibliothèque, Editions de l’aire, p. 61-62).

Après les Sirènes, c’est le tour d’un autre mythe de l’Antiquité, que doit affronter Jason et ses compagnons : Charybde et Scylla. Ce sont deux rochers qui crachaient des flammes et de la fumées. Ils se trouvent également à Messine en Sicile.

Le mythe survit de nos jours, à travers l’expression “tomber de Charybde en Scylla” qui veut dire “aller de mal en pis“.

Entre-temps, Pélias, qui n’aurait jamais imaginé que les Argonautes reviendraient, avait comploté pour tuer Éson ; mais ce dernier lui avait demandé de pouvoir au moins se donner la mort seul : après avoir accompli un sacrifice, il but tranquillement du sang de taureau, et il mourut. La mère de Jason également maudit Pélias, puis elle se pendit, laissant un enfant encore dans des langes, Promachos. Et Pélias tua également le petit abandonné. Jason arriva et lui remit la Toison d’or ; puis il attendit le moment opportun pour se venger de tout ce qu’il avait subi. Un jour, il navigua avec ses nobles compagnons en direction de l’Isthme, et il consacra le navire à Poséidon. Puis il demanda à Médée d’imaginer un moyen de faire payer ses fautes à Pélias. Médée se rendit alors au palais de Pélias, et elle persuada ses filles de découper leur père en morceaux, puis de le faire bouillir, en promettant qu’avec ses philtres il redeviendrait jeune ; et elle en fournit aussi une preuve éclatante : ayant découpé un bélier, elle le fit bouillir et redevenir agneau. À présent convaincues, les jeunes filles démembrèrent leur père, et le mirent à bouillir. Acaste l’ensevelit, en présence des citoyens de Iolcos, puis il bannit Jason et Médée de la cité.” (Apollodore, La bibliothèque, Editions de l’aire, p. 63-64).

Une fois de retour, Jason remet la toison au roi Pélias.

Pensant qu’il ne reviendrait pas, Pélias avait fait tuer le père de Jason dans un rituel qui faisait intervenir un taureau.

Jason apportant à Pélias la Toison d’or. Face A d’un cratère en calice apulien à figures rouges.

La mère de Jason, pour se venger de Pélias, lui fit croire qu’elle pouvait lui rendre la jeunesse. Ce rituel faisait intervenir un bélier qui est sacrifié, avant de revenir à la vie.

Là encore, nous avons la succession des ères astrologiques. Sacrifice du Taureau pour permettre l’avènement du Bélier. Le taureau meurt, alors que le Bélier revient à la vie.

C. Le mythe de la Toison d’or au-delà de l’ère du Bélier.

Le mythe de la Toison d’or a survécu au-delà de l’ère du Bélier. Je pense à l’ordre de la toison d’or crée par le Duc de Bourgogne, Philippe le Bon, le 10 janvier 1430 à Bruges. Le premier chapitre eux lieu à Lille, l’année suivante en 1431 dans l’église Saint-Pierre (aujourd’hui détruite). Elle se trouvait sur l’emplacement de l’actuel Palais de Justice de Lille. Elle hébergeait la statue dite “Notre Dame de la Treille” dont je parlerai un jour dans une série d’articles sur la géographie sacrée. Il faudra un jour détruire cette verrue de verre et de métal (le palais de justice) pour reconstruire l’église Saint-Pierre et y réinstaller Notre Dame de la Treille.

Illustration de la Collégiale Saint-Pierre de Lille au XVIIIème Siècle.

Ensuite, les chapitres de l’ordre eurent lieu dans une ville du Duché de Bourgogne différente :

  • 1432 : église Saint-Donat de Bruges.
  • 1433 : Sainte-Chapelle de Dijon.
  • 1435 : collégiale Sainte-Gudule de Bruxelles.
  • 1436 : église Saint-Pierre de Lille.
  • 1440 abbatiale Saint-Bertin de Saint-Omer.
  • 1445 : collégiale Saint-Jean de Gand.
  • 1451 : collégiale Sainte-Waudru de Mons.
  • 1456 : grande église Saint-Jacques de La Haye.
  • 1461 : abbatiale Saint-Bertin de Saint-Omer.
  • 1468 : église Notre-Dame de Bruges.
  • 1473 : église Saint-Paul de Valenciennes.

Le siège de l’ordre se trouvait à Dijon et le Duc de Bourgogne était le Grand Maître. L’ordre était installé à l’intérieur de la Sainte-Chapelle de Dijon attenant au palais des ducs de Bourgogne.

La Sainte Chapelle de Dijon.

Elle fut détruite après la Révolution “française”. L’emplacement est d’ailleurs toujours vide et pourrait permettre une reconstruction moderne.

Place de la sainte-Chapelle de Dijon.

Outre le collier de l’ordre de la toison d’or, la Sainte-Chapelle de Dijon accueillais également la Sainte-Ostie où l’on pouvait voir le Christ assis sur un trône. Elle fut, elle aussi détruite à la Révolution dite française.

La Sainte Hostie envoyée en 1433, par le pape Eugène IV, à Philippe le Bon, duc de Bourgogne.
La Sainte hostie de Dijon dans le livre d’Heures Egerton, vers 1440, attribué à Barthélémy d’Eyck.

En 1477, avec la mort de Charles le Téméraire et le rattachement du Duché de Bourgogne à la France, le siège de l’ordre fut déplacé au palais du Coudenberg à Bruxelles. Il fut le siège principal du comté de Flandre durant la période des Pays-Bas bourguignon. Il fut hélas détruit entièrement par un incendie en 1731.

palais du Coudenberg à Bruxelles.

Maximilien d’Autriche, qui avait épousé Marie en devenait le Grand Maître de l’ordre.

Il y a le Duc de Bourgogne comme Grand Maître, entouré de vingt-quatre chevaliers sur le modèle de la scène d’ouverture de l’Apocalypse de saint-jean, elle-même inspiré de l’amphictyonie de Delphes. Lorsqu’une place devenait vacante, les membres élisaient un nouveau chevalier. Le nombre symbolique de vingt-quatre devait être maintenu quoiqu’il arrive.

Chaque chevalier devait toujours porter le collier de l’ordre de la toison d’or.

collier de la Toison d’Or.

Les Ducs de Bourgogne sur les tableaux qui les représentaient, portaient toujours le collier de la Toison d’Or.

Philippe le Bon portant le collier de la Toison d’Or.
Charles le Téméraire avec le collier de la Toison d’Or, par Rogier van der Weyden, vers 1462. Huile sur bois, Gemäldegalerie, Berlin.

Plus surprenants, les Rois de France sont représentés avec le collier de la Toison d’Or. Que ce soit Louis XV ou Louis XVI.

Louis XV et le collier de la Toison d’Or, par Maurice-Quentin de la Tour.
Louis XVI et le collier de la Toison d’Or, de Duplessis.

A Dijon, en 1990, sont inaugurés un parc d’attraction et un centre commercial qui portent le nom de “Toison d’or” sur le thème de l’épopée de Jason et des Argonautes afin de maintenir vivant le lien entre la Bourgogne et le vieux mythe grec. Le parc d’attraction fit faillite trois ans plus tard. Il faut aussi reconnaître que les attractions étaient nulles et n’avaient pas grand-chose à voir avec la mythologie grecque. En revanche, le centre commercial existe toujours et fonctionne très bien. Il maintien la tradition de l’ère du Bélier en Bourgogne avant une restauration bien réelle de l’ordre de la toison d’or à Dijon qui en faisait un des éléments centraux de l’Ancien régime, en Europe et en Occident. C’est le maintien, à travers les siècles du sacrifice du Bélier. Un sacrifice symbolique.

II : La Balance.

L’influence secondaire de l’ère du Bélier, c’est la Balance. En Grèce, elle prend la forme d’un sphinx (A) , d’un cerf (B) ou de la foudre et du tonnerre (C).

A. Le sphinx de Thèbes.

Dans la mythologie grecque, le sphinx est une chimère qui mélange un corps de lion, des ailes d’aigle et une tête de femme.

Statue de sphinx portant un pôlos. Marbre du Pentélique, vers 570-550 av. J.-C. Provenance : Spata en Attique. L’une des statues de Sphinx archaïques les plus anciennes connues, utilisée sur une stèle funéraire. Musée national archéologique d’Athènes, n° 28. H. 45 cm (17 ½ in.).

A Thèbes, un sphinx, terrorise la population.

Laïos fut enseveli par Damasistratos, le roi de Platées ; à Thèbes, Créon, fils de Ménécée, s’empara du trône. Pendant son règne, Thèbes fut frappée d’un grave fléau. La déesse Héra y envoya le Sphinx, fils d’Échidna et de Typhon ; il avait le visage d’une femme, la poitrine, les pattes et la queue d’un lion, et les ailes d’un oiseau. Les Muses lui avaient appris une énigme. Installé sur le mont Phicium, il posait cette énigme aux Thébains. Il disait : ” Quel être est pourvu d’une seule voix, qui a d’abord quatre jambes, puis deux jambes, et trois jambes ensuite ? “ Les Thébains avaient reçu un oracle, selon lequel ils seraient délivrés du Sphinx, seulement lorsqu’ils auraient résolu cette énigme. Aussi souvent se réunissaient-ils pour en deviner la signification. Mais comme ils n’y parvenaient pas, le Sphinx se saisissait de l’un d’eux et le dévorait. Nombreux étaient ceux qui avaient ainsi péri, et le dernier en date, Hémon, le fils de Créon. Alors Créon proclama que celui qui réussirait à résoudre l’énigme du Sphinx obtiendrait le royaume et la veuve de Laïos comme épouse. Ayant entendu cela, Oedipe trouva la solution : il s’agissait de l’homme. De fait, lorsqu’il est enfant, il a quatre jambes, car il se déplace à quatre pattes ; adulte, il marche sur deux jambes ; quand il est vieux, il a trois jambes, lorsqu’il s’appuie sur son bâton. Le Sphinx se jeta du haut de son rocher. Oedipe obtint le règne et, sans le savoir, il épousa sa mère ; il eut deux fils, Étéocle et Polynice, et deux filles, Ismène et Antigone. Certains soutiennent qu’il eut ses enfants d’Euryganie, la fille d’Hyperphas.” (Apollodore, La bibliothèque, Editions de l’aire, p. 140-141).

Le Sphinx a été envoyé contre Thèbes par Héra, la femme de Zeus, afin de punir son roi.

Le Sphinx posait une énigme à ceux qu’elle croisait. En cas de mauvaise réponse, elle mangeait celui qui se trompait.

Sphinx enlevant un jeune homme, lécythe attique à figures rouges, vers 420 avant notre ère, Musée national archéologique d’Athènes (Inv. 1607).

L’énigme était “Quel être est pourvu d’une seule voix, qui a d’abord quatre jambes, puis deux jambes, et trois jambes ensuite ?

Oedipe va trouver la solution de l’énigme.

C’est l’homme.

D’abord quatre jambes. C’est l’enfant qui marche à quatre pattes.

Puis deux jambes. C’est l’adulte.

Enfin trois jambes. C’est le vieillard qui marche sur ses deux jambes, mais avec une canne (la troisième jambe).

Figurine de Sphinx de l’époque archaïque (fin du VIème siècle, début du Vème siècle) au musée archeologique de Mycènes.

L’histoire d’Oedipe et du Sphinx ne relève pas de l’influence secondaire de l’ère du Bélier, car le Sphinx est sacrifié à la fin de l’épisode. Il est probable que cela concerne l’ère de la Vierge qui sacrifia la Balance.

Le Sphinx représente la Balance, car il y a un jugement qui est prononcé à la fin de l’énigme. Si la personne donne la mauvaise réponse, elle meurt. Si elle donne la bonne réponse, elle vit. Le jugement de vie ou de mort des dieux, c’est un aspect important de la Balance.

B. Le cerf.

Une autre représentation de la Balance prend la forme du cerf en raison des deux cornes qui représentent les deux plateaux de la balance. Cette représentation est très présente dans la mythologie grecque. Il faut rappeler qu’à Sumer, la Balance est représenté par les deux pinces du scorpion. Le Grand Scorpion comporte trois signes astrologiques : le Sagittaire (la queue du scorpion), le Scorpion (le corps du scorpion) et la Balance (les deux pinces du scorpion).

Nous avons d’abord le troisième travail d’Héraclès qui comme précédement ne relève pas de l’influence secondaire de l’ère du Bélier, mais de l’ère de la Balance. Toutefois, je l’indique dans cette article a titre d’information sur la symbolique de la Balance.

Le troisième travail consista à rapporter vivante à Mycènes la biche de Cérynie, qui vivait alors à Onoé [en Argolide]. C’était une biche aux cornes d’or consacrée à Artémis. Comme il ne voulait ni la blesser et encore moins la tuer, Héraclès la pourchassa une année entière. Finalement, la biche, épuisée par la poursuite, se réfugia sur le mont Artémision ; c’est là, alors qu’elle s’apprêtait à franchir le lac Ladon, qu’Héraclès l’attrapa ; il la chargea sur ses épaules et gagna rapidement l’Arcadie. Mais Artémis et Apollon le rencontrèrent sur leur chemin. Artémis lui enleva la biche des épaules et l’accusa d’avoir voulu tuer un animal sacré. Héraclès se confondit en excuses, précisant que c’était nécessaire, en ajoutant qu’Eurysthée était le coupable. De cette façon, la colère de la déesse s’apaisa et le héros put porter la biche encore vivante à Mycènes.” (Apollodore, La bibliothèque, Editions de l’aire, p. 140-141).

La biche de Cérynie avait deux cornes d’or. Elle était consacrée à Artémis. Héraclès ne devait surtout pas la tuer. Il la captura vivante et l’emmena à Mycènes.

Héraclès et la biche de Cérynie, mosaïque de Liria (Espagne).
Héraclès et la capture de la biche de Cérynie, amphore attique à figures noires, v. 530520 av. J.-C.musée du Louvre

Nous retrouvons l’animal à Thèbes avec Athamas. Rappelez-vous Athamas joua un rôle avec le bélier à la toison d’or (alors vivante). Au côté de la toison d’or, se trouvait également un cerf. Léarchos était le fils que le roi Athamas eut avec Ino. Un jour Athamas atteint d’une crise de démence pris son fils pour un cerf et le tua.

Mais la déesse Héra, indignée, les frappa de folie. Athamas, prenant pour un cerf son fils aîné Léarchos, le pourchassa et le tua ; Ino jeta Mélicerte dans un chaudron d’eau bouillante puis, en tenant le cadavre de son enfant, elle se précipita dans les profondeurs de la mer. Elle fut dès lors appelée Leucothéa, et son enfant, Palémon. Ces noms leur ont été donnés par les marins qu’ils secourent lors des tempêtes. En l’honneur de Mélicerte, Sisyphe institua aussi les Jeux Isthmiques.” (Apollodore, La bibliothèque, Editions de l’aire, p. 133).

C. La foudre et le tonnerre.

Avant l’épisode du fils d’Athamas transformé en cerf, Zeus séduisit Sémélée en prenant la forme d’un char rempli de foudre et de tonnerre.

Zeus tomba amoureux de Sémélé ; il s’unit avec elle, en cachette d’Héra. Zeus accorda à la jeune fille de lui demander tout ce qu’elle voulait ; et Sémélé, à la suite d’un conseil trompeur d’Héra, lui demanda de se montrer à elle, au moment de faire l’amour, de la même manière qu’il se montrait à Héra. Zeus ne pouvait pas refuser : il s’approcha du lit de Sémélé sur son char, parmi les tonnerres et les éclairs, et il lança la foudre. Sémélé mourut de peur. Zeus retira des flammes le bébé de sept mois que la jeune fille portait en son ventre, encore prématuré, et il le cousit dans sa cuisse. Après la mort de Sémélé, les autres filles de Cadmos firent courir la rumeur que leur soeur s’était unie à un individu quelconque, et qu’elle avait menti en accusant Zeus ; c’est pourquoi elle avait été foudroyée. Le moment venu, Zeus défit les coutures de sa cuisse, mit au monde Dionysos, et le confia à Hermès. Celui-ci le mena à Ino et Athamas ; il les persuada de l’élever comme s’il s’agissait d’une petite fille.” (Apollodore, La bibliothèque, Editions de l’aire, p. 132-133).

La foudre et le tonnerre sont une autre manière de symboliser le signe astrologique de la Balance à travers le jugement des dieux. Zeus jette la foudre sur terre depuis l’Olympe pour montrer sa colère.

Sémélée frappée par la foudre de Zeus, Nicolas Bertin, XVIIe siècle.

L’épisode se poursuit après la mort du fils d’Athamas.

Zeus, pour soustraire Dionysos à la colère d’Héra, le métamorphosa en chevreau, et Hermès le porta aux Nymphes qui habitent Nysa, en Asie ; par la suite, Zeus les changea en étoiles, et les appela Hyades.” (Apollodore, La bibliothèque, Editions de l’aire, p. 133).

Le fils né de la relation entre Zeus et Sémélée va être transformé en chevreau pour échapper à la folie meurtrière du roi Athamas. Le chevreau, c’est le petit de la chèvre un animal proche du Bélier.

Nous avons présent comme symbole :

  • Le signe du Bélier : la toison d’or et le chevreau (influence principale).
  • Le signe de la Balance : le cerf, la foudre, le tonnerre (influence secondaire).

III : Le sacrifice du Taureau.

Le signe du Taureau doit être sacrifié pour permettre pleinement au Bélier d’agir. Le sacrifice intervient en Crète avec la mort du Minotaure (A), on le retrouve également à la fin du voyage de Jason et des Argonautes (B).

A. La mort du Minotaure.

Thésée affronte et tue le taureau de Marathon.

Thésée nettoya ainsi la route, et arriva enfin à Athènes. Médée, qui entre-temps avait épousé Égée, complota contre lui ; elle persuada son mari de se méfier de Thésée, en lui faisant croire qu’il tramait quelque chose à ses dépens. Ainsi Égée, sans savoir qu’il s’agissait de son fils, s’inquiéta-t-il, et il envoya Thésée tuer le taureau de Marathon.

Le jeune homme y alla et le tua, puis il revint à Athènes ; alors Égée lui offrit à boire une coupe contenant du poison, que Médée achevait de préparer. Thésée avait déjà approché la coupe de ses lèvres, et, dans le même temps, il tendait à son père, pour lui en faire cadeau, l’épée qu’il avait avec lui : aussitôt Égée reconnut que c’était son fils, et il renversa la coupe de ses mains. Quand Thésée sut qu’il était le fils d’Égée, et qu’il comprit les machinations de Médée, il la bannit de la cité.” (Apollodore, la bibliothèque, Editions de l’aire, p. 200).

Le taureau de Marathon, c’est le taureau qui fut offert par Poséidon à Minos en Crète. C’est le taureau de la mer. Je vous renvoie à la lecture de mon article sur l’ère du Taureau. Il erra à travers la Grèce avant de s’installer dans la plaine de Marathon.

Thésée fut ensuite chargé de tuer le Minotaure.

Thésée fut ensuite tiré au sort parmi les jeunes gens qui devaient faire partie du tribut à Minos (c’était la troisième fois) ; mais on dit aussi qu’il se porta volontaire. Le navire hissa des voiles noires, et Égée recommanda à son fils de hisser des voiles blanches, s’il revenait sain et sauf.

Quand Thésée arriva en Crète, Ariane, la fille de Minos, tomba amoureuse de lui, et elle lui promit qu’elle l’aiderait, si elle obtenait en retour la promesse qu’il la mènerait à Athènes en tant qu’épouse. Thésée en fit le serment, et Ariane obligea Dédale à lui révéler la sortie du labyrinthe.

Conseillée encore par Dédale, elle donna à Thésée un fil grâce auquel il pourrait sortir : Thésée l’attacha à la porte et, en le tirant derrière lui, il entra. Ayant débusqué le Minotaure précisément dans la partie la plus reculée du labyrinthe, il le tua à coups de poings puis, en rembobinant le fil, il rebroussa chemin et sortit. Dans la nuit, il arriva à Naxos avec Ariane et les jeunes gens qu’il avait sauvés. Mais là, Dionysos fut pris d’amour pour Ariane et l’enleva ; il l’amena à Lemnos et s’unit à elle. De leur union naquirent Thoas, Staphylos, Onopion et Péparéthos.” (Apollodore, la bibliothèque, Editions de l’aire, p. 200-2001).

Le Minotaure était enfermé dans un labyrinthe crée par l’architecte Dédale. Le labyrinthe était réputé comme étant impossible à résoudre. Une fois entrée à l’intérieur, on ne trouvait plus jamais la sortie.

Le labyrinthe avec Thésée et le Minotaure, Mosaïque, Thuburbo Majus, Tunis. Musée national du Bardo.

Thésée fut aidé dans sa tâche par Ariane, la fille de Minos, qui lui donna un fil pour le guider dans le labyrinthe. D’où l’expression “fil d’Ariane”.

Détail de la mosaïque de Thésée une villa romaine, Loigersfelder près de Salzbourg, Autriche.

Le Minotaure fut tué à coup-de-poing par Thésée. Il trouva ensuite la sortie grâce au fil d’Ariane qu’il suivit à contre-courant du lieu du combat jusqu’à la sortie (qui était également l’entrée… puisqu’il n’y en avait qu’une).

Thésée tuant le Minotaure. Cratère à figures noires. Vers 480 av. J.-C.
Thésée et le Minotaure, détail d’un stamnos attique à figures rouges par le Peintre d’Altamura, v. 460 av. J.-C.Staatliche Antikensammlungen de Munich.

B. Jason et le sacrifice du Taureau.

Après avoir récupérée la toison d’or, sur le chemin du retour, Jason et les argonautes vont devoir sacrifier un terrible taureau en Crète (lieu de prédilection de l’ère du Taureau).

Pendant la nuit, le navire fut assailli par une terrible tempête ; mais Apollon s’installa sur les rochers Mélantiens, et, en décochant des foudres sur la mer, il l’illumina : ainsi ils purent voir qu’il y avait une île non loin ; ils y abordèrent et l’appelèrent Anaphé, parce qu’elle était apparue (anaphanènai) à l’improviste, contre toute espérance. Puis ils élevèrent un autel à Apollon Lumineux, et préparèrent un festin pour le sacrifice. Douze esclaves, qui avaient été offertes à Médée par Arété, au cours du festin dansèrent et se moquèrent de leurs maîtres : c’est pour cette raison qu’encore aujourd’hui il est d’usage que les femmes sortent des plaisanteries amusantes pendant le sacrifice.

Ayant repris le voyage, les Argonautes atteignirent la Crète ; mais la présence de Talos les empêcha de pénétrer dans le port. Ce Talos, aux dires de certains, appartenait encore à la race de Bronze ; d’autres disent toutefois qu’il avait été offert à Minos par Héphaïstos. C’était un homme tout en bronze, même si certains soutiennent que c’était un taureau. Il avait une veine unique, qui parcourait son corps depuis la nuque jusqu’aux chevilles, et, à l’extrémité de cette veine, il y avait un clou en bronze qui la fermait. Talos, en tant que sentinelle, faisait chaque jour trois fois le tour de l’île : ayant aperçu le navire Argo qui s’approchait de la côte, il commença à le prendre pour cible avec de grosses pierres. Mais Talos aussi fut embobiné par Médée, et il mourut. Certains disent qu’avec ses drogues Médée le rendit fou ; d’autres au contraire que cela se passa de cette façon : Médée lui promit l’immortalité, et, tout au contraire, elle lui enleva le clou qui fermait sa veine, de façon que tout son ichor s’échappa, et Talos mourut. Suivant une autre version, il mourut parce que Poéas lui décocha une flèche dans le talon.

Après une halte d’une nuit, les Argonautes parvinrent à Égine pour y puiser de l’eau, et ils firent une course pour savoir qui la portait le plus vite. De là, ils passèrent à travers le bras de mer, entre l’Eubée et la Locride, et ils atteignirent finalement Iolcos, après avoir navigué en tout quatre mois.” (Apollodore, La bibliothèque, Editions de l’aire, p. 62-63).

L’île de Crète était alors gardée par un taureau de bronze. Son corps était parcouru par une unique veine qui faisait circuler son sang de la nuque aux chevilles. L’extrémité de cette veine était bouchée par un clou. Médée, la petite copine de Jason, enleva le clou et fit mourir le taureau de cette manière.

Après l’instauration de l’ère du Bélier avec la conquête de la toison d’or, le taureau est sacrifié en Crète. Nous retrouvons la succession traditionnelle à l’intérieur de l’ère.

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