V-13 : Léopold roi des belges et le déclin de l’Empire ottoman (1830).

Par grand fureur le Roy Romain Belgique
Vexer voudra par phalange barbare :
Fureur grinssent, chassera gent Lybique
Depuis Pannons jusques Hercules la hare.

 Léopold Ier et sa famille.

Léopold Ier deviendra roi des Belges (« le Roy Romain Belgique ») après avoir refusé le trône grec (« Depuis Pannons »). L’indépendance de la Grèce en 1833 mettra en colère (« Par grand fureur ») l’empire Ottoman (« chassera gent Lybique, Depuis Pannons jusques Hercules la hare »). Il s’engagera dans une campagne militaire pour construire un empire colonial (« Vexer voudra par phalange barbare »).

Article Wikipédia “Léopold Ier” :

Léopold Ier de Belgique (en néerlandais, Leopold I van België), prince de Saxe-Cobourg et Gotha, duc en Saxe, né prince Léopold Georges Christian Frédéric de Saxe-Cobourg-Saalfeld à Cobourg (en Saxe-Cobourg-Saalfeld) le 16 décembre 1790 et mort le 10 décembre 1865 au palais de Laeken (en Belgique), est un prince allemand de la maison de Saxe-Cobourg et Gotha devenu le premier roi des Belges.
Né dans la famille dirigeant le petit duché allemand de Saxe-Cobourg-Saalfeld, du duc souverain François de Saxe-Cobourg-Saalfeld et de sa seconde épouse la princesse Augusta Reuss d’Ebersdorf, Léopold fit partie de l’armée impériale russe et combattit Napoléon Ier après que les troupes françaises eurent envahi Saxe-Cobourg au cours des guerres napoléoniennes. Après la défaite de Napoléon, il s’installe au Royaume-Uni où il épouse la princesse Charlotte de Galles, l’enfant unique du Prince régent, devenant ainsi le possible futur prince consort de Grande-Bretagne. Charlotte meurt en 1817 mais Léopold continue à bénéficier d’un important statut en Angleterre.
Après la guerre d’indépendance grecque (1821-1832), Léopold se voit offrir le trône de Grèce qu’il refuse, craignant que la situation ne soit trop instable. En revanche, le Congrès du nouveau royaume de Belgique le choisit en raison de ses relations diplomatiques avec les maisons royales d’Europe ; il est élu premier souverain belge le 4 juin 1831 et accepte. Il prête le serment constitutionnel le 21 juillet 1831, date qui devient celle de la fête nationale belge.
Son règne fut marqué par les tentatives néerlandaises de récupérer la Belgique puis par les tensions politiques internes entre libéraux et catholiques. Léopold fut considéré comme libéral et encouragea la modernisation de l’économie, en jouant un important rôle d’encouragement à la création de la première ligne de chemin de fer belge et à l’industrialisation qui en suivit. Il parvint à étendre les pouvoirs de la monarchie à leur maximum. Il meurt en 1865, laissant pour successeur son fils Léopold II.

Prince souverain de Grèce.

À la suite de la révolution grecque, le Royaume-Uni, la Russie et la France sont à la recherche d’un monarque européen à installer sur le trône hellène. Le Protocole de Londres stipule que le futur souverain ne peut pas être choisi parmi les familles régnant à Paris, à Londres et à Saint-Pétersbourg.

Réception de la couronne de Grèce.

Léopold n’exerce aucune charge officielle dans son pays d’adoption et n’est pas considéré comme un membre à part entière de la maison de Hanovre. Il jouit d’une réputation sans faille, renforcée par son passé de général dans l’armée russe et ses liens avec de nombreuses cours européennes. En Grèce même, son nom n’est pas inconnu et il est régulièrement évoqué dans les cercles anglophiles. Cependant, Léopold est depuis longtemps en froid avec son beau-père, qui ne lui a pas pardonné d’avoir pris parti pour son ex-femme, la princesse Caroline de Brunswick, dans la querelle qui les opposait. Le prince peine donc à trouver des soutiens au sein du gouvernement britannique, qui n’accepte sa candidature que du bout des lèvres et qui lui demande, en contrepartie, d’abandonner toutes ses possessions anglaises.
Après avoir reçu l’accord du duc de Wellington et de son cabinet, le prince Léopold accepte l’offre qui lui est faite le 11 février 1830. Soucieux de s’assurer la meilleure position possible en Grèce, il ajoute toutefois une série de conditions à son acceptation de la charge royale. Il demande ainsi aux puissances de protéger le pays hellène contre toute agression extérieure et exige que cette mesure soit étendue à Samos et à la Crète, dont les populations ont largement participé à la guerre d’indépendance. Le prince demande également que la frontière gréco-ottomane soit légèrement modifiée en faveur de la Grèce dans la vallée de l’Aspropotamo et que les puissances offrent à son pays une aide financière et militaire conséquente en attendant que l’État y soit pleinement réorganisé.
Des échanges épistolaires se produisent et les représentants des puissances acceptent la plupart des garanties demandées. Ils assurent ainsi le prince du désir de leurs gouvernements de protéger les chrétiens des îles comme ceux de Grèce. Ils promettent également à Léopold l’octroi d’un emprunt suffisant pour lui permettre de réorganiser l’armée hellène et proposent de maintenir en Grèce les troupes françaises de l’armée de Morée aussi longtemps que le prince l’estimerait nécessaire. Mais ils insistent, en revanche, sur l’impossibilité de revenir sur le tracé de la frontière entre la Grèce et la Porte.
Une fois ces explications apportées, les puissances sont convaincues d’être venues à bout des réticences de Léopold. Le 20 février 1830, elles signent donc un nouveau protocole international qui attribue au gendre de Georges IV le titre de « prince souverain de Grèce ». Quelques jours plus tard, le 28 février, Léopold accepte officiellement la couronne.

Les exigences de la Grèce et la renonciation.

Léopold ayant accepté de monter sur le trône de Grèce, il en informe immédiatement le comte Kapodístrias, qu’il connaît depuis les guerres napoléoniennes et avec lequel il a repris contact en 1825 dans le but de s’assurer de son soutien. Dans sa lettre, le prince prie le gouverneur de bien vouloir lui assurer assistance et conseils mais la réponse qu’il reçoit (et qui est datée du 6 avril) n’est pas pour le rassurer. Cherchant peut-être à effrayer et à décourager le candidat Léopold, Kapodístrias insiste sur le mécontentement qu’a provoqué en Grèce la délimitation de la frontière avec l’Empire ottoman et fait entrevoir au prince l’obligation qu’il aurait de faire ratifier par l’Assemblée nationale ce nouveau tracé. L’homme politique insiste par ailleurs sur le désir des Grecs de voir leur nouveau souverain embrasser la foi orthodoxe, ce qui est loin d’enchanter Léopold.
Quelques jours plus tard, le 22 avril 1830, le Sénat grec rédige un Mémoire adressé à Léopold dans lequel il salue l’élection du prince mais lui présente également les revendications du peuple hellène. Dans ce document, l’Assemblée insiste à son tour lourdement sur l’injustice du tracé frontalier voulu par les grandes puissances, sur l’appartenance de Samos, de la Crète et de Psara à la nation grecque, sur la question des finances du pays et sur celle de la religion royale.
De son côté, à Londres, le prince Léopold pèse de tout son poids pour soutenir les revendications grecques. Il obtient ainsi de faire passer le prêt octroyé par les puissances à la nation hellène de douze à soixante millions de francs. Mais il échoue en revanche à faire modifier le cours de la frontière avec l’Empire ottoman et ne parvient pas à faire entrer la Crète dans le royaume. Dans ces conditions, considérant que sa position vis-à-vis de la population grecque est trop précaire, Léopold fait savoir aux représentants des puissances, le 21 mai, qu’il choisit d’abandonner la charge qui lui a été confiée et renonce à la couronne hellène.
Prenant acte de la renonciation du prince Léopold, les puissances décident de se mettre à la recherche d’un autre candidat pour le trône de Grèce. Les représentants de la France et de la Russie demandent alors au Sénat hellène de donner son avis sur une éventuelle candidature. Celui-ci se contente cependant d’exprimer « sa pleine confiance dans l’équité et la sagesse des Alliés dont il attend la décision finale comme un décret de la Providence ». Pourtant, l’éclatement, en France, de la révolution de juillet 1830 diminue bientôt l’intérêt des grandes puissances pour le sort de la nation hellénique.

Roi des Belges.

En Belgique, le Congrès national a proclamé l’indépendance, le 4 octobre 183028, lors de la révolution belge contre les Pays-Bas. Celle-ci est reconnue internationalement le 20 décembre 1830.
Le Congrès élit d’abord roi des Belges Louis d’Orléans (1814-1896), duc de Nemours, deuxième fils de Louis-Philippe Ier (ce dernier vient d’être élu roi des Français par le Parlement). L’Angleterre s’oppose à ce qu’un prince français régne à Bruxelles et Louis-Philippe refuse le titre au nom de son fils de peur de déclencher une guerre européenne dans laquelle la France serait isolée.

Le Congrès belge qui le connaît pour son passé militaire (il s’est battu contre Napoléon), propose alors à Léopold de devenir roi des Belges. Le 4 juin 1831, Léopold est élu par 153 voix sur 196 votants. Il accepte à la condition que soient réglées les frontières et les dettes de la Belgique. Il obtient de la conférence de Londres le traité des XVIII articles, accepté par le congrès le 9 juillet 1831. Roi officiellement depuis le 26 juin 1831, c’est le 21 juillet suivant qu’il prête serment sur les marches de l’église Saint-Jacques-sur-Coudenberg de Bruxelles.

Léopold et les Affaires étrangères.

Léopold entend jouer un rôle central dans la diplomatie européenne voire mondiale. Il entretient une intense correspondance avec les souverains d’Europe, notamment avec sa nièce la Reine Victoria et effectue des visites en Angleterre et en France. Ses interventions sont dictées par trois impératifs : veiller aux intérêts de la Belgique mais aussi à ceux du Royaume-Uni, encourager la paix en Europe et maintenir l’ordre conservateur.
Il œuvre plus particulièrement à apaiser les tensions entre le Royaume-Uni et la France à l’occasion de la question d’Orient en 1840. Il reste neutre pendant les événements français de février 1848.
Il mène également une intense politique matrimoniale et sait se servir de ses relations familiales pour protéger le jeune royaume de Belgique face aux ambitions françaises, notamment des menaces d’annexion sous le règne de Napoléon III. Il arrange le mariage de ses neveux et nièces :
– en 1836 Ferdinand épouse la reine Marie II de Portugal ;
– en 1840 Albert épouse sa cousine la reine Victoria du Royaume-Uni ; il allie également la famille de Saxe-Cobourg avec sa belle-famille d’Orléans ;
– en 1843 Auguste épouse Clémentine d’Orléans, sœur de la reine Louise-Marie et devient le beau-frère de son oncle ;
– en 1846 Léopold, son neveu, frère d’Auguste et de Ferdinand, manque d’épouser la reine Isabelle II d’Espagne ;
– en 1853 et 1857 ses enfants Léopold et Charlotte s’allient à la plus prestigieuse des Maisons, les Habsbourg-Lorraine, anciens souverains de la Belgique et du Saint-Empire. Charlotte sera impératrice du Mexique aux côtés de l’empereur Maximilien. Celui-ci sera fusillé par les Mexicains après l’échec de l’intervention militaire française, belge, espagnole et anglaise et Charlotte finira ses jours retraitée dans le château de Bouchout, près de Bruxelles.
Cependant, la reine Victoria, dont la famille est alliée à la famille royale belge, continuera cette politique matrimoniale, méritant à la génération suivante le qualificatif de « Grand-mère de l’Europe ».
Vers la fin de son règne, le rôle qu’il joue dans la diplomatie belge diminue au profit du gouvernement. Ainsi, en 1859, il ne parvient pas à convaincre son cabinet d’envoyer une brigade belge soutenir les Anglais et les Français en expédition en Chine. De même, il ne prend que faiblement part aux négociations relatives au rachat du péage de l’Escaut qui aboutissent en 1863.

Expéditions lointaines et tentative d’expansion coloniale.

Lorsque Léopold Ier prête le serment constitutionnel, la Belgique ne dispose d’aucune possession coloniale et ne peut prétendre à aucun partage des colonies néerlandaises. Or, le nouvel État cherche à développer son industrie et son commerce, ce qui nécessite d’établir des rapports commerciaux avec les pays d’outre-mer.
La Compagnie belge de colonisation est fondée en 1841 sous le patronage du roi afin d’installer des colonies de peuplement en Amérique centrale. Elle achète une concession à Santo Tomás de Castilla, le long du golfe du Honduras. En raison notamment du manque de contingent venu de métropole et du taux de décès important des colons, l’expérience s’avère être un échec et le Guatemala finit par retirer ses droits à la compagnie en 1855.
En 1859, le Royaume-Uni et la France ont envoyés des corps expéditionnaires en Chine à destination de Pékin. Sous l’impulsion de son fils, fasciné par l’Extrême-Orient, le roi cherche à embarquer la Belgique dans cette expédition, par l’envoi de volontaires, afin que le royaume bénéficie des mêmes retombées que ses deux voisins. Le souverain prend contact avec l’empereur des Français qui tombe d’accord sur le principe. Le gouvernement refuse toutefois d’utiliser d’importants crédits pour s’immiscer dans un conflit auquel la Belgique n’est pas partie.
À la fin du règne de Léopold Ier, la Belgique n’a toujours pas de colonie. Son fils et successeur s’investira lui aussi dans l’expansion du royaume, avec plus de résultat.

Expédition du Mexique.

Le 27 juillet 1857, Charlotte, seule fille de Léopold et Louise, épouse à Bruxelles Maximilien de Habsbourg-Lorraine, jeune frère de l’empereur François-Joseph Ier d’Autriche. Contrairement au mariage du jeune Léopold avec Marie-Henriette quatre ans plus tôt, qui a été organisé par le roi en vue de renforcer la dynastie belge, c’est Charlotte qui a choisi son conjoint — son père aurait préféré Pierre de Portugal51. Quelques semaines plus tard, le 6 septembre 1857, Maximilien est nommé vice-roi du Royaume lombardo-vénitien. Lors de la guerre austro-sarde de 1859, le roi des Belges donne des conseils à l’empereur inexpérimenté, ce qui n’empêche pas l’Autriche de perdre la Lombardie.

De l’autre côté de l’Atlantique, le président du Mexique, le libéral Benito Juárez, suspend le 17 juillet 1861 le payement de la dette extérieure du pays, ce qui affecte le Royaume-Uni, l’Espagne et la France. L’empereur des Français Napoléon III use de ce prétexte pour intervenir au Mexique : il caresse l’ambition de créer en Amérique un empire catholique contrebalançant les États-Unis53, lesquels sont en pleine guerre de Sécession. Il propose la couronne du Mexique à Maximilien afin de compenser diplomatiquement l’engagement français en Italie et de resserrer l’alliance franco-autrichienne. Après avoir tergiversé une année, Maximilien l’accepte et entre, le 12 juin 1864, dans Mexico, accompagné de son épouse, et ce, malgré l’opposition armée des républicains mexicains.
Léopold, qui entend soutenir sa fille et qui caresse des espoirs d’expansion coloniale encourage l’envoi d’une légion belge, composée de volontaires. Cette légion, composée de 4000 hommes, fut durement battue par les républicains lors de la bataille de Tacambaro, le 11 avril 1865, mais remporta la victoire de la Loma le 16 juillet 1865 sous les ordres du colonel, plus tard général Alfred van der Smissen.
En avril 1865, la guerre de Sécession dans laquelle Léopold penche clairement en faveur du Sud54 prend fin aux États-Unis. Cette issue permet au gouvernement américain d’apporter son soutien aux troupes du gouvernement républicain menées par Benito Juárez53. Léopold meurt en décembre 1865 sans connaître le sort réservé à sa fille.
L’ampleur de la résistance mexicaine et l’appui des États-Unis à celle-ci obligent Napoléon III à ordonner le 15 janvier 1866 l’abandon de Mexico, Puebla et Veracruz, ce qui entraîne également le départ de la plupart des Belges. Charlotte quitte le Mexique le 9 juillet 1866 afin de réclamer, en vain, de l’aide auprès des cours européennes. L’empereur Maximilien, qui a refusé d’abdiquer, est fait prisonnier à Santiago de Querétaro, il est exécuté le 19 juin 186753. Charlotte sombre dans la folie.

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