II-66 : les cent-jours (1815).

Par grans dangiers le captif echapé :
Peu de temps grand la fortune changée.
Dans le palais le peuple est atrapé
Par bon augure la cité est assiegée.

 Napoléon (« le captif »), échappé de l’île d’Elbe, en passant au travers de la croisière anglaise qui l’y gardait à vue (« par grands dangiers »), rétablira sa fortune en revenant au pouvoir (« grand ») pour une courte période de cent jours (« peu de temps »).

Le peuple soutiendra son retour au palais des Tuileries (« dans le palais »), mais sera trahis (« le peuple est attrapé ») par le changement de fortune après la défaite de Waterloo qui sera de bon augure pour le pays (« bon augure »). Paris (« la cité ») sera de nouveau occupé par de nombreux soldats étrangers (« est assiegée »).

Article Wikipédia “Les Cents jours” :

Les Cent-Jours sont la période de l’histoire de France comprise entre le retour en France de l’empereur Napoléon Ier, le 1er mars 1815, et la dissolution de la Commission Napoléon II, chargée du pouvoir exécutif après la seconde abdication de Napoléon Ier, le 7 juillet 1815. Du 1er au 20 mars 1815, la reconquête du pouvoir par Napoléon est rythmée par son débarquement à Golfe Juan et sa marche de plus en plus triomphale vers Paris. Cette période est surnommée « le vol de l’Aigle » par l’historiographie favorable à l’empereur. Du 20 mars au 22 juin 1815, c’est le second règne impérial de Napoléon Ier. Cette période voit le rétablissement du contrôle de l’administration et de l’armée par Napoléon, la modification de la Constitution avec l’Acte additionnel, et la reprise de la guerre contre les Alliés qui s’achève par la défaite française à Waterloo (Septième Coalition), et l’abdication de l’empereur. Du 22 juin au 7 juillet 1815, la Commission de gouvernement, établie à la suite de la seconde abdication, maintient l’existence des pouvoirs exécutifs pendant deux semaines, puis laisse remonter sur le trône Louis XVIII, alors réfugié à Gand, après l’occupation de Paris par les armées britanniques et prussiennes.

À l’origine l’expression « Les Cent-Jours » ne désignait pas la durée du retour impérial mais celle de l’absence du roi Louis XVIII de Paris. On doit son invention au préfet de la Seine, Chabrol de Volvic, qui accueillit Louis XVIII à son retour en ces termes: « Sire, cent jours se sont écoulés depuis le moment fatal où Votre Majesté, forcée de s’arracher aux affections les plus chères, quitta sa capitale au milieu des larmes et des lamentations publiques1. ». La chose n’était d’ailleurs pas vraiment exacte puisque, entre le départ du roi le 20 mars et son retour le 8 juillet, il s’était écoulé cent dix jours. Dès 1819, dans ses Mémoires sur les Cent jours, Benjamin Constant appliquait déjà l’expression au retour de Napoléon. Chateaubriand en fit de même.

Le retour de l’empereur.

La condamnation à l’exil.

En février et mars 1814, l’empereur Napoléon défend les territoires français, contre toute l’Europe coalisée. En dépit de victoires parfois brillantes de l’armée impériale, les Alliés finissent par arriver devant Paris tandis que Napoléon veut les arrêter à Saint-Dizier. Mais, arrivé trop tard en Île-de-France, il doit se replier à Fontainebleau.
Après sa défaite militaire, les maréchaux forcent l’empereur à abdiquer et il est déchu par le Sénat dès le 3 avril. L’intention de Napoléon était d’abandonner la couronne impériale à son fils (Napoléon II), mais les puissances alliées exigent une abdication inconditionnelle, signée le 6 avril 1814. Les Coalisés l’exilent alors sur l’île d’Elbe.
Le 20 avril ont lieu les « Adieux de Fontainebleau ». Napoléon embarque à Saint-Raphaël et, arrivant à Portoferraio le 3 mai, y débarque le 4. Ce même jour, Louis XVIII fait son entrée à Paris.

Le voyage de retour.

Les clauses du traité de Fontainebleau ne sont pas respectées, la rente n’est pas payée ; Napoléon apprend en outre qu’au congrès de Vienne, il est question de l’exiler aux Açores ou sur l’île Sainte-Hélène. D’autre part, Cipriani, un de ses proches, envoyé en Autriche fin 1814, lui apprend la trahison et l’infidélité de son épouse Marie-Louise.
Le 1er mars, le débarquement, prévu à Saint-Raphaël, se fait à Vallauris. C’est en plein jour, au vu et au su de tous, que l’opération se déroule, devant les douaniers surpris. Un premier bivouac est installé sur le rivage de ce qui est désormais Golfe-Juan.
Napoléon a prévenu le général Cambronne, qui commande l’avant-garde, de ne tirer aucun coup de fusil. La surprise et la rapidité sont les moyens essentiels de la réussite de cette opération. À la nuit, Napoléon arrive à Cannes par les dunes. Le 2 mars, 64 km sont effectués jusqu’à Séranon où la troupe bivouaque dans la neige à plus de 1 000 mètres. Le 3 mars, dès l’aube elle se met en marche pour atteindre Castellane. Napoléon est accueilli à la sous-préfecture. Le 4 mars, par le col de Corobin, la troupe descend à Digne-les-Bains où elle retrouve la route qui court le long de la Bléone. Pendant que la petite armée bivouaque dans les jardins du château de Malijai, au confluent de la Bléone et de la Durance, Cambronne est parti en avant pour Sisteron.
Au petit matin du 5 mars, Napoléon se met en route par L’Escale et Volonne sur la rive gauche de la Durance, puis pénètre à Sisteron par la porte du Dauphiné.

Le ralliement du 5e d’infanterie de ligne à l’Empereur, le 7 mars 1815.
Le 6 mars, la troupe quitte Gap. Le 7 mars, jour le plus long, l’armée se met en route pour Grenoble. Cambronne marche avec quelques heures d’avance avec une compagnie de grenadiers et quelques estafettes polonaises. Il a ouvert la route en empêchant des soldats royalistes venus de Grenoble pour faire sauter le Pont-Haut, à l’entrée de La Mure, d’accomplir leur mission. Le général Marchand qui commande à Grenoble est décidé à arrêter Napoléon et à l’enfermer au fort Barraux. Il a envoyé le bataillon du commandant Lessard qui a pris position à Laffrey, défilé étroit entre la colline et le lac. C’est là que se déroule à la « Prairie de la Rencontre », ainsi nommée par Stendhal, la scène où Napoléon ouvrant sa redingote s’avance devant les soldats royalistes et leur crie : « Soldats du 5e ! Reconnaissez votre empereur ! S’il en est qui veut me tuer, me voilà ! ». Les soldats du 5e d’infanterie de ligne se rallient.
La rampe de Laffrey descend sur Vizille où Napoléon passe devant le château de Lesdiguières. Il monte ensuite sur le plateau de Brié-et-Angonnes où il rencontre au hameau de Tavernolles le 7e régiment d’infanterie de ligne commandé par La Bédoyère venu à sa rencontre et qui se rallie également à Napoléon. L’empereur redescend vers Eybens où une longue ligne droite mène à Grenoble et à la porte de Bonne que le général Marchand tient close. Au bout de quelques heures, la population parvient à l’enfoncer; à la nuit tombée, Napoléon entre place Grenette acclamé par la foule. Deux jours passés dans la ville de Grenoble ont permis à l’empereur de recevoir les autorités, d’édicter les premiers décrets et d’envoyer, via Turin, un courrier à Marie-Louise, lui donnant rendez-vous à Paris.

Le 9 mars, dans l’après-midi, la colonne quitte Grenoble par la porte de France. Après un arrêt à Voreppe, nouvelle halte à Moirans, la troupe se remet en route et arrive à Bourgoin-Jallieu à trois heures, ville que Napoléon quitte finalement à quinze. Le 10 mars, c’est l’entrée triomphale dans Lyon, alors deuxième ville du Royaume. Le comte d’Artois, frère de Louis XVIII et futur Charles X, aidé du maréchal Macdonald, souhaite organiser la résistance. ll fait barricader le pont de La Guillotière, mais il ne dispose pas de munition, alors que l’ex-Empereur a pu se procurer des armes à Grenoble. A l’approche de l’Aigle, Artois envoie des troupes à sa rencontre mais elles sympathisent avec l’ennemi, contraignant Artois à fuir. Le 11 mars à Lyon, Napoléon passe en revue des troupes. Il envoie un nouveau courrier à Marie-Louise le 12 mars, et promulgue 11 décrets.
Le 13 mars, Napoléon quitte Lyon à 13 h pour Villefranche-sur-Saône où il est reçu à 15 h par 60 000 personnes assemblées. Il est à Mâcon le soir. Le préfet Auguste-Jean Germain de Montforton s’est enfui la veille, après avoir publié un libelle injurieux. La Garde l’a[pas clair] rejoint par coche sur la Saône.
Le 15 mars, départ de Chalon-sur-Saône, il prend la route de la Bourgogne, passe par Autun. Dans la nuit, le baron Passinges, un officier d’ordonnance du maréchal Ney qui est à Lons-le-Saunier, vient lui annoncer le ralliement de ce dernier.
Le 16 mars, départ d’Autun, pour se diriger vers Avallon par Chissey-en-Morvan. Le 17 mars, Napoléon quitte Avallon, pour se rendre à Auxerre, où il loge à la préfecture auprès du préfet Gamot, beau-frère du maréchal Ney. Le 18 mars, l’empereur et le maréchal se rencontrent. La défection du maréchal Ney fait forte impression dans la capitale. La Garde, arrivée à Chaumont, aux ordres du maréchal Oudinot, rejoint Napoléon. À Auxerre, Napoléon écrit à Marie-Louise sa troisième lettre depuis son départ de l’île d’Elbe.
Le 19 mars, Napoléon a organisé la dernière étape qui le conduit à Paris. D’Auxerre à Sens par Joigny, pendant que l’empereur galope, l’armée abandonne le roi. À Sens, le maire, François de Laurencin, vient se présenter. L’empereur, qui redoute une révolution sanglante dans la capitale, lui dit : « Les avant-postes sont aux mains. Il n’y a pas un moment à perdre pour empêcher le sang de couler, et ma présence seule peut tout rallier ».
Cette nuit-là, Louis XVIII part pour Beauvais. Le duc de Berry et le maréchal Marmont, qui commande alors la maison du Roi, forment l’escorte. Tous les ministres partent dans la nuit. Le maréchal Macdonald fait passer l’ordre aux troupes du roi de se replier vers Saint-Denis pour se rendre à Beauvais. À la nuit, Napoléon et sa suite arrivent à Pont-sur-Yonne.
Arrivé à Fossard, l’empereur trouve les hommes du 13e dragons de l’armée du duc de Berry. Les officiers sont partis tandis que les simples dragons préfèrent rallier l’armée de l’empereur. Dans la nuit, en route pour Melun où il croit trouver l’armée du duc de Berry, voyant les troupes échelonnées sans officiers, Napoléon décide de rentrer à Fontainebleau et bifurque par Moret-sur-Loing. Napoléon, toujours inquiet, croyant Louis XVIII à Paris, redoute un soulèvement populaire. Arrivé à Fontainebleau, la ville dort mais le château est illuminé.
Le 20 mars, le général Haxo qui pense rejoindre Louis XVIII, trouve les Tuileries quasiment désertes. À 7 h, Lavalette a pris la direction de la Poste et prévient les maîtres de postes que l’empereur sera là avant deux heures et donne l’ordre de ne plus fournir de chevaux sans autorisation. Lavalette interrompt la publication du Moniteur universel. Aux Tuileries, le ministre des Finances laisse 50 millions dans les coffres. L’empereur est en route pour Paris.
À Paris à 2 h 20, le drapeau tricolore flotte aux Tuileries, sur le dôme de l’Horloge aux Invalides à 2 h 30. À 2 h 45, au lycée Louis-le-Grand, Sadi Carnot par la fenêtre voit le drapeau hissé au sommet de la colonne Vendôme. Napoléon entre dans la capitale : à neuf heures du soir il est dans la cour du château des Tuileries et il constitue aussitôt son gouvernement. La « révolution du 20 mars » s’appuie plus sur un ralliement militaire qu’un soutien populaire, si bien que certains historiens comme Thierry Lentz considèrent que cette reprise du pouvoir avec initialement 900 hommes est un Coup d’État militaire.

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