I-58 : succession de Louis XVI (1793-1870).

I-58
Marie-Antoinette en 1787, par Élisabeth Vigée-Le Brun.

La branche aînée des Bourbon sera interrompue par la mort de Marie-Antoinette (« le ventre tranchée »). En effet, si le roi est le représentant de Dieu sur terre, la Reine permet la continuation du principe monarchique en donnant naissance aux futurs souverains. La Reine donnera naissance à deux enfants encore en vie à sa mort, en 1793. Louis XVII et Madame royale. Ce sont les « deux testes ». Aucune ne régnera.

Quatre bras reprendront le flambeau royal durant une période très courte (« quelques ans entier vivra »). C’est Louis XVIII et Charles X, entre 1814 et 1830, à raison de deux bras par souverain. Le rétablissement temporaire de la monarchie ne sera possible qu’après la chute de l’Empire dont le symbole est l’aigle (« alquiloye »). La défaite de Napoléon sera annoncée par la conquête (« jour qui alquiloye célébrera ses festes ») du Piémont (« Fossen, Turin ») et des Etats pontificaux (« Ferrare »).

L’aigle, c’est Napoléon Ier. Le Piémont a été rattaché à la France le 11 septembre 1802 alors que les Etats pontificaux l’ont été le 17 mai 1809. Ce n’est qu’en 1814 que Louis XVIII reviendra sur le trône.

Article Wikipédia Marie-Antoinette.

Marie-Antoinette est exécutée (“Trenché le ventre“) le même jour à midi et quart. Le matin du 16 octobre, Marie-Antoinette est menée, mains entravées et sur une charrette – alors que Louis XVI avait eu droit à un carrosse –, de la Conciergerie, jusqu’à la place de la Révolution (ancienne place Louis-XV, actuelle place de la Concorde). D’après certains historiens, elle subit avec dignité les sarcasmes et les insultes lancés par la foule massée sur son passage (elle mettra une heure pour traverser la place et monter à l’échafaud). Le peintre et révolutionnaire Jacques-Louis David, observant le cortège depuis la rue Saint-Honoré, en dessine un croquis resté légendaire. Selon ces mêmes historiens, c’est avec courage qu’elle monte à l’échafaud. En marchant sur le pied du bourreau Sanson, elle lui aurait demandé pardon. Ce seront ses dernières paroles.

Selon une légende, ses cheveux auraient entièrement blanchi (phénomène connu sous le nom de « syndrome de Marie-Antoinette ») les jours suivant son retour de Varennes.

Le jour de son exécution, la reine aurait trébuché et perdu un escarpin, récupéré par un fidèle et conservé actuellement au musée des beaux-arts de Caen. Cette chaussure a fait l’objet d’une exposition en 1989.

Article Wikipédia Louis XVI.

Le , le dauphin Louis Auguste épouse l’archiduchesse Marie-Antoinette d’Autriche, fille cadette de François de Lorraine, grand-duc de Toscane et empereur souverain du Saint-Empire romain germanique et de son épouse Marie-Thérèse, archiduchesse d’Autriche, duchesse de Milan, reine de Bohême et de Hongrie. Cette union est la concrétisation d’une alliance visant à améliorer les relations entre la Maison de Bourbon (France, Espagne, Parme, Naples et Sicile) et la Maison de Habsbourg-Lorraine (Autriche, Bohême, Hongrie, Toscane). Les époux bien qu’étant alors âgés de 14 et 15 ans ne consommeront réellement leur mariage que sept ans plus tard. De leur union, quatre enfants naissent, mais ils n’auront pas de descendance :

Marie-Thérèse de France (), dite « Madame Royale » (“naistra avec deux testes“), qui épouse en 1799 son cousin germain le duc d’Angoulême (1775-1844) ;

Louis Joseph Xavier François de France ( – 4 juin 1789), premier dauphin ;

Louis Charles de France (), duc de Normandie, second dauphin et futur Louis XVII, surnommé « l’Enfant du Temple » pendant sa captivité (“naistra avec deux testes“);

Sophie-Béatrice de France ().

Article Wikipédia Louis XVIII.

Louis XVIII — né à Versailles le sous le nom de Louis Stanislas Xavier de France, et par ailleurs comte de Provence (1755-1795) — est roi de France et de Navarre de 1814 à 1815 et de 1815 à sa mort, le , à Paris.

Il est le frère cadet de Louis XVI. Exilé sous la Révolution française et le Premier Empire, il adopte en tant que prétendant au trône le nom de jure de Louis XVIII (“naistra avec deux testes“), l’ordre dynastique incluant son neveu Louis XVII mort en prison sans avoir jamais ni été sacré, ni régné. Surnommé « le Désiré » par les royalistes, il revient en France lors de la Restauration qui suit la chute de Napoléon. Il est renversé durant les Cent-Jours, puis revient à nouveau au pouvoir après la bataille de Waterloo.

Il meurt sans descendance et est inhumé à la basilique Saint-Denis. Il est le dernier monarque français à recevoir ce privilège, et également le dernier mort sur le trône, les deux suivants ayant été renversés. Son frère puiné, le comte d’Artois, benjamin de Louis XVI, cinquième fils du dauphin Louis, et chef des ultras, lui succède sous le nom de Charles X.

Article Wikipédia Charles X.

Charles X (château de Versailles, – Görz, empire d’Autriche, ), surtout connu sous le titre de comte d’Artois (1757-1824), est roi de France et de Navarre de 1824 à 1830 (“naistra avec deux testes“).

Dernier petit-fils de Louis XV et de Marie Leszczynska, succédant à ses deux frères, Louis XVI et Louis XVIII, il est le roi de France le plus âgé, à son avènement (66 ans) comme à son décès (79 ans). Attaché aux conceptions et aux valeurs de l’Ancien Régime sans être pour autant réactionnaire comme on l’a souvent dit, il tenta d’incarner la continuité de l’État et de la monarchie après le violent passage révolutionnaire, tout en acceptant en majorité les valeurs de son temps. Très pieux et attaché aux concepts sociaux du christianisme, il semble que Charles X attachait une certaine importance à la condition sociale de ses peuples. Populaire chez les paysans de la province, qui avaient mal vécu la Première République (insurrections royalistes), Charles était au contraire moqué par les Parisiens (souvent d’anciens sans-culottes républicains, robespierristes ou babouvistes) ; déjà perceptible sous l’Ancien régime, la rupture entre la capitale et la Monarchie est définitivement consommée.

Renouant avec la tradition du sacre en 1825, il est renversé en 1830 par une nouvelle révolution parisienne qui l’oblige à abdiquer en faveur de son fils, Louis XIX (qui abdiquera lui aussi vingt minutes plus tard au profit d’Henri d’Artois) et à s’exiler. Ayant signé son abdication (geste inconcevable selon les lois traditionnelles de la Monarchie), il confie la régence à son cousin, le duc d’Orléans, fils de Philippe Égalité. Louis-Philippe profite de la situation pour évincer le petit duc de Bordeaux et se faire reconnaître « roi des Français » en seulement dix jours.

Charles X est le dernier Bourbon (de la branche aînée) à avoir été sacré roi de France.

Article Wikipédia Louis XVII.

Louis-Charles de France (Versailles, – Paris, ), second fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, duc de Normandie, dauphin de France à partir de 1789, puis prince royal de 1791 à 1792. Après la mort de son père, en 1793, et suivant l’ordre dynastique, il est reconnu comme titulaire de la couronne de France sous le nom de Louis XVII (“Et quatre bras : quelques ans entier vivra“) par les puissances coalisées et par son oncle, futur Louis XVIII. Il meurt à la prison du Temple en 1795, à l’âge de dix ans, sans avoir régné dans les faits.

Article Wikipédia Charles Ferdinand d’Artois.

Charles-Ferdinand d’Artois, duc de Berry, né à Versailles le et mort assassiné à Paris le , est un membre de la maison de Bourbon. Il est le fils de Charles-Philippe de France, comte d’Artois (futur « Charles X »), et de Marie-Thérèse de Savoie (“Et quatre bras : quelques ans entier vivra“).

Apparenté aux « ultras », ces royalistes prônant le retour à l’Ancien Régime et à ses valeurs traditionnelles, il est poignardé à sa sortie de l’Opéra de la rue de Richelieu le dimanche gras , vers onze heures du soir, par l’ouvrier Louvel, qui veut éteindre en lui la race des Bourbons. C’est un échec puisque naît, quelques mois plus tard le comte de Chambord, « l’enfant du miracle », suivant l’expression d’Alphonse de Lamartine. Le duc a la force d’arracher la lame puis tombe en syncope.

Transporté dans une des salles du théâtre, le prince mortellement blessé expire le lendemain à six heures du matin. Au cours de cette longue agonie, le prince révèle que son épouse, Marie-Caroline de Bourbon-Sicile est enceinte. Il demande que son assassin soit gracié et regrette de mourir de la main d’un Français.

Conséquence du deuil royal, le préfet de police Jules Anglès promulgue le jour même une ordonnance interdisant les réjouissances du Carnaval prévues dans les rues de Paris les 14 et 15 février (lundi et mardi gras). La bourse, les bals, les spectacles et tous les lieux publics sont fermés. Par la suite, l’opéra de la rue de Richelieu est rasé sur ordre de Louis XVIII, afin de faire disparaître le lieu du drame. À son emplacement se trouve aujourd’hui un square qui fait face à l’entrée principale du bâtiment de la Bibliothèque nationale rue de Richelieu.

Charles-Ferdinand d’Artois est inhumé dans la basilique Saint-Denis, ses entrailles sont conservées à Lille, dans un monument funéraire érigé dans l’église Saint-Maurice et son cœur dans la chapelle du château de Rosny.

Après sa mort, un monument expiatoire fut bâti place Louvois (actuel square Louvois), à l’emplacement de l’opéra de la rue de Richelieu. Ce bâtiment contenait un monument funéraire en l’honneur du prince. Après la destruction du monument expiatoire en 1830, le monument funéraire fut ramené en dépôt à Saint-Denis près de la dépouille du prince, dans un débarras occupant l’actuelle crypte-chapelle des Bourbon durant plus d’un siècle. À la suite de la restauration de la crypte, il fut remonté derrière le chevet de la basilique en 1976, près de la sacristie du XIXe siècle.

Le monument funéraire du prince est l’œuvre des sculpteurs Dupaty, Cortot et Cartelier et devait à l’origine trôner dans le monument expiatoire de la place Louvois. Mais ce monument a été finalement détruit après la révolution de 1830.

Le monument funéraire du prince n’avait pas été conçu pour figurer dans la crypte des Bourbons et il était impossible de remonter l’ensemble dans les souterrains de la basilique. Mais il était possible de le remonter dans celle-ci, par exemple, dans les premières travées de l’église, près des porches d’entrée, suffisamment hautes pour l’accueillir.

Article Wikipédia Louis de France.

Louis-Antoine d’Artois, né le à Versailles, France, et mort à Görz, Autriche — actuellement Nova Gorica (Slovénie) — le , duc d’Angoulême (1775-1824), devenu Louis-Antoine de France, dauphin de France (1824-1830), puis Louis de France est un prince de la maison royale de France, fils de Charles-Philippe de France, ce dernier étant comte d’Artois et le futur roi Charles X, et de Marie-Thérèse de Savoie.

Lors des événements de la révolution de Juillet (1830), moins d’une heure après l’abdication de son père Charles X, il abdique lui-même en faveur de son neveu Henri (futur comte de Chambord). Il s’exile ensuite avec le titre de courtoisie de « comte de Marnes ». À la mort de son père (1836) jusqu’à son propre décès (1844), il devient l’aîné des Capétiens et le « chef de la maison de France », prétendant à la couronne de France et reconnu comme roi par les légitimistes sous le nom de « Louis XIX » (“Et quatre bras : quelques ans entier vivra“).

Parmi les distinctions militaires qui lui ont été données, le duc d’Angoulême était notamment colonel général des cuirassiers et dragons, grand-amiral de France et généralissime de l’armée d’Espagne.

Article Wikipédia Henri d’Artois.

Le prince Henri d’Artois, duc de Bordeaux, plus connu sous son titre de comte de Chambord, né le au palais des Tuileries à Paris, et mort le au château de Frohsdorf à Lanzenkirchen. Petit-fils du roi Charles X, il est prétendant à la Couronne de France de 1844 à sa mort (“Et quatre bras : quelques ans entier vivra“).

Le nom d’Henri d’Artois, qui est celui qui figure sur son acte de naissance, n’était pas son nom d’usage et n’a été utilisé ni par lui, ni par les Français. Sous la Restauration, il portait le titre de duc de Bordeaux, que lui donna Louis XVIII en hommage à la première ville qui se rallia aux Bourbons en 1814. De 1830 à sa mort, il prit le titre de « comte de Chambord », du nom du château qui lui avait été offert par une souscription nationale. Ses partisans le considérèrent comme le roi « Henri V ».

Il est le dernier descendant légitime en ligne masculine de Louis XV et de Marie Leszczyńska. Sa mort sans enfants en 1883 marque l’extinction de la branche Artois de la maison de Bourbon et le début d’une querelle (toujours d’actualité) entre les maisons de Bourbon d’Espagne et d’Orléans pour savoir laquelle a le plus de légitimité à la Couronne de France.

Article Wikipédia Napoléon Ier.

Napoléon Ier, né le à Ajaccio et mort le sur l’île Sainte-Hélène, est le premier empereur des Français, du au et du au . Second enfant de Charles Bonaparte et Letitia Ramolino, Napoléon Bonaparte est un militaire, général dans les armées de la Première République française, née de la Révolution, commandant en chef de l’armée d’Italie puis de l’armée d’Orient. Il parvient au pouvoir en 1799 par le coup d’État du 18 brumaire et est Premier consul jusqu’au , puis consul à vie jusqu’au , date à laquelle il est proclamé empereur par un sénatus-consulte suivi d’un plébiscite. Enfin, il est sacré empereur en la cathédrale Notre-Dame de Paris le par le pape Pie VII (“Jour qui Alquilloye celebrera ses festes“).

En tant que général en chef et chef d’État, Napoléon tente de briser les coalitions montées et financées par le royaume de Grande-Bretagne et qui rassemblent depuis 1792 les monarchies européennes contre la France et son régime né de la Révolution. Il conduit pour cela les armées françaises d’Italie (“Foussan, Turin, chief Ferrare suyvra“) au Nil et d’Autriche à la Prusse et à la Pologne : ses nombreuses et brillantes victoires (Arcole, Rivoli, Pyramides, Marengo, Austerlitz, Iéna, Friedland), dans des campagnes militaires rapides, disloquent les quatre premières coalitions. Les paix successives, qui mettent un terme à chacune de ces coalitions, renforcent la France et donnent à son chef, Napoléon, un degré de puissance jusqu’alors rarement égalé en Europe lors de la paix de Tilsit (1807).

Il réorganise et réforme durablement l’État et la société. Il porte le territoire français à son extension maximale avec 134 départements en 1812, transformant Rome, Hambourg, Barcelone ou Amsterdam en chefs-lieux de départements français. Il est aussi président de la République italienne de 1802 à 1805, puis roi d’Italie de 1805 à 1814 (“Foussan, Turin, chief Ferrare suyvra“), mais également médiateur de la Confédération suisse de 1803 à 1813 et protecteur de la Confédération du Rhin de 1806 à 1813. Ses victoires lui permettent d’annexer à la France de vastes territoires et de gouverner la majeure partie de l’Europe continentale en plaçant les membres de sa famille sur les trônes de plusieurs royaumes : Joseph sur celui de Naples puis d’Espagne, Louis sur celui de Hollande, Jérôme sur celui de Westphalie et son beau-frère Joachim Murat à Naples. Il crée également un duché de Varsovie, sans oser restaurer formellement l’indépendance polonaise, et soumet temporairement à son influence des puissances vaincues telles que le Royaume de Prusse et l’Empire d’Autriche.

Objet, dès son vivant, d’une légende dorée comme d’une légende noire, il doit sa très grande notoriété à son habileté militaire, récompensée par de très nombreuses victoires, et à sa trajectoire politique étonnante, mais aussi à son régime despotique et très centralisé ainsi qu’à son ambition qui se traduit par des guerres d’agression très meurtrières (au Portugal, en Espagne et en Russie) avec des centaines de milliers de morts et blessés, militaires et civils pour l’ensemble de l’Europe. Il tente également de renforcer le régime colonial français d’Ancien Régime en outre-mer, en particulier avec le rétablissement de l’esclavage en 1802, ce qui provoque la guerre de Saint-Domingue (1802-1803) et la perte définitive de cette colonie, tandis que les Britanniques s’assurent le contrôle de toutes les autres colonies entre 1803 et 1810. Cet ennemi britannique toujours invaincu s’obstinant à financer des coalitions de plus en plus générales, les Alliés finissent par remporter des succès décisifs en Espagne (bataille de Vitoria) et en Allemagne (bataille de Leipzig) en 1813. L’intransigeance de Napoléon devant ces sanglants revers lui fait perdre le soutien de pans entiers de la nation française, tandis que ses anciens alliés ou vassaux se retournent contre lui. Amené à abdiquer en 1814 après la prise de Paris, capitale de l’Empire français, et à se retirer à l’île d’Elbe, il tente de reprendre le pouvoir en France lors de l’épisode des Cent-Jours en 1815. Capable de reconquérir son Empire sans coup férir, il amène pourtant la France dans une impasse devant sa mise au ban de l’Europe, avec la lourde défaite de Waterloo qui met fin à l’Empire napoléonien et assure la restauration de la dynastie des Bourbons. Sa mort en exil, à Sainte-Hélène, sous la garde des Anglais, fait l’objet de nombreuses controverses.

Une tradition romantique fait de Napoléon l’archétype du grand homme appelé à bouleverser le monde. C’est ainsi que le comte de Las Cases, auteur du Mémorial de Sainte-Hélène, tente de présenter Napoléon au Parlement britannique dans une pétition rédigée en 1818. Élie Faure, dans son ouvrage Napoléon, qui a inspiré Abel Gance, le compare à un « prophète des temps modernes ». D’autres auteurs, tel Victor Hugo, font du vaincu de Sainte-Hélène le « Prométhée moderne ». L’ombre de « Napoléon le Grand » plane sur de nombreux ouvrages de Balzac, Stendhal, Musset, mais aussi de Dostoïevski, de Tolstoï et de bien d’autres encore. Par ailleurs, un courant politique français émerge au XIXe siècle, le bonapartisme, se revendiquant de l’action et du mode de gouvernement de Napoléon.

Il épouse, le , Joséphine de Beauharnais, amie et ancienne maîtresse de Barras.

Ce mariage lui permet d’obtenir, le , sa promotion de général en chef de la petite armée d’Italie, appelée en principe à ouvrir un simple front de diversion. Officier d’artillerie de formation, il innove vers cette époque dans l’utilisation de l’artillerie (canon de Gribeauval) comme force mobile d’appui des attaques d’infanterie. Il sait motiver ses hommes et fait, sur le terrain qu’il avait reconnu en 1793-94, une campagne d’exception qui reste étudiée dans toutes les Écoles de guerre. En un peu plus d’un an, il bat cinq armées autrichiennes, fréquemment à un contre deux, et décide seul du sort de la guerre, les armées françaises du Rhin étant battues par les Autrichiens qui doivent affaiblir leurs troupes sur ce front pour envoyer des renforts en Italie.

Il bat séparément quatre généraux piémontais (“Foussan, Turin“) et autrichiens (dont Colli, von Beaulieu et Argenteau à Millesimo, Montenotte), après s’être emparé du Massif de l’Authion avec Masséna, là où les généraux Gaspard Jean-Baptiste Brunet et Jean-Mathieu-Philibert Sérurier avaient échoué, à la baisse de Turini-Camp d’argent, et signe l’armistice de Cherasco avec le premier royaume.

Dans une deuxième phase, il bat une nouvelle armée autrichienne envoyée en renfort et commandée par Sebottendorf à Lodi et Beaulieu à Borghetto, ce qui lui assure la conquête de Milan.

Dans une troisième phase organisée autour du siège de Mantoue, il bat deux nouvelles armées autrichiennes commandées par Quasdanovich et Wurmser dans sept batailles, dont Castiglione, Roveredo. Enfin, les renforts commandés par Alvinczy sont à nouveau battus au pont d’Arcole et à Rivoli.

Tout en organisant l’Italie en Républiques sœurs sur le modèle de la République française, il marche sur l’Autriche et signe seul les préliminaires de paix de Leoben. La rue de Paris qu’il habitait s’appelait rue Chantereine. Elle fut rebaptisée rue de la Victoire, nom qu’elle a conservé à ce jour.

Article Wikipédia Campagne d’Italie.

La guerre contre le pape.

La France avait annexé Avignon et le Comtat Venaissin. Le 19 février 1797, Napoléon Bonaparte avait contraint Pie VI à signer le traité de Tolentino (appelé aussi Paix de Tolentino) avec la France du Directoire, qui concède à la France les légations de Romagne, de Bologne et de Ferrare (“chief Ferrare suyvra“). À la nouvelle de la mort du général Duphot, le Directoire ordonne le 11 janvier 1798 l’occupation de Rome. Gaspard Monge part le 6 février pour Rome. La Révolution éclate dans la ville le 15 février. La « République romaine » est proclamée par le peuple réuni au Campo Vaccino (ancien forum).

Le pape Pie VI est contraint par la République française de renoncer à son pouvoir temporel et de se contenter de son pouvoir spirituel. On l’oblige à quitter Rome sous deux jours. Pie VI quitte le Vatican dans la nuit du 19 au 20 février 1798. Après le renvoi de Masséna, Gaspard Monge fait toutes les nominations (sauf les finances). Réfugié à Sienne puis à la chartreuse de Florence (en juin 1798), Pie VI est rattrapé par les troupes françaises et fait prisonnier. Il est successivement emmené à Bologne, Parme, Turin, puis Briançon, Grenoble et enfin Valence.

Article Wikipédia Napoélon III.

Charles Louis Napoléon Bonaparte, dit Louis-Napoléon Bonaparte puis Napoléon III, est né à Paris, le et mort à Chislehurst au Royaume-Uni, le . Il est le premier président de la République française, élu le au suffrage universel masculin, avant d’être proclamé empereur des Français le sous le nom de Napoléon III.

Troisième fils de Louis Bonaparte, roi de Hollande, et d’Hortense de Beauharnais, il naît prince français et prince de Hollande : neveu de l’empereur Napoléon Ier il est à la fois neveu et petit-fils de l’impératrice Joséphine (sa grand-mère maternelle). Exilé après la chute de l’Empire, conspirateur avec son frère aîné pour l’unité italienne, il devient héritier présomptif du trône impérial après les morts successives de son frère aîné Napoléon Louis en 1831, et du duc de Reichstadt (Napoléon II, roi de Rome) en 1832.

Ses premières tentatives de coup d’État, mal préparées (Boulogne, Strasbourg), échouent. Il est condamné à l’emprisonnement au fort de Ham. Mais il profite des suites de la Révolution française de 1848 pour se faire élire représentant du peuple puis président de la République. Son coup d’État du 2 décembre 1851 met fin à la Deuxième République, et lui permet l’année suivante de restaurer l’empire à son profit. Face à l’opposition des républicains, des libéraux de Thiers, de certains monarchistes et des catholiques (après l’unité Italienne), il donne à son pouvoir un caractère autoritaire qui s’atténue après 1859 pour laisser place, progressivement, à un « empire libéral ».

La philosophie politique qu’il met en place, et qu’il a présentée dans ses Idées napoléoniennes et dans L’Extinction du Paupérisme (1844), est une synthèse d’un bonapartisme mêlé à du romantisme, du libéralisme autoritaire, et du socialisme utopique. Le règne de cet admirateur de la modernité britannique est marqué par un développement industriel, économique et financier sensible, portée par une forte croissance mondiale qu’illustre la transformation de Paris sous l’autorité du préfet Haussmann.

Sa politique extérieure vise à restaurer la puissance française en Europe et dans le monde. Il rompt l’isolement diplomatique voulu au congrès de Vienne par trois puissances de la Sainte Alliance : son entente avec la Grande-Bretagne lors de la Guerre de Crimée contre la Russie, son soutien aux mouvements nationaux en particulier lors de l’unité italienne contre l’Empire d’Autriche, et ses diverses opérations outre-mer parfois en coalition avec la Grande-Bretagne permettent l’agrandissement du territoire (Nice, Savoie) ainsi qu’une expansion coloniale et commerciale. Elle provoque cependant l’hostilité de la Prusse et subit un échec au Mexique.

La fin de son régime est scellée à l’issue du piège de la Dépêche d’Ems et de la bataille de Sedan, le , lors de la guerre franco-prussienne. Le , la République est proclamée. Napoléon III part en exil en Angleterre, où il meurt en janvier 1873.

La vive hostilité de l’écrivain Victor Hugo à Napoléon III, exprimée dans sa littérature et ses correspondances, les multiples pamphlets et ouvrages critiques de divers auteurs (Henri Rochefort, Maurice Joly, etc.) et les articles d’une partie de la presse politique contemporaine (Le Siècle, L’Opinion nationale) participent à ce que de nombreux historiens qualifient de « légende noire » autour de Napoléon III et du Second Empire.

L’œuvre économique et sociale du Second Empire est mise en valeur par l’historiographie officielle dès le début du XXe siècle, mais la révision du jugement historique porté sur Napoléon III lui-même est plus lente. Après la Seconde Guerre mondiale, des travaux des historiens, notamment ceux effectués par Adrien Dansette et Louis Girard vont dans le sens d’une réhabilitation de Napoléon III, marquent une nette rupture historiographique dans la perception de celui qui est le dernier monarque français.

La politique italienne de l’empereur – en faveur de l’unification et au détriment de l’Autriche – permet à la France d’annexer, après un plébiscite, le comté de Nice et la Savoie (1860), l’empereur ayant pris le commandement de l’armée lors des batailles de Magenta et Solférino pendant la campagne d’Italie Au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, Napoléon III veut s’engager contre l’Autriche et mettre un terme à sa domination sur l’Italie, alors morcelée en divers duchés, principautés et royaumes, pour construire une Italie unie. Mais les militaires français refusent régulièrement une guerre ouverte, trop risquée. Par ailleurs, l’unification italienne pourrait menacer le pouvoir temporel du pape, tandis que les banquiers craignent les coûts et répercussions économiques possibles d’une telle aventure.

C’est l’attentat manqué d’Orsini qui convainc pourtant l’empereur de s’impliquer. Il contacte secrètement Camillo Cavour, président du conseil des ministres du royaume de Piémont-Sardaigne à qui il propose son aide pour la création d’un royaume de Haute-Italie, lors des accords de Plombières (juillet 1858), en échange du duché de Savoie et du comté de Nice ainsi que du maintien du pouvoir temporel du pape à Rome. Il n’est pas question pour l’empereur de faire l’unité de la péninsule mais plutôt d’aider les populations d’Italie du nord (Piémont, Sardaigne, Lombardie, Vénétie, Parme et Modène) à s’affranchir de la puissance autrichienne (“Turin“) tandis que le reste de la péninsule se partagerait entre un royaume d’Italie centrale (Toscane, Marches, Ombrie, Rome et Latium) et le royaume de Naples. Un traité d’alliance avec le Piémont-Sardaigne est signé en bonne et due forme le .

Avant toute intervention sur le sol italien, Napoléon III s’assure par prudence de la neutralité de la Russie et de la passivité britannique. Le , à la suite d’un ultimatum adressé au royaume de Piémont-Sardaigne quant au désarmement de ses troupes, l’Autriche lui déclare la guerre. La France, engagée par son alliance défensive avec le Piémont-Sardaigne, honore le traité et entre en campagne contre l’Autriche. Après les batailles de Montebello, de Palestro, de Magenta et de Solférino en mai et juin 1859, Napoléon III décide de suspendre les combats en raison des pertes françaises importantes. Il craint aussi que le conflit ne s’enlise alors que se mobilise la Prusse le . Après une rencontre au sommet entre les empereurs François-Joseph Ier d’Autriche et Napoléon III à Villafranca di Verona, l’Autriche accepte de céder la Lombardie mais obtient de garder la Vénétie. Le traité de paix est signé à Zurich le mais Cavour, insatisfait de l’armistice, active les foyers révolutionnaires italiens par l’entremise de Giuseppe Garibaldi. De juillet 1859 à avril 1860, des duchés italiens se rallient dans un mouvement unitaire, soutenu par l’opinion publique et le roi de Sardaigne, Victor-Emmanuel. L’expédition des Mille menée par Garibaldi, qui débute en mai 1860, permet l’annexion du royaume des Deux-Siciles. Le , le Royaume d’Italie est proclamé et Victor-Emmanuel devient roi d’Italie.

Pour Napoléon III, le bilan de cette politique italienne est mitigé. Ses succès militaires et la faiblesse de sa diplomatie ont renforcé à son égard l’hostilité de l’Autriche et de la Prusse alors que l’Italie, qui lui doit beaucoup, reste un État faible. En refusant de poursuivre la campagne victorieuse (mais coûteuse en hommes) de 1859, l’Empereur laisse Venise aux mains des Autrichiens et déçoit ses alliés sardes.

Il obtient néanmoins l’annexion du comté de Nice à la France ainsi que celui de la Savoie. Le Traité de Turin, en mars 1860 (“Turin“), entérine ce changement de souveraineté tout comme l’annexion au Piémont-Sardaigne des duchés de Toscane, de Parme et de Modène. La limite géographique des territoires cédés n’est cependant pas clairement fixée et l’exécution du traité est subordonnée à son approbation par les populations concernées. Ainsi, la population niçoise semble tout d’abord assez réticente à ce changement de souveraineté. Lors des élections législatives de mars 1860, les deux députés élus par les Niçois au parlement de Turin sont Giuseppe Garibaldi et Charles Laurenti Robaudi, tous deux farouchement opposés à l’annexion. Cependant, à l’appel du roi Victor-Emmanuel, la population finit par accepter son changement de souveraineté lors du plébiscite des 15 et où le « oui » remporte officiellement 83 % des inscrits dans l’ensemble du comté de Nice et 86 % dans la ville même de Nice. En Savoie, les mêmes réticences s’expriment. Certains veulent être indépendants et d’autres réclament leur réunion à la Suisse. Le résultat du plébiscite organisé dans les mêmes conditions qu’à Nice donne une victoire très large aux partisans de la réunion à la France. Le , la réunion de la Savoie à la France devient effectif sous la forme de deux départements : la Savoie et la Haute-Savoie. L’année suivante, ce sont Menton et Roquebrune, deux villes libres placées sous la protection de la Maison de Savoie et également consultées lors du plébiscite d’avril 1860, qui rejoignent le département français des Alpes-Maritimes après dédommagement du prince Charles III de Monaco.

La politique italienne de Napoléon III lui a cependant aussi aliéné les catholiques français ultramontains, car l’unité de l’Italie du Nord a mis les États pontificaux en péril (“chief Ferrare suyvra“). Cherchant à apaiser le mécontentement des milieux catholiques français, l’empereur initie en 1860 une intervention en Syrie après le massacre de populations chrétiennes et, jusqu’en 1870, empêche le nouveau royaume d’Italie de finaliser l’unité, en laissant des troupes à Rome pour protéger les derniers vestiges du pouvoir temporel du pape.