I-13 : La préparation du retour de l’île d’Elbe (1814).

Les exiles par ire, haine intestine,
Feront au roy grand conjuration :
Secret mettront ennemis par la mine,
Et ses vieux siens contre eux sedition.

Ceux qui auront été exilés politiquement (« Les exiles ») par la Révolution (« par ire, haine intestine »), feront (« Feront ») une grande conjuration (« grand conjuration ») au roi Louis XVIII (« au roy »).

Ses ennemis (« ennemis ») composés des anciens compagnons de l’Empereur, Murat, Ney, etc. (« Et ses vieux siens ») organiseront une machination secrète (« par la mine Secret (…) par la mine ») permettant un coup d’état contre le roi (« contre eux sedition »).

Article Wikipédia “Louis XVIII” :

Période d’exil.

Émigré.

Après avoir agité la cour de Louis XVI en facilitant la chute des ministres réformateurs Turgot, Necker, Calonne, puis bloqué les réformes proposées par Calonne en les déclarant inconstitutionnelles en tant que président de l’un des bureaux de l’Assemblée des notables de 1787, il réclame pour le tiers état le doublement du nombre de députés aux états généraux.
À la suite du départ de la cour de Versailles pour Paris après les journées des 5 et 6 octobre 1789, le comte de Provence est installé au Petit Luxembourg. Comme son frère aîné, il ne se sent plus assez libre et prépare un plan d’évasion (il en prépare deux car son épouse sortira de Paris par un autre moyen). Dans ses mémoires, il explique préalablement avoir corrigé la déclaration de Louis XVI qui explique son départ de Paris, mais à aucun moment, il ne dit avoir eu connaissance, avant le 19 juin, veille du départ, du plan précis de Louis XVI qui consistait à partir vers l’est afin de rejoindre la place forte de Montmédy et de reprendre militairement la main sur la Révolution.
Le 20 juin 1791, date du départ du roi Louis XVI et sa famille des Tuileries, le comte de Provence quitte également sa résidence surveillée. Déguisé et muni d’un passeport anglais, il rejoint ainsi les Pays-Bas autrichiens, via Avesnes et Maubeuge. Il se réfugie à Bruxelles puis Coblence, capitale de l’électorat de Trèves, dont un de ses oncles maternels est l’archevêque et le souverain. Il rencontre l’empereur Léopold II et lui inspire la déclaration de Pillnitz d’août 1791, qui galvanisa les Girondins. Il refuse de reconnaître l’autorité du roi et se voit déchu de ses droits de prince du sang par l’Assemblée législative en janvier 1792. Il tente de rentrer en France à la tête d’une armée de 14 000 hommes mais doit rebrousser chemin après la bataille de Valmy et se réfugie à Hamm, en Westphalie.
En janvier 1793, ayant appris l’exécution de son frère aîné, il se proclame « régent » pour le dauphin, lequel demeure prisonnier des révolutionnaires à Paris, et le proclame roi de France sous le nom de jure de Louis XVII. À la mort de l’enfant, le 8 juin 1795, il devient le dépositaire légitime de la couronne de France et prend le nom de Louis XVIII.
Après le coup d’État du 18 Brumaire et la mise en place du Consulat, Louis XVIII entre en négociations avec Napoléon Bonaparte en vue du rétablissement de la monarchie. Toutefois, après l’explosion de la machine infernale rue Saint-Nicaise le 24 décembre 1800 et la découverte de la culpabilité des royalistes, le Premier consul rompt définitivement toute négociation et adresse une réponse sans ambages au prétendant : « Vous ne devez pas souhaiter votre retour en France ; il vous faudrait marcher sur cent mille cadavres…

Les années 1804-1807.

Pendant l’année 1804, à la suite de plaintes de Napoléon, le roi de Prusse Frédéric-Guillaume se résout à se séparer d’hôtes aussi incommodes que compromettants ; Louis XVIII et tous les émigrés composant sa petite cour reçoivent l’ordre de quitter immédiatement le territoire prussien et s’établissent à Kalmar en Suède. Louis XVIII y invite les princes de sang dans le but de rappeler aux souverains européens ses prétentions sur le trône de France. Seul le comte d’Artois, son frère qu’il n’avait pas vu depuis près de douze ans, une certaine froideur ayant toujours existé entre eux, s’y rend, en septembre 1804. L’entrevue de Kalmar ne les rapproche pas ; ils se quittent après dix-sept jours de conférences, assez mécontents l’un de l’autre. Le futur Charles X reprend le chemin de Londres et Louis revient attendre à Riga la réponse du cabinet de Saint-Pétersbourg à propos d’un nouvel asile sur le sol russe. Le nouvel empereur, Alexandre Ier de Russie, qui succédait à son père le tsar Paul Ier, donne une suite favorable à sa demande et Louis s’installe à nouveau à Mittau (Lettonie actuelle) où une minuscule cour d’une centaine de derniers fidèles l’a suivi.
Une fois réinstallé dans sa demeure, Louis XVIII rédige son dernier manifeste public pendant son séjour à l’étranger. La proclamation qu’il avait envoyée à Pichegru, quelques semaines avant le 18 fructidor, ne contenait que des promesses de réforme à l’ancienne monarchie (Lois fondamentales du royaume de France). Il se décide, cette fois, à accepter nettement la Révolution et ses suites. Non seulement il admet l’amnistie entière pour tous les votes antérieurs à 1804, ainsi que l’engagement de conserver à chaque Français ses grades, ses emplois et ses pensions, il garantit en outre la liberté et l’égalité pour les personnes, le maintien de toutes les propriétés et la protection de tous les intérêts sans exception.
« Au sein de la mer Baltique, en face et sous la protection du ciel, fort de la présence de notre frère, de celle du duc d’Angoulême, notre neveu, de l’assentiment des autres princes de notre sang, qui tous partagent nos principes et sont pénétrés des mêmes sentiments qui nous animent, nous le jurons ! Jamais on ne nous verra rompre le nœud sacré qui unit nos destinées aux vôtres, qui nous lie à vos familles, à vos cœurs, à vos consciences ; jamais nous ne transigerons sur l’héritage de nos pères, jamais nous n’abandonnerons nos droits. Français ! Nous prenons à témoin de ce serment le Dieu de saint Louis, celui qui juge toutes les justices !
Donné à Mittau, le 2 décembre de l’an de grâce 1804, et de notre règne le dixième15 — Louis. »
Cette déclaration, imprimée à Hambourg, au nombre de dix mille exemplaires, est répandue sur tout le continent et envoyée en France à toutes les autorités constituées, ainsi qu’aux plus notables habitants de chaque département.
Le second séjour à Mittau du prétendant ne dure que trois ans. Les défaites d’Austerlitz, d’Eylau et de Friedland aboutissent au traité de Tilsit, signé le 9 juillet 1807, par lequel la France et la Russie deviennent alliées. Alexandre laisse entendre à Louis XVIII que sa présence à Mittau en Courlande pourrait gêner son nouvel allié. Comprenant qu’il devait chercher un nouvel asile et n’ayant plus à choisir qu’entre le Nouveau Monde et l’Angleterre, Louis XVIII se décida pour l’hospitalité britannique. Vers le milieu d’octobre 1807, depuis Göteborg en Suède, il avertit le comte d’Artois de sa prochaine arrivée, ce qui n’était pas pour lui plaire. Les confidents du comte d’Artois réussissent à persuader un des membres du cabinet britannique, Lord Canning, qu’il était nécessaire, dans l’intérêt même du gouvernement britannique d’éloigner Louis XVIII de Londres et de le confiner en Écosse. Le Royaume-Uni est alors la seule puissance encore en lutte avec la France impériale et qui refuse à Louis XVIII le titre de roi, en lui signifiant qu’à aucune époque, le rétablissement de sa famille n’avait semblé moins plausible. Après de longues tractations, Louis XVIII accepte de débarquer en Angleterre, comme simple particulier sous le nom de comte de L’Isle-Jourdain (que ses contemporains transformeront en « comte de Lille ») et en promettant de ne pas faire d’action politique sur le sol britannique.

Les années 1808-1812.

Louis XVIII fixe sa résidence à Gosfield Hall (en), dans l’Essex, fin 1807. Il quitte ce château au bout de quatre ans, début 1811, peu après la mort de sa femme Marie-Joséphine de Savoie le 13 novembre 1810. Il vient alors habiter Hartwell House, propriété du baronnet Sir Henry Lee dans le comté de Buckingham, près de Londres.
Ses revenus, à cette époque, s’élèvent à 60 000 francs environ16 que lui payaient le gouvernement britannique et la cour du Brésil, mais il devait mener un train de vie réduit puisque cette somme était répartie entre ses protégés, ses agents dans les différentes cours d’Europe (pour être au courant des politiques menées) et que la guerre entraînait une inflation de prix qui n’étaient déjà pas, au départ, bas.

La Restauration.

Première Restauration.

Au fur et à mesure des guerres napoléoniennes, et spécialement à partir de 1810, les coalisés semblent reprendre l’avantage, éveillant en Louis XVIII l’espérance du retour. Après la défaite de Napoléon en 1814, les coalisés réunis au congrès de Vienne hésitent encore sur le successeur à choisir à Napoléon. Désireux d’installer sur le trône de France un allié, mais aussi un chef légitime, ils hésitent entre Louis XVIII, dont l’impopularité pose problème, le « roi de Rome », fils de Napoléon, mais aussi le maréchal Bernadotte ou encore Eugène de Beauharnais, et à défaut une république. Talleyrand emporte finalement l’opinion des Alliés en faveur de Louis XVIII.
Le 24 avril 1814, il débarque à Calais. « Octroyant » une Charte constitutionnelle restaurant la monarchie à ses sujets, il devient roi de France sous le nom de Louis XVIII le Désiré Les termes « octroyer » et « roi de France » sont importants en droit, puisqu’ils signifient que la souveraineté appartient au roi, et non au peuple ou à la nation : c’est lui qui octroie la Charte aux Français et non les Français qui décident d’une constitution ; contrairement à un roi des Français qui serait roi parce que les Français l’ont mis sur le trône, un roi de France est souverain de droit divin. Il nie donc la théorie révolutionnaire de la souveraineté nationale, voire de la souveraineté populaire, comme en témoigne sa devise « union et oubli » (union des Français, oubli de la Révolution française et de Napoléon). Venant du château de Saint-Ouen, il fait son entrée dans Paris par la barrière Saint-Denis.
La Restauration ne dure pas. Confronté au non-paiement de sa pension attribuée par le traité de Fontainebleau et devant le mécontentement croissant des Français, Napoléon quitte son exil de l’île d’Elbe et débarque à Golfe-Juan le 1er mars 1815. Le 19 mars, Napoléon étant aux portes de Paris, Louis XVIII et sa cour quittent Paris et se dirigent à Beauvais puis s’installent à Gand, en Belgique, ce qui lui vaut le surnom de « Notre père de Gand » par les chansonniers. La défaite de Waterloo le 18 juin le réinstalle sur le trône de France.

Seconde Restauration.

Son règne est consacré à la lourde tâche de concilier les héritages révolutionnaires et napoléoniens avec ceux de l’Ancien Régime. Il défend ces derniers (et nomme ainsi, comme aumônier de la Cour, monseigneur Jean-Louis d’Usson de Bonnac, un des derniers évêques d’Ancien Régime survivants et surtout l’un des premiers à avoir refusé de prêter serment à la Révolution, ainsi qu’à avoir refusé de démissionner comme l’exigeait Napoléon), sans pour autant accéder aux excès de ses propres partisans, les ultras. Il mit un point d’honneur à toujours constituer un ministère issu de la majorité parlementaire, ce à quoi rien ne le contraignait.
Ses opposants demeurent trop faibles et divisés pour menacer en quoi que ce soit la position royale. Il dissout ainsi une première Chambre ultra en 1816 (la célèbre Chambre introuvable). Ayant accepté les résultats de la Révolution, Louis XVIII apparaît comme un roi modéré, menant une vie de cour sans fastes excessifs, trop fade aux yeux de certains. D’autres n’oublient pas que c’est un émigré, ramené sur le trône de France par des étrangers.
Cependant, malgré cette apparente faiblesse, il a réussi non seulement à maintenir un équilibre entre ultras et libéraux, mais aussi à ramener la prospérité dans une nation épuisée par les dernières guerres napoléoniennes. Louis XVIII avait une certaine force de caractère et il pouvait d’ailleurs être à l’occasion capable de traits d’humour féroces.
Très jaloux de son pouvoir, le roi veut tout contrôler. N’appréciant pas les longs rapports, il crée un système d’« anarchie paternelle », cédant souvent aux influences de sa cour, aux sollicitations incessantes des émigrés réclamant le prix de leur fidélité.
Les élections partielles du 11 septembre 1819 constituent une nouvelle victoire pour les libéraux mais l’élection de l’abbé Grégoire comme député de l’Isère provoque un retournement d’alliance au gouvernement. Une autre vague de contestation naît avec l’assassinat de son neveu le duc de Berry (alors second à la succession au trône derrière Charles X) qui entraîne la fin du ministère Élie Decazes et le retour des ultras, annonçant « par conséquent la fin de la Restauration libérale ».

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