VI-23 : la guerre civile (1792-1815).

VI-23
Vitrail de saint Napoléon, église du Chesnay.

Les anciennes traditions qui servaient de rempart à la monarchie (« munismes de regne ») seront décriées, et les peuples se soulèveront contre leur roi (« leur roy »).

La France connaîtra l’accalmie (« paix ») durant le règne de Napoléon. Pie VII, pour se rendre agréable au nouvel Empereur, introduira au rituel roman, à la date du 15 août, la fête de saint Napoléon (« saint nouveau »), martyr sous Dioclétien. Puis la situation de l’Eglise empirera par l’ingérence de l’Empereur dans les affaires ecclésiastiques (« sainctes lox empirées »).

Durant cette période, Paris se trouvera dans une situation tellement critique, que jamais (« onc ») il n’aura été réduit à une si dure extrémité (« très-dur arroy »).

23 est le nombre d’années entre la disparition de la Monarchie et sa restauration (1792 + 23 = 1815).

Article Wikipédia Louis XVI.

Louis XVI, né à Versailles le et mort à Paris le , est le dernier roi de France de la période dite de l’Ancien Régime et le dernier d’entre eux à avoir habité le château de Versailles.

Il est roi de France et de Navarre de 1774 à 1791 puis roi des Français de 1791 à 1792.

Louis XVI est le fils du Dauphin Louis-Ferdinand de France et de Marie-Josèphe de Saxe. Il succède à son grand-père Louis XV en 1774. Il est le frère aîné des futurs rois Louis XVIII et Charles X.

Dauphin de France à la mort de son père, marié à Marie-Antoinette d’Autriche, il monte sur le trône à dix-neuf ans. Il y est confronté, en particulier après l’intervention française aux côtés des colons américains, à des difficultés financières importantes accompagnées de spéculations boursières. Réformateur prudent, parfois hésitant, il tente de conduire avec ses ministres successifs des réformes à la monarchie. Il rétablit les parlements, réforme le droit des personnes (abolition de la torture en 1781 et 1788, abolition du servage dans le domaine royal en 1779, abolition du péage corporel des juifs d’Alsace en 1784, édit de tolérance des protestants en 1787) mais butte sur les réformes de la fiscalité et les finances du Royaume (réformes en 1774-1776, 1781, 1787 par deux fois). Son projet d’instaurer un impôt direct égalitaire (en remplacement de la taille inégalitaire) contrôlé par des assemblées provinciales élues, bute sur l’hostilité des privilégiés, en particulier celle de la noblesse de robe, celle du Parlement de Paris et celle de la Cour de Versailles. Louis XVI essaie alors de passer outre leur opposition en présentant ses réformes devant une assemblée des notables (1787) puis devant les états généraux (1789).

Les exigences du tiers état et la révolte du peuple provoquent la Révolution française qui transforme le rôle politique du roi et le système de gouvernement de la France en mettant fin à la monarchie absolue de droit divin (“D’esprit de regne munismes descriés“). Dans un premier temps, le roi Louis XVI accepte de devenir un monarque constitutionnel, mais en butte à une opposition de plus en plus hostile et après avoir tenté de quitter Paris où il avait été conduit sous la contrainte populaire, il contribue au déclenchement d’une guerre entre les monarchies absolues et les révolutionnaires. La progression des armées étrangères et monarchistes vers Paris provoque son renversement, le 10 août 1792, par les sections républicaines : la monarchie est abolie le 21 septembre (“Et seront peuples esmeuz contre leur Roy“). Dès lors, emprisonné, surnommé « Louis le Dernier » ou « Louis Capet » par les révolutionnaires, Louis XVI est inculpé pour trahison sur l’accusation de ne pas avoir respecté son rôle constitutionnel, d’avoir manœuvré secrètement contre la Révolution et d’avoir tenté de fuir la France en juin 1791. Jugé coupable par la Convention nationale, il est condamné à mort et guillotiné le sur la place de la Révolution à Paris, quelques mois avant Marie-Antoinette. Les monarchistes reconnaissent alors son fils, emprisonné à Paris, comme roi de France sous le nom de Louis XVII, mais l’enfant meurt en détention deux ans plus tard. Ce n’est qu’en 1814, lors de la chute de Napoléon, que la famille royale peut revenir en France : le frère de Louis XVI règne alors sous le nom de Louis XVIII.

Après l’avoir considéré d’abord soit comme un traître à la patrie soit comme un martyr, les historiens français ont fini par globalement adopter une vue nuancée de la personnalité et du rôle de Louis XVI, décrit comme un honnête homme mû par de bonnes intentions, mais qui n’était pas doté du caractère nécessaire pour mener à terme une profonde réforme de la monarchie.

Article Wikipédia Napoléon Ier.

Napoléon Ier, né le à Ajaccio et mort le sur l’île Sainte-Hélène, est le premier empereur des Français, du au et du au . Second enfant de Charles Bonaparte et Letitia Ramolino, Napoléon Bonaparte est un militaire, général dans les armées de la Première République française, née de la Révolution, commandant en chef de l’armée d’Italie puis de l’armée d’Orient. Il parvient au pouvoir en 1799 par le coup d’État du 18 brumaire et est Premier consul jusqu’au , puis consul à vie jusqu’au , date à laquelle il est proclamé empereur par un sénatus-consulte suivi d’un plébiscite. Enfin, il est sacré empereur en la cathédrale Notre-Dame de Paris le par le pape Pie VII (“empirees“).

En tant que général en chef et chef d’État, Napoléon tente de briser les coalitions montées et financées par le royaume de Grande-Bretagne et qui rassemblent depuis 1792 les monarchies européennes contre la France et son régime né de la Révolution. Il conduit pour cela les armées françaises d’Italie au Nil et d’Autriche à la Prusse et à la Pologne : ses nombreuses et brillantes victoires (Arcole, Rivoli, Pyramides, Marengo, Austerlitz, Iéna, Friedland), dans des campagnes militaires rapides, disloquent les quatre premières coalitions. Les paix successives, qui mettent un terme à chacune de ces coalitions, renforcent la France et donnent à son chef, Napoléon, un degré de puissance jusqu’alors rarement égalé en Europe (“Paix“) lors de la paix de Tilsit (1807).

Il réorganise et réforme durablement l’État et la société. Il porte le territoire français à son extension maximale avec 134 départements en 1812, transformant Rome, Hambourg, Barcelone ou Amsterdam en chefs-lieux de départements français. Il est aussi président de la République italienne de 1802 à 1805, puis roi d’Italie de 1805 à 1814, mais également médiateur de la Confédération suisse de 1803 à 1813 et protecteur de la Confédération du Rhin de 1806 à 1813. Ses victoires lui permettent d’annexer à la France de vastes territoires et de gouverner la majeure partie de l’Europe continentale en plaçant les membres de sa famille sur les trônes de plusieurs royaumes : Joseph sur celui de Naples puis d’Espagne, Louis sur celui de Hollande, Jérôme sur celui de Westphalie et son beau-frère Joachim Murat à Naples. Il crée également un duché de Varsovie, sans oser restaurer formellement l’indépendance polonaise, et soumet temporairement à son influence des puissances vaincues telles que le Royaume de Prusse et l’Empire d’Autriche.

Objet, dès son vivant, d’une légende dorée comme d’une légende noire, il doit sa très grande notoriété à son habileté militaire, récompensée par de très nombreuses victoires, et à sa trajectoire politique étonnante, mais aussi à son régime despotique et très centralisé ainsi qu’à son ambition qui se traduit par des guerres d’agression très meurtrières (au Portugal, en Espagne et en Russie) avec des centaines de milliers de morts et blessés, militaires et civils pour l’ensemble de l’Europe. Il tente également de renforcer le régime colonial français d’Ancien Régime en outre-mer, en particulier avec le rétablissement de l’esclavage en 1802, ce qui provoque la guerre de Saint-Domingue (1802-1803) et la perte définitive de cette colonie, tandis que les Britanniques s’assurent le contrôle de toutes les autres colonies entre 1803 et 1810. Cet ennemi britannique toujours invaincu s’obstinant à financer des coalitions de plus en plus générales, les Alliés finissent par remporter des succès décisifs en Espagne (bataille de Vitoria) et en Allemagne (bataille de Leipzig) en 1813. L’intransigeance de Napoléon devant ces sanglants revers lui fait perdre le soutien de pans entiers de la nation française, tandis que ses anciens alliés ou vassaux se retournent contre lui. Amené à abdiquer en 1814 après la prise de Paris, capitale de l’Empire français (“Rapis onc fut en si tresdur arroy“), et à se retirer à l’île d’Elbe, il tente de reprendre le pouvoir en France lors de l’épisode des Cent-Jours en 1815. Capable de reconquérir son Empire sans coup férir, il amène pourtant la France dans une impasse devant sa mise au ban de l’Europe, avec la lourde défaite de Waterloo qui met fin à l’Empire napoléonien (“Rapis onc fut en si tresdur arroy“) et assure la restauration de la dynastie des Bourbons. Sa mort en exil, à Sainte-Hélène, sous la garde des Anglais, fait l’objet de nombreuses controverses.

Une tradition romantique fait de Napoléon l’archétype du grand homme appelé à bouleverser le monde. C’est ainsi que le comte de Las Cases, auteur du Mémorial de Sainte-Hélène, tente de présenter Napoléon au Parlement britannique dans une pétition rédigée en 1818. Élie Faure, dans son ouvrage Napoléon, qui a inspiré Abel Gance, le compare à un « prophète des temps modernes ». D’autres auteurs, tel Victor Hugo, font du vaincu de Sainte-Hélène le « Prométhée moderne ». L’ombre de « Napoléon le Grand » plane sur de nombreux ouvrages de Balzac, Stendhal, Musset, mais aussi de Dostoïevski, de Tolstoï et de bien d’autres encore. Par ailleurs, un courant politique français émerge au XIXe siècle, le bonapartisme, se revendiquant de l’action et du mode de gouvernement de Napoléon.

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La signature du Concordat par le Premier consul en 1801 reconnaît le catholicisme comme la religion « de la majorité des Français », et non plus comme religion d’État (“fait nouveau, sainctes loix empirees“). Les prêtres reçoivent désormais un traitement de la part de l’État. Afin de montrer sa puissance, Napoléon ne va pas se faire sacrer à Rome, comme autrefois Charlemagne et les empereurs germaniques (jusqu’au XVe siècle) ; c’est le pape Pie VII que l’on fera venir à Paris. Napoléon l’accueille en forêt de Fontainebleau, à cheval et en habit de chasse, voulant faire croire au caractère fortuit de la rencontre.

Le rapprochement entre Napoléon et l’Église est le fruit d’un calcul politique de la part de l’Empereur. Au-delà de la valeur morale qu’a pu avoir un sacre religieux aux yeux des catholiques, de la valeur symbolique d’un couronnement pontifical rappelant le sacre des empereurs germaniques, Napoléon se place à l’égal, voire au-dessus des rois européens comme successeur de Charlemagne et des empereurs de la Rome antique. La présence du pape au sacre donne une dimension morale et légitime supplémentaire à l’Empire. Celui-ci n’est plus simplement le fruit d’une révolution, c’est un couronnement divin comme celui des autres souverains européens mais qu’aucun d’eux ne peut égaler. Napoléon se place au même niveau que le souverain du Saint-Empire romain germanique avant de le dépasser pour devenir l’unique empereur en Europe. François II l’avait d’ailleurs bien compris puisqu’après la proclamation de l’Empire français, il décrète que l’Autriche, alors archiduché, devient aussi un Empire.

La présence du pape est donc davantage un message aux pays européens qu’une profession de foi catholique de la part de Napoléon. Napoléon, d’ailleurs peu sensible au sort du pape, le retient plus tard prisonnier à Fontainebleau. Dans l’idée d’affirmer la puissance de la France dans le domaine spirituel, il envisagea même de transférer la résidence du pape de Rome à Paris, avant d’abandonner cette idée.

À la fin de sa vie, Napoléon recevra l’extrême-onction des mains de l’abbé Jean-François de Kermagnan.

Article Wikipédia Saint-Napoléon.

Sous le Premier et Second Empire, la Saint-Napoléon est la fête nationale instituée le jour de la naissance de Napoléon Ier, le 15 août.

À la date du 15 août, dans le livre “Légende Céleste Vie des Saints”, publié en 1846, Saint Néopol ou Néopolus, est un martyr dont le nom est devenu Napoléon ” ou Napoléone “comme il est encore communément appelé chez les Italiens” par “l’usage reçu”. Il fut martyrisé lors de la cruelle persécution des empereurs Dioclétien et Maximien. “Parmi tant de fidèles qui versèrent leur sang pour la défense de la foi, saint Napoléon fut un de ceux qui soutinrent à Alexandrie, avec un courage extraordinaire, pour le nom de Jésus-Christ, les tourments les plus inouïs”.

Letizia Buonaparte, d’après Paul Bartel, dénomma son second fils de ce prénom peu commun, même en Corse, en souvenir d’un oncle Napoléone Buonaparte mort à Corte en 1768. Bartel rapporte les propos suivants de Letizia figurant dans les archives de la famille d’Ornano: “Mon oncle Napoléone, affirmait Letizia, mourut quelques semaines avant Ponte Nuovo, mais il était venu à Corte pour combattre. C’est en souvenir de ce héros que j’ai donné son prénom à mon deuxième fils”.

Le prénom figurait dans la famille Buonaparte depuis que deux frères, Napoléone et Gerolamo Buonaparte, avaient quitté Florence pour la Corse pour accompagner Paul de Barthe, sieur de Thermes, en 1553. Ce dernier avait organisé une expédition militaire pour s’emparer de la Corse à l’encontre des Génois et des Espagnols envoyés en renfort et les forcer à évacuer l’île.

Le grand-père de Napoléon Bonaparte, dit Sébastiano le Magnifique, eut quatre enfants : Lucien, archidiacre d’Ajaccio, Giuseppe, père de Charles – qui fut lui-même le père de Napoléon – Napoléon, capitaine de milice, mort en 1768, et Gerolamo, curé de San Casciano, à Florence.

Napoléon Bonaparte, devenu Empereur, voulut avoir comme chacun son giorno onomastico catholique et, par un décret impérial de 1806, il imposa donc la célébration d’un saint Napoléon (inexistant au Martyrologe romain) le 15 août, date anniversaire de la signature du concordat de 1801 qui avait rétabli la religion catholique en France. Cette date coïncidait aussi avec l’anniversaire de sa naissance (15 août 1769).

Décret du 19 février 1806 :

« Art. 1er. La fête de saint Napoléon et celle du rétablissement de la religion catholique en France seront célébrées, dans toute l’étendue de l’empire, le 15 août de chaque année, jour de l’Assomption, et époque de la conclusion du concordat.

Arl. 2. Il y aura, ledit jour, une procession hors l’église, dans toutes les communes où l’exercice extérieur du culte est autorisé ; dans les autres, la procession aura lieu dans l’intérieur de l’église.Art. 3. Il sera prononcé, avant la procession, et par un ministre du culte, un discours analogue à la circonstance, et il sera chanté, immédiatement après la rentrée de la procession, un Te Deum solennel.

Art. 4. etc. »

L’Église romaine ayant émis des réserves à cette célébration peu conforme au droit canonique, c’est donc fort heureusement que le cardinal légat Giovanni Battista Caprara retrouva alors dans le Martirologio Romano un Santo Neopolis (ou Neapolis), martyr du début du quatrième siècle.

Le cardinal expliqua que le nom s’était ensuite transformé en Napoleo puis en Napoleone et il réussit en plus à convaincre l’Empereur de déplacer son jour anniversaire du 15 août au 16 août, pour qu’il ne coïncide pas avec l’Assomption (“fait nouveau, sainctes“). . Un vrai chef d’œuvre de diplomatie lorsque l’on sait qu’à l’époque l’existence historique de « saint Neopolis » était déjà des plus contestées par les hagiographes et que le Martyrologe situait sa fête au 2 mai.

On assista à un regain de créativité dans la première moitié du dix-neuvième siècle dans un fertile paysage festif. Les célébrations politiques pendant le Premier Empire commencèrent à gagner en visibilité dans la vie collective de la nation. En province – à la campagne en particulier – les populations se rassemblent autour des fêtes catholiques ayant rythmé la vie urbaine et rurale au long des siècles, telles Pâques, la Toussaint, l’Assomption et Noël. S’y ajoutait quantité de joyeuses fêtes païennes, dont les plus connues étaient le carnaval et le charivari. Après les années troubles de la période révolutionnaire, les rites politiques avaient cherché à régénérer le tissu citoyen.

Entre 1806 et 1813, le Premier Empire fit du 15 août la fête nationale française. Cette commémoration coïncidait aussi avec la solennité de l’Assomption, l’un des jalons les plus importants de l’année catholique. Organisées dans tout l’Empire (notamment dans l’Italie napoléonienne), les cérémonies de la Saint-­Napoléon furent assez modestes, fournissant surtout aux officiels locaux l’occasion de chanter les louanges de l’Empereur.

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