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L’astrologie sumérienne (2).

Dans son livre « La plus vieille religion du monde« , Jean Bottéro distingue chez les sumériens deux formes de divination, la divination inspirée et la divination déductive. Dans mon propre livre « Nostradamus et l’astrologie mondiale », j’ai repris cette distinction en parlant de divination spontanée et de matrice divinatoire. La divination spontanée étant la divination inspirée (I) et la matrice divinatoire étant la divination déductive (II). La décision des dieux pouvant être contesté par des méthodes d’annulation du mal (III). Toutes ses notions, issues de la nuit des temps en Mésopotamie vont connaître un destin exceptionnel et perdurer jusqu’à nos jours à travers le judaïsme et son continuateur le Christianisme. La encore, et comme pour le premier article, je sais que cela ne va pas plaire à mes lecteurs catholiques, mais je ne me soucie pas de plaire ou de déplaire, mais uniquement de dire la vérité, une vérité parfois oubliée, parfois pervertie.

I : La divination inspirée.

La divination inspirée fut surtout pratiquée dans les régions sémitiques de la Mésopotamie, en particulier à Mari et en Assyrie. C’est pour cette raison quelle fur transmise ensuite aux Juifs, puis aux Chrétiens.

Voici ce qu’en dit Jean Bottéro :

« Il arrivait donc à une divinité, souvent identifiée par son nom, au gré de sa fantaisie, ou de ses desseins, de dévoiler spontanément quelque chose de secret, et surtout de futur. Elle choisissait, dans ce but, un intermédiaire. (…) Le message qu’Il voulait faire passer, le dieu le lui communiquait directement, peut-être plutôt en rêve, ou en « vision », ou par une manière d’inspiration mal définie, qui pouvait déclencher une brusque explosion de paroles et de gesticulations du confident. Ce message pouvait être clair d’emblée, mais aussi bien était-il vague , flou, exprimé dans un langage particulier, emphatique, ambigu, qui réclamait ainsi une interprétation, à obtenir de spécialistes. » (Jean Bottéro, La plus vieille religion, folio, p. 329).

« Celui qui était censé recevoir, plus ou moins mystérieusement, la révélation divine, n’était donc pris, au bout du compte, que pour une façon d’intermédiaire : ou bien, il la transmettait spontanément à qui de droit ; ou la publicité de son aventure suffisait à alerter les autorités locales, qui n’avaient plus, jouant leur rôle, qu’à en faire rapport aux intéressés ou au souverain. » (Jean Bottéro, La plus vieille religion, folio, p. 334).

Un dieu décide de s’adresser directement à un homme pour lui annoncer un événement futur qui doit survenir. C’est en quelques sortes la notification de la décision des dieux, la lettre recommandée qui donne le jugement du tribunal divin. Le Conseil des dieux se réunit, prend une décision, elle est inscrite sur la tablette-aux-destins, puis notifié à l’intéressé.

La communication peut prendre plusieurs formes, un rêve, une vision (A) ou par un prophète (B).

A : Les rêves et les visions.

Les rêves étaient appelés, en sumérien « mash.ge6 » (produit de la nuit) ou « tabrît mûshi » (vision nocturne).

Dans l’épopée de Gilgamesh, les dieux vont communiquer à Uta-Napishti, le Noé mésopotamien, dans un rêve, l’annonce de la destruction de l’humanité par un déluge.

« Plutôt que ce Déluge,

Pour frapper (ça et là) les hommes !

Non ! Je n’ai pas dévoilé

Le secret juré des Grands dieux !

J’ai seulement fait voir à Supersage un songe,

Et c’est ainsi qu’il a appris ce secret !

A présent,

Décidez de son sort ! »

(Jean Bottéro, l’épopée de Gilgamesh, première tablette, II : 24-26, p. 196)

Dans la version juive du déluge, Yahvé s’adresse directement à Noé sans que ne soit précisé la forme :

« Or la terre se corrompit devant Dieu et se remplit de violence. Dieu regarda la terre, et voici qu’elle était corrompue, car toute chair avait corrompu sa voie sur la terre.

Alors Dieu dit à Noé :  » La fin de toute chair est venue devant moi, car la terre est pleine de violence à cause d’eux ; je vais les détruire, ainsi que la terre. Fais-toi une arche de bois résineux ; tu la feras composée de cellules et tu l’enduiras de bitume en dedans et en dehors. Voici comment tu la feras : la longueur de l’arche sera de trois cents coudées, sa largeur de cinquante coudées et sa hauteur de trente. Tu feras à l’arche une ouverture, à laquelle tu donneras une coudée depuis le toit ; tu établiras une porte sur le côté de l’arche, et tu feras un premier, un second et un troisième étage de cellules. Et moi, je vais faire venir le déluge, une inondation de la terre, pour détruire de dessous le ciel toute chair ayant en soi souffle de vie ; tout ce qui est sur la terre périra. Mais j’établirai mon alliance avec toi ; et tu entreras dans l’arche, toi et tes fils, ta femme et les femmes de tes fils avec toi. De tout ce qui vit, de toute chair, tu feras entrer dans l’arche deux de chaque espèce, pour les conserver en vie avec toi ; ce sera un mâle et une femelle.

Des oiseaux des diverses espèces, des animaux domestiques des diverses espèces, et de toutes les espèces d’animaux qui rampent sur le sol, deux de toute espèce viendront vers toi, pour que tu leur conserves la vie. Et toi, prends de tous les aliments que l’on mange et fais-en provision près de toi, afin qu’ils te servent de nourriture, ainsi qu’à eux. « 

Noé se mit à l’œuvre ; il fit tout ce que Dieu lui avait ordonné. » (Genèse, VI : 11-22).

Si dans le cas du déluge, les dieux vont utiliser comme intermédiaire un personnage important, dans la plupart des cas, ils s’adresseront à de simples sujets. Un particulier, issu du petit peuple reçoit une révélation touchant aux affaires publiques. Il va communiquer son rêve aux autorités. Celle-ci va transiter jusqu’au sommet via la voie hiérarchique.

« Ce propre jour où j’envoie à Monseigneur la présente tablette, un habitant de Shakkâ, un certain Mâlik-Dagan, est arrivé ici pour me dire : « je me proposais, en rêve, de partir, avec un compagnon, de Sagarâtum à Mari… entré à Terqa, je pénétrai aussitôt dans le temple de Dagan pour m’y prosterner. Pendant que j’étais ainsi prosterné, Dagan m’adressa la parole : « Les cheikhs des Iaminites et leurs hommes, me dit-il, sont-ils en bons termes avec les gens de Zimri-Lim qui montent ici ? ». Je répondis : « Ils ne sont pas en bons termes ! ». Et juste avant que je sortisse du temple, il reprit la parole : « Pourquoi donc les émissaires de Zimri-Lim ne demeurent-ils pas toujours avec moi pour m’exposer en détail son affaire ? S’ils l’avaient fait, il y a longtemps déjà que j’aurais livré à Zimri-Lim les cheikhs des Iaminites ! Je te donne donc mission, à présent d’aller dire à Zimri-Lim : « commande à tes émissaires de venir m’exposer cette affaire en détail ! Alors, j’attraperai à la nasse les cheikhs des Iaminites, pour te les livrer ! ». Voilà ce que cet homme m’a raconté avoir vu en songe. J’envoie donc aujourd’hui ce message à Monseigneur pour qu’il réfléchisse là-dessus. Et si Monseigneur le veut bien, que Monseigneur aille (faire) exposer son affaire devant Dagan, et que dans ce but des émissaires de Monseigneur soient régulièrement envoyés à Dagan. L’homme qui m’a raconté ce songe doit faire offrande d’une victime à Dagan, et c’est pourquoi je ne te l’ai pas envoyé. D’autre part, comme cet homme est (par ailleurs) digne de confiance, je n’ai rien pris de sa chevelure ou de sa frangr de manteau… » (Revue d’Assyriologie, XLII, 1948, p. 128 s., cité par Jean Bottéro, Mésopotamie, folio, p. 206-207).

Les songes jouent un rôle majeur dans l’Ancien Testament, que ce soit ceux du pharaon qu’interprète Joseph ou ceux de Nabuchodonosor qu’analysera le prophète Daniel.

Joseph en prison, interprète les rêves, James Tissot.

« Après ces choses, il arriva que l’échanson et le panetier du roi d’Egypte offensèrent leur maître, le roi d’Egypte. Pharaon fut irrité contre ses deux officiers, contre le chef des échansons et le chef des panetiers ; et il les fit enfermer chez le chef des gardes, dans la prison, dans le lieu où Joseph était enfermé. Le chef des gardes établit Joseph auprès d’eux, et il les servait ; et ils furent un certain temps en prison.

L’échanson et le panetier du roi d’Egypte, qui étaient enfermés dans la prison, eurent tous deux un songe dans la même nuit, chacun le sien, ayant une signification différente. Joseph, étant  venu le matin vers eux, les regarda ; et voici, ils étaient tristes. Il interrogea donc les officiers de Pharaon qui étaient avec lui en prison, dans la maison de son maître, et leur dit :  » Pourquoi avez-vous le visage triste aujourd’hui ?  » Ils lui dirent :  » Nous avons eu un songe, et il n’y a personne ici pour l’expliquer.  » Et Joseph leur dit :  » N’est-ce pas à Dieu qu’appartiennent les interprétations ? Racontez-moi, je vous prie, votre songe. « 

Le chef des échansons raconta son songe à Joseph, en disant :  » Dans mon songe, voici, il y avait un cep devant moi, et ce cep avait trois branches ; il poussa des bourgeons, la fleur sortit et ses grappes donnèrent des raisins mûrs. La coupe de Pharaon était dans ma main ; je pris des raisins, j’en pressai le jus dans la coupe de Pharaon et je mis la coupe dans la main de Pharaon.  » Joseph lui dit :  » En voici l’interprétation : les trois branches sont trois jours. Encore trois jours, et Pharaon relèvera ta tête et te rétablira dans ta charge, et tu mettras la coupe de Pharaon dans sa main, selon ton premier office, lorsque tu étais son échanson. Si tu te souviens de moi quand le bonheur te sera rendu, et si tu daignes user de bonté à mon égard, rappelle-moi au souvenir de Pharaon, et fais-moi sortir de cette maison. Car c’est par un rapt que j’ai été enlevé du pays des Hébreux, et ici même je n’ai rien fait pour qu’on m’ait mis dans cette prison. « 


Le chef des panetiers, voyant que Joseph avait donné une interprétation favorable, lui dit :  » Moi aussi, dans mon songe, voici que j’avais sur la tête trois corbeilles de pain blanc. Dans la corbeille de dessus se trouvaient toutes sortes de pâtisseries pour Pharaon, et les oiseaux les mangeaient dans la corbeille qui était sur ma tête.  » Joseph répondit :  » En voici l’interprétation : les trois corbeilles sont trois jours. Encore trois jours, et Pharaon enlèvera ta tête de dessus toi et te pendra à un bois, et les oiseaux dévoreront ta chair de dessus toi. « 

Le troisième jour, qui était le jour de la naissance de Pharaon, il donna un festin à tous ses serviteurs ; et il éleva la tête du chef des échansons et la tête du chef des panetiers : il rétablit le chef des échansons dans son office d’échanson, et celui-ci mit la coupe dans la main de Pharaon ; et il fit pendre le chef des panetiers, selon l’interprétation que Joseph leur avait donnée.

Mais le chef des échansons ne parla pas de Joseph, et l’oublia. » (Genèse : 40 : 1-23).

Les rêves viennent de Dieu, nous dit Joseph. Il va interpréter les rêves des deux serviteurs du pharaon. Mais, ce qui va le rendre célèbre, c’est son analyse deux rêves de pharaon lui-même.

« Deux ans s’étant écoulés, Pharaon eut un songe. Voici, il se tenait près du fleuve, et voici que du fleuve montaient sept vaches belles à voir et grasses de chair, et elles se mirent à paître dans la verdure. Et voici qu’après elles montaient du fleuve sept autres vaches, laides à voir et maigres de chair, et elles vinrent se mettre à côté des vaches qui étaient sur le bord du fleuve. Et les vaches laides à voir et maigres de chair dévorèrent les sept vaches belles à voir et grasses. Alors Pharaon s’éveilla.

Il se rendormit, et il eut un second songe. Et voici, sept épis s’élevaient d’une même tige, gras et beaux. Et sept épis maigres et brûlés par le vent d’orient poussaient après ceux-là. Et les épis maigres engloutirent les sept épis gras et pleins. Alors Pharaon s’éveilla. Et voilà, c’était un songe.

Le matin, Pharaon eut l’esprit agité, et il fit appeler tous les scribes et tous les sages d’Egypte. Il leur raconta ses songes, mais personne ne put les expliquer à Pharaon. Alors le chef des échansons, prenant la parole, dit à Pharaon :  » Je vais rappeler aujourd’hui mes fautes. Pharaon était irrité contre ses serviteurs, et il m’avait mis en prison dans la maison du chef des gardes, moi et le chef des panetiers. Nous eûmes un songe dans la même nuit, moi et lui, nous révâmes chacun selon la signification de son songe. Il y avait là avec nous un jeune Hébreu, serviteur du chef des gardes. Nous lui racontâmes nos songes, et il nous en donna l’interprétation ; à chacun il interpréta son songe, et les choses se passèrent comme il avait interprété : moi, Pharaon me rétablit dans mon poste, et lui, on le pendit. « 

Pharaon envoya appeler Joseph, et on le fit sortir en hâte de la prison. Il se rasa, mit d’autres vêtements et se rendit vers Pharaon. Et Pharaon dit à Joseph :  » J’ai eu un songe que personne ne peut interpréter ; et j’ai entendu dire de toi que, quand tu entends un songe, tu l’interprètes.  » Joseph répondit à Pharaon en disant : «  Ce n’est pas moi, c’est Dieu qui donnera une réponse favorable à Pharaon. « 

Pharaon dit alors à Joseph :  » Dans mon songe, voici, je me tenais sur le bord du fleuve, et voici que du fleuve montaient sept vaches grasses de chair et de belle apparence, et elles se mirent à paître dans la verdure. Et voici qu’après elles montaient sept autres vaches, maigres, fort laides d’aspect et décharnées ; je n’en ai point vu de pareilles en laideur dans tout le pays d’Egypte. Les vaches maigres et laides dévorèrent les sept premières vaches, celles qui étaient grasses ; celles-ci entrèrent dans leur ventre, sans qu’il parût qu’elles y fussent entrées ; leur aspect était aussi laid qu’auparavant. Et je m’éveillai. Je vis encore en songe, et voici sept épis qui s’élevaient sur une même tige, pleins et beaux ; et voici, sept épis chétifs, maigres et brûlés par le vent d’orient, qui poussaient après ceux-là. Et les épis maigres engloutirent les sept beaux épis. J’ai raconté cela aux scribes, et aucun d’eux ne me l’explique. « 

Joseph dit à Pharaon :  » Le songe de Pharaon est un ; Dieu a fait connaître à Pharaon ce qu’il va faire. Les sept belles vaches sont sept années, et les sept beaux épis sont sept années, c’est un seul songe. Les sept vaches chétives et laides qui montaient après elles sont sept années, et les sept épis vides, brûlés par le vent d’orient, seront sept années de famine. Telle est la parole que j’ai dite à Pharaon : Dieu a fait voir à Pharaon ce qu’il va faire. Voici, sept années de grande abondance vont venir dans tout le pays d’Egypte. Sept années de famine viendront ensuite, et l’on oubliera toute cette abondance dans le pays d’Egypte, et la famine consumera le pays. On ne s’apercevra plus de l’abondance à cause de cette famine qui suivra dans le pays ; tant elle sera grande. Et si le songe a été répété à Pharaon deux fois, c’est que la chose est décidée de la part de Dieu, et que Dieu se hâtera de l’exécuter. Maintenant, que Pharaon trouve un homme intelligent et sage, et qu’il l’établisse sur le pays d’Egypte. Que Pharaon établisse en outre des intendants sur le pays, pour lever un cinquième des récoltes du pays d’Egypte pendant les sept années d’abondance. Qu’ils rassemblent tout le produit de ces bonnes années qui viennent ; qu’ils fassent des amas de blé à la disposition de Pharaon, comme provisions dans les villes, et qu’ils les conservent. Ces provisions seront pour le pays une réserve pour les sept années de famine qui arriveront au pays d’Egypte, et le pays ne sera pas consumé par la famine. «  » (Genèse : 40 : 1-23 ; 41 : 1-36).

Les Rêves de Pharaon, interprète les rêves, James Tissot.

Dieu envoie au pharaon deux rêves qui prédisent le même événement. La répétition du rêve indique que Dieu a pris sa décision et qu’il exécutera ce qu’il a décidé. Cela ressemble curieusement à la décision du Conseil des dieux sumériens dont les verdicts sont notifiés avant leurs exécutions.

On observe d’ailleurs que le Pharaon avec l’aide de Joseph va tout faire pour contrecarrer la prédiction en organisant la création d’une réserve de blé durant la période d’abondance afin de mieux supporter la période de disette.

Pour les rêves de Daniel et de Nabuchodonosor, je les aient étudié dans mon livre sur « le prophète Daniel et la fin des temps« .

B : Les prophètes.

Les dieux vont notifier leur décision directement sans la symbolique qu’il faut interpréter, comme dans le rêve. Ils vont s’adresser à un prophète. Le prophète est typiquement akkadienne. Les textes parlent d’âpilu, le « récepteur du message ». Les rapports administratifs qui évoquent ce genre de personnage parlent de « vaticinateur », « mahhû » ou « muhhû ». Les prophètes parlent fort (shasu) comme s’ils étaient en transe (mahû).

Jean Bottéro, dans son livre « la plus vieille religion » donne un certain nombre d’exemples très intéressant, de prophète dans la région de Mari.

Un rapport administratif venu d’un fonctionnaire de Saggarâtum adressé à l’administration centrale de Mari, fait remonter les propos d’un prophète concernant un risque d’épidémie.

« Un vaticinateur de Dagan m’est venu trouver pour me dire : « Eh ! Bien ! Qu’est-ce que je vais manger qui appartienne à Zimrilim ? » Je lui ai donc donné un agneau, qu’il a dévoré tout cru devant la Grande-Porte. Puis il a rassemblé les Anciens devant la Grande-Porte, et leur a annoncé : « Il va y avoir une épidémie1 ! Exige donc des différentes villes la restitution des biens sacrés2 et que quiconque3 s’est livré à la violence, soit expulsé de sa ville ! Pour le salut de ton seigneur Zimrilim, tu me vêtiras d’un habit » Je l’ai donc revêtu d’un habit ! A cette heure je mets par écrit ce message pour l’envoyer par la présente à Monseigneur ! Cet oracle, le vaticinateur ne l’a pas prononcé en secret, mais en pleine Réunion des Anciens… » (Jean Bottéro, la plus vieille religion, folio, p.331).

1. A la lettre, ce dernier mot fait allusion aux malades « dévorés » par le mal, comme l’annonciateur avait « dévoré » son agneau.

2. Allusion à une obscure affaire de vol(s) sacrilège(s).

3. Pour s’en emparer.

Les dieux vont punir le roi de Mari en raison du vol d’objet sacré. Ils demandent au souverain de restituer les objets et de punir les coupables afin d’échapper à l’épidémie. La punition n’est pas irrémédiable, il est possible de réparer la faute pour apaiser la colère des dieux. C’est pour cela qu’ils préviennent les hommes.

Un autre rapport adressé au roi de Mari fait remonter le cas d’un autre prophète.

« Un tel vaticinateur, m’est venu trouver, il y a quelque temps, à propos de la réfection de la Grande-Porte. Il était tout bouleversé, et il m’a dit : « Entreprends ce travail ! » A présent, le jour même où j’expédie à Monseigneur la présente tablette, il est revenu me dire, avec force : « Si vous ne refaites pas cette porte, il y aura des tas de cadavres, et vous ne vous en sortirez pas ! » Voilà ce qu’il m’a dit… » (Jean Bottéro, la plus vieille religion, folio, p.332).

Le prophète exige la réparation de la Grande-Porte de Mari, sinon de nombreux cadavres viendront endeuiller la cité. La Grande-Porte joue un rôle important dans la culture sumérienne. L’équivalent de l’agora ou du forum dans la culture gréco-latine.

Le prophète porte-parole de Dieu fut transmis au Judaïsme, puis au Christianisme. Les Akkadiens étaient des Sémites, comme les Hébreux.

Dans l’Ancien Testament, nous avons quatre grands prophètes et douze petits prophètes, dans une disposition qui fait penser à l’astrologie.

Quatre grands prophètes comme il y aura les quatre évangiles du Nouveau Testament. Cela correspond aux quatre points cardinaux et aux quatre saisons.

1Isaïe.Mathieu.
2Jérémie.Marc.
3Ezéquiel.Luc.
4Daniel.Jean.

Douze petits prophètes comme les douze mois de l’année et donc les douze signes du zodiaque.

1Osée.Pierre.
2Joël.Andrée.
3Amos.Jacques le majeur.
4Abdias.Jean.
5Jonas.Philippe.
6Michée.Barthélemy.
7Nahum.Thomas.
8Habacuc.Mathieu.
9Sophonie.Jacques le mineur.
10Aggée.Jude.
11ZacharieSimon.
12Malachie.Juda.

II : La divination déductive.

La divination déductive fonctionne selon un schéma particulier comportant trois éléments : la protase, l’apodose et le lien psychologique entre les deux (A) donnant lieu à des traités remplis de présage (B). La plus importante divination déductive étant l’astrologie (C).

A : Le principe de la divination déductive.

La divination déductive, comme la divination ’inspirée, est spécifique des régions sémitiques de la Mésopotamie. Depuis ses régions, elle s’est ensuite diffusée dans le reste du monde antique.

« Ce sort futur n’était pas communiqué par un dieu directement et « de bouche à oreille », comme dans le cas de la divination inspirée ; mais les dieux, créateurs de toutes choses singulières et président à leur destinée à chacune, l’avaient en quelques sorte relié de près, et comme incorporé à un phénomène particulier, anormal, constatable, où chacun, par soi-même, le pourrait trouver, l’en pourrait conclure et déduire, en quelque sorte. » (Jean Bottéro, la plus vieille religion, folio, p. 339).

L’avenir n’est pas communiqué par un dieu directement, de bouche à oreille comme dans le cadre de la divination inspirée. Les dieux vont suggérer l’avenir aux hommes par des phénomènes naturels dont l’astrologie est l’exemple le plus connu, mais il n’est pas le seul.

« En Mésopotamie antique, on a donc imaginé que les dieux, créateurs et fabricateurs de tout ce qui apparaît ici-bas, au jour le jour, écrivaient « en relief », si je puis dire, tout en faisant les choses. Faire les choses, c’était leur écriture, car Ils les faisaient porteuses d’une signification définie, d’un message qu’Ils voulaient communiquer aux hommes. » (Jean Bottéro, la plus vieille religion, folio, p. 341).

La divination déductive s’organise selon un schéma récurent qui comporte deux éléments :

Protase.Ecrite au passé, elle présente une situation.
Apodose.Ecrite au futur, elle énonce les conséquences.

La protase correspond au présage, le cas de figure, alors que l’apodose, c’est la conséquence du présage sur la vie des hommes.

La divination déductive est le résultat d’une série d’observation étendue sur une grande période. Cette durée d’observation permet de mettre en relation les deux éléments.

En vérité, il manque un troisième élément, le lien psychologique qui va s’établir entre le présage et la réponse. Le lien psychologique, c’est la concordance entre le présage et l’événement. Carl Gustav Jung parlait de synchronicité.

Donnons deux exemples pour bien comprendre.

« Si la lune devient visible le premier jour : discours fiable ; la terre sera heureuse. »

Protase.« si la Lune devient visible le premier jour ».
Apodose.« un discours fiable » « la terre sera heureuse ».

« Si la lune à son apparition porte une couronne : le roi atteindra le rang le plus élevé. »

Protase.« si la Lune à son apparition porte une couronne ».
Apodose.« le roi atteindra le rang le plus élevé ».

« Il suffisait de « lire » les choses ainsi faites, de les examiner, d’y réfléchir pour les « décrypter », comme il suffisait d’examiner et déchiffrer une tablette cunéiforme pour la lire et apprendre ainsi ce que son auteur voulait dire. De la sorte, dans la divination déductive, l’avenir n’était pas prononcé par les dieux en personne, parlant à un medium humain : ils l’inscrivaient dans les choses produites par eux, et les hommes n’avaient plus qu’à l’y lire, l’y déchiffrer, l’en déduire, comme tout message écrit. » (Jean Bottéro, la plus vieille religion, folio, p. 342).

Venons-en au lien psychologique dont le rôle est fondamental dans la divination déductive. En effet, à chaque fois que la lune porte une couronne à son apparition dans le ciel, il n’y a pas forcément un roi qui atteint un rang élevé. Sinon cela serait trop facile. L’astrologie serait alors une science exacte et le monde serait bien triste à vivre, un monde ou mécanique les événements se produirait sans surprise. C’est le lien psychologique qui constitue l’élément le plus important. L’homme qui interprète la carte du ciel doit remarquer qu’au moment où la Lune apparaît avec une couronne, un roi a atteint le sommet de sa gloire. Il va faire le lien ente l’un et l’autre. Il va également faire le lien avec d’autres événements identique dans le passé, et établir une corrélation sur un point commun : à chaque fois, la lune portait une couronne. Nous sommes pleinement dans le domaine de la synchronicité jungienne.

Jung dans la première partie de « Synchronicité et Paracelsica » entreprend d’analyser la synchronicité. L’auteur, la définie comme étant « la simultanéité de deux évènements reliés par le sens et non par la causalité. (…) la synchronicité signifie d’abord la coïncidence temporelle d’un état psychique donné et d’un ou de
plusieurs événements extérieurs qui offrent un parallélisme de sens avec cet état subjectif du moment
« . (C. G. Jung, Synchronicité et Paracelsica, Albin Michel, p. 43.)

Elle repose sur la simultanéité de deux états d’esprit qui sont reliés entre eux par le sens. Le premier concerne un état psychique particulier chez celui qui va percevoir la synchronicité. Une image mentale inconsciente crée une tension psychologique. Cette tension favorise la pénétration dans la conscience de l’image mentale qui elle-même produit un sentiment d’attente. C’est ce qui va favoriser la synchronicité. Sans cette image, elle ne peut pas exister. Elle est à l’origine de la
synchronicité.

A titre d’exemple, abordons ici, le célèbre cas du philosophe Emanuel Swedenborg (1688-1772) qui rêva d’un incendie à Stockholm. L’image mentale est celle de la destruction par le feu de sa maison dans la capitale suédoise.

Le rêve crée un état d’attente. Un ou plusieurs faits extérieurs se produisent. Ils entrent en relation avec l’image mentale inconsciente. Un incendie éclata à Stockholm, en 1759. L’auteur vit dans l’événement la réalisation de son rêve prémonitoire.

La synchronicité comporte trois étapes :

Le lien psychologique dans la divination déductive fonctionne selon ce principe.

B : Les traités divinatoires.

L’avenir n’est pas communiqué par un dieu directement, de bouche à oreille, comme dans le cadre de la divination inspirée. Pour déchiffrer l’avenir, il a fallu regrouper les sentences dans des traités afin de faciliter la connaissance et de permettre une interprétation fiable des signes.

Il y a plusieurs formes de divination déductives avec chacun son ou ses traités spécifiques. L’astrologie étudie le mouvement et la position mutuelle des astres, la chronomancie observe les hasards et coïncidences des événements avec le calendrier, la tocomancie, c’est la présentation des nouveaux-nés humains ou animaux, la physiognomonie observe l’aspect du corps des hommes, mais aussi de leur tempérament et caractère, l’extispicine et notamment d’hépatoscopie examinent les entrailles, et surtout le foie des animaux sacrifiés. Son également étudié les aléas et rencontres multiples de la vie quotidienne.

Le recueil des sentences ne permet pas de trouver une réponse à une question sur l’avenir. Le traité servait uniquement à donner des formules, des principes et des lois, abstraits et universels. Pour interpréter correctement les présage, il fallait avoir recours à un spécialiste de la discipline, le « bâru ».

« Ces spécialistes de la divination déductive sont appelés en akkadien « bârû » (examinateur). Ils n’étaient pas des voyants, mais devaient scruter les messages divinatoires sous toutes leurs coutures, si je puis dire, pour y déchiffrer les cryptogrammes divins. » (Jean Bottéro, la plus vieille religion, folio, p. 343).

Les « bârû » occupaient une place officielle et étaient au service du roi qui les plaçait un peu partout dans le pays, comme des observateurs. Ils faisaient ensuite remonter leurs observations dans la capitale.

C : L’astrologie.

Intéressons-nous uniquement à l’astrologie, puisque c’est le sujet de l’article.

« Le ciel étoilé porteur de révélations astrologiques concernant l’avenir, ils appelaient « écriture céleste », comme si les dieux disposaient les astres pour en former des configurations significatives. » (Jean Bottéro, la plus vieille religion, folio, p. 342).

Les planètes et les signes astrologiques ont été créés par les dieux pour permettre de connaître le destin. C’est ce que raconte le texte sumérien « Enuma elish ».

« Jusqu’aux cieux chatoyants et impénétrables,

Tu portes tes regards pareils à des roseaux halhal !

C’est toi qui nombres les jours, mets en place les mois,

Parachève les années,

Et, quand (chacune) se clôt,

Expose au Conseil la décision exacte

Et déclares, devant tous, la sentence !

Ô vénérable Enki, le souverain des hommes tous ensemble,

C’est toi ! « 

(Jean Bottéro, lorsque les dieux faisaient les hommes, p. 166).

Enki fixe les jours, mois et année pour permettre aux hommes de connaître l’écoulement du temps et l’avenir.

« Seigneur chéri de An, parure d’Eridu !

Toi qui rumines ordres et décisions,

Qui arrêtes à bon escient les destins !

Toi qui fermes (…) jours ; qui mets les mois en place,

Qui fait arpenter le ciel aux étoiles,

Dont tu connais le nombre !

Toi qui as installé les gens en leur demeure

Et prends garde qu’ils suivent leur pasteur !« 

(Jean Bottéro, lorsque les dieux faisaient les hommes, p. 167).

Le traité « Enuma Anu Enlil » est le plus célèbre traité d’astrologie sumérien. Il comportait soixante-dix tablettes. Il débutait par un prologue qui expliquait que les dieux avaient créé les planètes pour définir le temps, passé, présent et avenir.

« Lorsque Anu, Enlil et Ea, les plus grands dieux,

Eurent, en Leur Conseil tiré les plans du Ciel et de la Terre,

Et qu’ils eurent chargé les dieux astraux majeurs,

De produire le jour et d’assurer la suite régulière du Mois,

Pour les observations astrologiques des hommes,

On vit alors le Soleil se lever

Et la Lune briller à jamais en plein Ciel « 

(Jean Bottéro, lorsque les dieux faisaient les hommes, p. 493).

Voici ce que dit l’historien grec Diodore de Sicile, au Ier siècle avant notre ère, sur l’astrologie sumérienne :

« Les Chaldéens enseignent que le monde est éternel de sa nature, qu’il n’a jamais eu de commencement et qu’il n’aura pas de fin. Selon leur philosophie, l’ordre et l’arrangement de la matière sont dus à une providence divine ; rien de ce qui s’observe au ciel n’est l’effet du hasard ; tout s’accomplit par la volonté immuable et souveraine des dieux. Ayant observé les astres depuis les temps les plus reculés, ils eu connaissent exactement le cours et l’influence sur les hommes, et prédisent à tout le monde l’avenir. » (Diodore de Sicile, histoire universelle, II : 30)

« Chaque planète a son cours particulier ; les planètes diffèrent entre elles par la vitesse et le temps de leurs révolutions. Les astres influent beaucoup sur la naissance des hommes et décident du bon ou du mauvais destin ; c’est pourquoi les observateurs y lisent l’avenir. Ils ont ainsi fait, disent-ils, des prédictions à un grand nombre de rois, entre autres, au vainqueur de Darius, Alexandre, et aux rois Antigone et Séleucus Nicator, prédictions qui paraissent toutes avoir été accomplies et dont nous parlerons en temps et lieu. Ils prédisent aussi aux particuliers les choses qui doivent leur arriver, et cela avec une précision telle que ceux qui en ont fait l’essai en sont frappés d’admiration, et regardent la science de ces astrologues comme quelque chose de divin. En dehors du cercle zodiacal, ils déterminent la position de vingt quatre étoiles dont une moitié est au nord et l’autre au sud ; ils les appellent juges de l’univers : les étoiles visibles sont affectées aux êtres vivants, les étoiles invisibles aux morts. La lune se meut, ajoutent les Chaldéens, au-dessous de tous les autres astres ; elle est la plus voisine de la terre en raison de la pesanteur, elle exécute sa révolution dans le plus court espace de temps, non pas par la vitesse de son 148 mouvement, mais parce que le cercle qu’elle parcourt est très petit ; sa lumière est empruntée, et ses éclipses proviennent de l’ombre de la terre, comme l’enseignent aussi les Grecs. Quant aux éclipses de soleil, ils n’en donnent que des explications très vagues : ils n’osent ni les prédire, ni en déterminer les époques. Ils professent des opinions tout à fait particulières à l’égard de la terre : ils soutiennent qu’elle est creuse, sous forme de nacelle, et ils en donnent des preuves nombreuses et plausibles, comme de tout ce qu’ils disent sur l’univers.

Nous nous éloignerions trop de notre sujet, si nous voulions entrer dans tous ces détails ; il suffit d’être convaincu que les Chaldéens sont plus que tous les autres hommes versés dans l’astrologie, et qu’ils ont cultivé cette science avec le plus grand soin. Il est cependant difficile de croire au nombre d’années pendant lesquelles le collège des Chaldéens aurait enseigné la science de l’univers ; car depuis leurs premières observations astronomiques jusqu’à l’invasion d’Alexandre, ils ne comptent pas moins de quatre cent soixante-treize mille ans (78). Nous avons assez parlé des Chaldéens ; revenons à l’empire des assyriens qui, comme nous l’avons dit avant notre digression, fut détruit par les Mèdes. » (Didore de Sicile, histoire universelle, II : 31)

III : La protection contre le mauvais destin.

L’avenir révélé par les dieux n’est pas un avenir absolu et irréfutable. La chose peut paraître étonnante. Il est possible de contrecarrer la décision des dieux. Les malheurs des hommes seraient dus à des démons envoyés par les dieux afin d’exécuter les décisions prisent lors de l’assemblée.

Les Sémites mésopotamiens vont développer toute une théorie sur les mauvaises actions des hommes et la punition divine de ses mauvais actes. Une théorie qui aura un fabuleux destin jusqu’à nos jours via le christianisme. Le monde sumérien ne connaîtra pas ce concept. Il s’agit d’une notion typiquement akkadienne.

On parlait alors d’arnu (péché), d’ennêtu (faute) ou d’hitîtu (manquement). Le péché va servir de prétexte aux dieux pour punir les hommes.

Pour contrer l’action des mauvais esprits, il fallait recourir à la magie (§1) ou à l’exorcisme (§2) permettant de repousser les forces maléfiques de l’homme.

A : La magie.

« L’homme (tout au moins certains hommes, dotés, de naissance ou autrement, de pouvoirs et de secrets particulier : disons des « sorciers ») pouvait agir sur les choses, en utilisant à leur endroit sa double capacité naturelle, de modifier, créer ou neutraliser son milieu. » (Jean Bottéro, la plus vieille religion, folio, p. 367).

Le « sorcier » (selon la terminologie de Jean Bottéron) parvenait à neutraliser la décision des dieux.

« La main, la manipulation, par quoi, moyennant l’usage d’instruments ou de produits définis et censés efficaces, il pouvait les transformer ou les anéantir. » (Jean Bottéro, la plus vieille religion, folio, p. 367).

Le « sorcier » utilisait ses mains afin de manipuler des instruments ou des produits.

« La voix – l’incantation – par laquelle il leur imposait sa volonté, et les y faisait obéir, car elles y étaient sensibles. » (Jean Bottéro, la plus vieille religion, folio, p. 367).

Le « sorcier » utilisait également la voix pour réciter des incantations et des prières. Nous retrouvons cette pratique de la prière dans le Christianisme. La récitation du « Notre Père » ou du « je vous salue Marie » ayant pour vocation d’atténuer le mauvais destin. La Sainte-Vierge jouant le rôle d’intermédiaire auprès de Dieu. Déjà, dans l’ancienne Mésopotamie, la prière jouait un rôle efficace pour se faire pardonner ses péchés par Dieu. Nous retrouvons, comme cela, d’étrange continuité entre les époques, qui montre que la religion moderne trouve ses racines dans des civilisations plus anciennes, dans la nuit des temps.

B : L’exorcisme.

Les Akkadiens vont organiser de véritables rituels adaptés à chaque situation pour chasser les mauvais esprits. Mais à partir du IIIe millénaire avant Jésus-Christ, les pratiques magiques vont être progressivement remplacé par l’exorcisme. Toutefois, la magie ne disparaîtra pas totalement.

Gaston Maspero dans « l’histoire de peuples d’orient » parle de la magie chaldéenne, c’est-à-dire de Mésopotamie.

Maspero distingue trois branches :

  • les conjurateurs,
  • les médecins
  • les théosophes.

Les magiciens essayaient de « détourner le mal et de procurer le bien, soit par des purifications, soit par des sacrifices ou des enchantements« .

« Aux formules d’incantation, venaient se joindre les talismans de diverses espèces, bandes d’étoffe attachées aux meubles et aux vêtements, amulettes de bois, de pierre ou de terre cuite, statuettes de monstres et de génies. Le porteur ou le possesseur de ces talismans était inviolable même aux dieux ; car le talisman était « une borne qu’on n’enlève pas, une borne que les cieux ne franchissent pas, qu’aucun dieu n’a déracinée ; une barrière qu’on n’enlève pas disposée contre les maléfices ; une barrière qui ne s’en va pas et qu’on oppose au maléfice. » » (Maspero, l’histoire des peuples d’orient, p. 157).

La magie babylonienne accordait une grande importance aux talismans qui permettaient de protéger contre les mauvais esprits. La croix que porte le Chrétiens, ais également les médailles de la Sainte-Vierge ou d’autres saints, sont les héritiers de se savoir mésopotamien. Ils servent à protéger le croyant contre le diable et ses serviteurs.

« A côté des magiciens d’action bienfaisante, il y avait l’enchanteur qui évoque les démons dans une intention criminelle, le charmeur, la charmeuse, le jeteur de sorts, le faiseur de filtres. Le sorcier chaldéen, comme ses confrères modernes, vendait des poisons, envoûtait, déchaînait par ses imprécations les esprits de l’abîme. » (Maspero, l’histoire des peuples d’orient, p. 157).

Il faut distinguer le magicien exorciste qui était un magicien d’action bienfaisante, car il chassait les démons, du magicien enchanteur qui invoquait des démons pour posséder un individu. Il y avait également, les charmeurs, les jeteurs de sorts et ceux qui fabriquait des filtres. C’est la distinction toujours actuelles entre magie blanche et magie noire.

Jean Bottéro dans « la plus vieille religion » donne une explication détaillée de l’exorcisme en Mésopotamie.

L’exorcisme était pratiqué par un prêtre spécialisé. Il réalisait l’ensemble du rituel en s’adressant aux dieux pour obtenir la grâce du condamné.

« Conformément à sa doctrine, l’exorcisme centrait tout, dans le rejet du mal, sur la responsabilité de l’homme, pécheur, vis-à-vis des dieux ; sur le repentir qu’il lui fallait exprimer à Leur endroit ; et sur la volonté qu’Ils avaient, à la fois, d’effacer l’offense à Eux faite, et les châtiments qu’elle avait provoqués. » (Jean Bottéro, la plus vieille religion, folio, p. 367).

La différence entre la magie et l’exorcisme étant que la magie ne s’adresse pas aux dieux, mais tente uniquement de chasser les mauvais esprits. L’exorcisme est une évolution de la magie, car elle tente de s’adresser aux dieux qui ont envoyé les mauvais esprits.

« Car il ne s’agissait plus, pour la victime, ou le « sorcier », d’« adjurer », autoritairement, par des « incantations », les « démons » d’avoir à disparaître avec leurs funestes effets, mais, une fois dûment implorés par des rites oraux tout autrement formulés, de faire intervenir les dieux pour donner ordre aux « Forces Mauvaises » castigatrices, d’interrompre désormais le châtiment et d’évacuer la punition. » (Jean Bottéro, la plus vieille religion, folio, p. 367).

Là encore, il faut faire le lien avec le Christianisme qui utilise l’exorcisme pour chasser les démons. C’est une pratique venue de la Mésopotamie qui est encore utilisée de nos jours.

Loin de moi l’idée de faire la promotion de la magie. Je ne fais que relater des faits historiques sur la Mésopotamie. Montrant ainsi la filiation entre Sumer et sa branche sémite, akkadienne et le Judaïsme, puis le Christianisme.

La magie n’est d’ailleurs pas totalement absente de l’Ancien Testament. Daniel a dû affronter des magiciens lors de l’affaire du songe de la statue de Nabuchodonosor.

« La seconde année du règne de Nabuchodonosor, Nabuchodonosor eut des songes, son esprit fut agité et le sommeil se retira de lui.
Le roi fit appeler les lettrés, les magiciens, les enchanteurs et les Chaldéens pour lui expliquer ses songes ; ils vinrent et ils se tinrent devant le roi.
3 Le roi leur dit :  » J’ai fait un songe, et mon esprit est agité, cherchant à connaître ce songe. « 
 » (Daniel, II : 1-3).

Il fut de même entre Aaron et pharaon.

« Yahvéh dit à Moïse et à Aaron :  » Lorsque Pharaon vous parlera, en disant : Faites un miracle, tu diras à Aaron : Prends ton bâton et jette-le devant Pharaon ; il deviendra un serpent.  » Moïse et Aaron allèrent auprès de Pharaon, et ils firent ce que Yahvéh avait ordonné. Aaron jeta son bâton devant Pharaon et devant ses serviteurs, et il devint un serpent. Pharaon aussi appela ses sages et ses enchanteurs ; et les magiciens d’Egypte, eux aussi, firent la même chose par leurs enchantements : ils jetèrent chacun leur bâton, et ces bâtons devinrent des serpents. Mais le bâton d’Aaron engloutit leurs bâtons. Et le cœur de Pharaon s’endurcit, et il n’écouta point Moïse et Aaron, selon que Yahweh l’avait dit. » (Exode, VII : 8-13).

Dans ce cadre-là, la magie semble s’opposer à la puissance de Yahvé. C’est ce que nous observons dans plusieurs des plaies d’Egypte.

La première plaie d’Egypte :

« Moïse et Aaron firent ce que Yahvéh avait ordonné. Aaron, levant le bâton, frappa les eaux qui étaient dans le fleuve, sous les yeux de Pharaon et sous les yeux de ses serviteurs, et toutes les eaux du fleuve furent changées en sang. Les poissons qui étaient dans le fleuve moururent, le fleuve devint infect, les Egyptiens ne pouvaient plus boire de l’eau du fleuve, et il y eut du sang dans tout le pays d’Egypte. Mais les magiciens d’Egypte firent la même chose par leurs enchantements, et le cœur de Pharaon s’endurcit, et il n’écouta point Moïse et Aaron, selon que Yahvéh l’avait dit. Pharaon s’en retourna et, étant entré dans sa maison, il n’appliqua point son cœur à ces choses. Tous les Egyptiens creusèrent aux environs du fleuve pour trouver de l’eau potable, car ils ne pouvaient boire de l’eau du fleuve. » (Exode, VII : 20-24).

La deuxième plaie d’Egypte :

« Yahvéh dit à Moïse :  » Dis à Aaron : étends ta main avec ton bâton sur les rivières, sur les canaux et sur les étangs, et fais monter les grenouilles sur le pays d’Egypte.  » Aaron étendit sa main sur les eaux de l’Egypte, et les grenouilles montèrent et couvrirent le pays d’Egypte. Mais les magiciens firent la même chose par leurs enchantements ; ils firent monter les grenouilles sur le pays d’Egypte. » (Exode, VIII : 1-3)

La troisième plaie d’Egypte :

« Yahvéh dit à Moïse :  » Dis à Aaron : Etends ton bâton et frappe la poussière de la terre, et elle se changera en moustiques dans tout le pays d’Egypte.  » Ils firent ainsi ; Aaron étendit sa main avec son bâton et frappa la poussière de la terre, et les moustiques furent sur les hommes et sur les animaux. Toute la poussière de la terre fut changée en moustiques, dans tout le pays d’Egypte. Les magiciens firent de même avec leurs enchantements, afin de produire des moustiques ; mais ils ne le purent pas. Les moustiques étaient sur les hommes et sur les animaux. Et les magiciens dirent à Pharaon :  » C’est le doigt d’un dieu ! «  Et le cœur de Pharaon s’endurcit, et il ne les écouta pas, selon que Yahvéh l’avait dit. » (Exode, VIII : 12-15).

Les magiciens n’arrivent pas a reproduire la troisième plaie. Dieu est plus puissant que la magie.

« Yahvéh dit à Moïse et à Aaron :  » Prenez plein vos mains de cendre de fournaise, et que Moïse la jette vers le ciel sous les yeux de Pharaon ; qu’elle devienne une fine poussière sur tout le pays d’Egypte, et qu’elle forme, dans tout le pays d’Egypte, sur les hommes et sur les animaux, des tumeurs bourgeonnant en pustules. « 

Ils prirent de la cendre de fournaise et se présentèrent devant Pharaon ; Moïse la jeta vers le ciel, et elle produisit sur les hommes et sur les animaux des tumeurs bourgeonnant en pustules. Les magiciens ne purent se tenir devant Moïse à cause des tumeurs, car les tumeurs étaient sur les magiciens, comme sur tous les Egyptiens. Et Yahvéh endurcit le cœur de Pharaon, et Pharaon n’écouta pas Moïse et Aaron, selon que Yahvéh l’avait dit à Moïse. » (Exode, IX : 8-12).

A la cinquième plaie, Dieu frappe les magiciens comme le reste de la population égyptienne. Là encore, leur magie est inefficace.


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