VIII-76 : naissance d’Oliver Cromwell (1599).

Caricature hollandaise représentant Oliver Cromwell en monarque.

Plus boucher (« Plus macelin ») que roi, en Angleterre (« que Roy en Angleterre »), un homme d’obscure naissance (« Lieu obscur nay ») parviendra par force à l’Empire (« par force aura l’empire »).

Lâche, sans foi ni loi (« Lasche sans foy sans loy »), il fera couler le sang à flots (« saignera terre »). Son temps s’approche si près que j’en soupire ! (« Son temps s’approche si pres que je souspire »).

Article Wikipédia Oliver Cromwell.

Oliver Cromwell (Huntingdon, – Londres, ) est un militaire et homme politique anglais, resté dans les mémoires pour avoir pris part à l’établissement d’un Commonwealth républicain en Angleterre, puis pour en être devenu le Lord Protecteur. Il est également l’un des commandants de la New Model Army, ou Nouvelle Armée idéale, vainqueur des royalistes lors de la Première Révolution anglaise. Après la mise à mort du roi Charles Ier en 1649, il se hisse à un rôle de premier plan au sein de l’éphémère Commonwealth d’Angleterre, conquérant l’Irlande et l’Écosse, et règne en tant que Lord Protecteur de 1653 jusqu’à sa mort, causée par la malaria, en 1658.

Cromwell naît dans les rangs de la gentry et demeure relativement inconnu jusqu’à ce qu’il reçoive en héritage le patrimoine de son oncle. En même temps que ce retournement du sort, il se convertit à une forme de puritanisme et fréquente une secte protestante considérant que la Réforme n’était pas encore achevée. Il en fait une partie essentielle de sa discipline de vie et de son univers mental. Il est alors élu au Parlement pour Cambridge au cours des Short et Long Parliaments, puis est impliqué dans la Guerre civile anglaise aux côtés des Roundheads, littéralement « Têtes rondes », ou parti parlementaire, en opposition aux royalistes.

Soldat compétent, surnommé Old Ironsides, il est promu de simple chef d’une troupe de cavalerie à commandant de l’armée entière. Cromwell se trouve aussi parmi les signataires de l’arrêt de mort prononcé contre le roi Charles Ier en 1649 (“que Roy“), et membre du Rump Parliament (Parlement croupion), qui siège de 1649 à 1653. Ce même parlement envoie Cromwell conquérir l’Irlande, ce qu’il fait de 1649 à 1650, pour se tourner ensuite contre l’armée écossaise de 1650 à 1651. Le , se sentant suffisamment maître de la situation, Cromwell dissout par force le parlement, et établit pour un court laps de temps le Barebone’s Parliament, également nommé « Assemblée des Saints », en raison de la stricte doctrine puritaine qu’il se donne pour mission d’établir, et ce jusqu’à ce qu’il soit fait Lord Protecteur d’Angleterre, du pays de Galles, d’Écosse et d’Irlande le 16 décembre de la même année. (“par force aura l’empire“) À sa mort, il est d’abord enterré à l’abbaye de Westminster, mais lorsque les royalistes reviennent au pouvoir, ils déterrent son corps, l’enchaînent et le décapitent.

Cromwell est l’une des figures les plus controversées de l’histoire des îles britanniques. Alors que certains historiens voient en lui un héros de la liberté, tels Thomas Carlyle ou Samuel Rawson Gardiner, d’autres en font un tyran, dictateur régicide (“Plus Macelin“), ainsi que le qualifient David Hume et Christopher Hill. Au sein de la population, les sentiments exprimés sont tout aussi mitigés et passionnés, puisque pour les uns, il s’agit de l’un des plus grands héros nationaux de la patrie anglaise, alors que pour d’autres ses mesures prises contre les catholiques irlandais étaient presque génocidaires (“Lasche sans foy sans loy saignera terre“) ; il est donc généralement détesté en Irlande.

Il y a peu de sources relatant les quarante premières années de sa vie. Il naît à la maison Cromwell à Huntingdon (“en Angleterre“), le , fils de Robert Cromwell (v. 1560-1617) et d’Elizabeth Steward († 1654). Il compte dans sa lignée une certaine Catherine Cromwell (née vers 1482), sœur aînée de Thomas Cromwell. Cette même Catherine était mariée à Morgan ap Williams, lui-même fils de William ap Yevan de Galles, marié à Joan Tudor. Or, on disait d’elle qu’elle aurait pour arrière-grand-père Owen Tudor, ce qui ferait de Cromwell un lointain descendant des Tudors, en même temps qu’un cousin, fort éloigné, de ses ennemis les Stuarts. Son grand-père était également une figure marquante, fait chevalier sous Élisabeth Ire, et ayant siégé à la Chambre des Communes en tant que chevalier pour le comté de Huntingdonshire.

Malgré cette ascendance, les Cromwell n’étaient alors que des membres de la gentry. Le patrimoine de Robert Cromwell se limitait à une maison à Huntingdon et à un lopin de terre dans les environs, le tout ne générant au plus que 300 livres de revenu par an, les plaçant ainsi dans la tranche inférieure de la gentry (“Lieu obscur nay“).