IX-38 : la guerre des Camisards (1702-1704).

L’Assemblée surprise, peinture de Karl Girardet, 1842.

Le grand roi qui aura le Soleil pour emblème (« le grand Aemathien ») ne sera plus inquiet (« passera outre ») de la connivence des habitants de La Rochelle avec les Anglais (« par La Rochelle et l’Anglois »). Pour cela, il prendra la décision de faire fermer l’entrée de la Gironde devant Blaye (« l’entrée de Blave »). Les protestants français attendaient du secours des Anglais (« attendra le Gaulois, Secours ») du côté d’Agen (« Non loin d’Agen ») et de Narbonne (« Secours Narbonne ») ; mais leur espoir sera déçu (« deceu par entretien »).

Louis XIV fera construire en 1689, le pâté de Blaye pour fermer l’entrée de la Gironde aux Anglais.

Nostradamus évoque également les Camisards révoltés dans les Cévènes (« les Gaulois ») qui attendront du côté d’Agen (« Non loin d’Agen ») et de Narbonne (« Narbonne ») un secours (« Secours ») qui sera rendu impossible en raison de la soumission, en 1704, de Jean Cavalier, leur principal chef, à la suite d’une conférence dans Nîmes (« un entretien ») avec le maréchal de Villars.

Article Wikipédia Guerre des Cévennes.

La guerre des Cévennes ou guerre des Camisards est un soulèvement de paysans protestants dans les Cévennes et Bas-Languedoc (« Non loin d’Agen attendra le Gaulois« ) sous le règne de Louis XIV. Le soulèvement a pour origine la révocation de l’édit de Nantes en 1685 qui provoqua les premiers troubles qui durèrent jusqu’en 1711. Mais les combats furent particulièrement nombreux de septembre 1702 à avril 1704.

La guerre des Cévennes tire son origine de l’Édit de Fontainebleau, signé par Louis XIV le 18 octobre 1685, qui révoque l’Édit de Nantes et interdit le protestantisme. Aussi dans les provinces à forte implantation protestante, le Poitou, la Guyenne, le Dauphiné et le Languedoc, les protestants sont convertis de force au catholicisme dans le cadre des dragonnades. De nombreux protestants préfèrent émigrer, d’autres continuent de célébrer leur culte clandestinement malgré leur conversion. Dès la fin octobre 1685, des Assemblées clandestines sont signalées, mais les peines contre ceux qui y participent se durcissent, une conversion rétractée étant considérée comme un crime très grave, les hommes sont condamnés à mort ou aux galères, les femmes sont tondues et emprisonnées et les enfants sont enlevés à leurs parents pour être envoyés dans des familles ou des collèges catholiques.

Dans les Cévennes, situées dans le Languedoc dirigé par l’intendant Nicolas de Lamoignon de Basville, 84 personnes sont exécutées, une cinquantaine sont condamnées aux galères et 300 sont déportées aux Amériques en 1686 et en 1687. Néanmoins les Assemblées se poursuivent les années suivantes, mais à partir de 1701, les troubles se multiplient alors que la France est engagée dans la Guerre de Succession d’Espagne.

Le 24 juillet 1702, au Pont-de-Montvert, une soixantaine d’hommes, armés de sabres et de faux, menés par Abraham Mazel, pénètrent dans la ville en chantant un psaume, pensant délivrer sans combat les protestants détenus et torturés par l’abbé François de Langlade du Chayla, inspecteur des missions des Cévennes pour le compte du marquis de Basville. Ils réclament la libération des prisonniers. On leur demande d’attendre. Alors, un coup de feu blesse l’un d’entre eux. Ils enfoncent la porte de la maison de l’abbé, libèrent les prisonniers et mettent le feu. Chayla, qui tente de s’enfuir par une fenêtre, est rattrapé et tué. Le meurtre de l’abbé du Chayla marque le début de la guerre des Cévennes.

À partir de cette date, des bandes de dizaines ou centaines d’hommes armés se forment, menés par des prophètes, appelés les « inspirés ». Les insurgés commettent alors des actes de vengeance contre des prêtres et des catholiques. Le lieutenant général Victor-Maurice de Broglie, commandant des troupes royales du Languedoc charge le capitaine Poul de réprimer les actes de rébellion, mais sans grand résultat. Gédéon Laporte, un des premiers chefs, est cependant tué lors du mois d’octobre.

D’autres protestants, sous l’impulsion des élites villageoises, préférèrent une attitude loyaliste et combattirent les Camisards. Ce fut le cas des habitants de Fraissinet-de-Lozère, pourtant très proches du Pont-de-Montvert. Ils seront cependant également victimes de la destruction de leurs maisons pendant le « Grand Brûlement des Cévennes » à la fin de l’année 1703.

Pendant les mois qui suivent, de nombreux affrontements, escarmouches, embuscades et actes de guérilla, opposent les troupes royales aux Camisards (« attendra le Gaulois« ). Le capitaine Poul est tué le 12 janvier. Face aux exactions des troupes régulières et surtout des milices bourgeoises moins disciplinées, les Camisards assassinent les prêtres et incendient les églises catholiques. À Fraissinet-de-Fourques, 40 femmes et enfants de miliciens catholiques sont massacrés par les Camisards de Castanet, le 21 février 1703.

Le 14 janvier 1703, Nicolas Auguste de La Baume de Montrevel, maréchal de France, remplace le comte de Broglie à la tête des troupes royales et amène avec lui 3 000 Miquelets. Le 25 février, par ordonnance royale Basville et Montrevel reçoivent tous les pouvoirs; les camisards pris les armes à la mains sont exécutés sans jugement, par pendaison ou par le supplice de la roue, et parfois le bûcher ; de plus leurs maisons sont rasées et leurs biens confisqués.

En février 1703, après une tourmente de neige, le maréchal de camp Jacques de Julien, signe une franche victoire contre la troupe de Cavalier, en rase campagne. Il reçoit à Versailles, le 5 janvier 1703, les ordres du roi Louis XIV à cet égard. Il prend le parti de détruire les ressources des camisards en anéantissant toute la population qui les soutenait par le brûlement des bourgs et villages et la déportation des habitants. Il n’eut de cesse d’isoler le pays pour éviter toute extension de la rébellion (en Vivarais en particulier), redoutant toute aide pouvant venir par la Suisse ou la Savoie des puissances extérieures.

Le 1er avril, dimanche des Rameaux, une vingtaine de femmes et d’enfants protestants sont surpris à une assemblée près de Nîmes et meurent brûlés vifs ordonné par le maréchal de Montrevel (Massacre du moulin de l’Agau ).

Le 20 septembre les villages catholiques de Saturargues et de Saint-Sériès sont attaqués par les Camisards, 60 Saturarguois et 11 Saint-Sériains, hommes, femmes et enfants sont massacrés.

De leur côté les Huguenots français réfugiés à l’étranger, le marquis de Miremont notamment, tentent de convaincre les pays en guerre contre la France de débarquer des troupes pour appuyer les Camisards. Des navires anglais (« Secours« ) et hollandais s’approchent des côtes dans les environs de Sète mais Montrevel prend la menace au sérieux et fait surveiller les côtes, ce qui provoque l’échec de la tentative de jonction.

Cependant les troupes royales restent tenues en échec et en septembre, Basville décide de dépeupler les Cévennes afin d’isoler les Camisards de la population et de les laisser sans vivres ni ressources. Selon son plan, approuvé par le roi, les 31 paroisses désignées doivent être détruites et réduites en cendres. Leurs 13 212 habitants reçoivent l’ordre de rassembler leurs meubles et bestiaux et de gagner les villes et les bourgs surveillés par les Royaux. De septembre à décembre 1703 toutes ces paroisses sont incendiées avec au passage de nombreux meurtres et pillages commis par les miliciens florentins.

Mais, le 14 mars 1704, 1 100 Camisards commandés par Jean Cavalier remportent leur plus grande victoire, 400 à 600 soldats d’élite de la marine et 60 dragons sont mis en déroute à Martignargues, entre 180 et 350 soldats royaux sont tués lors de l’affrontement contre une vingtaine de morts pour les Camisards. À l’annonce de cette nouvelle, Louis XIV renvoie Montrevel et nomme un autre maréchal de France, Claude Louis Hector de Villars pour le remplacer.

En avril, 150 paysans sont massacrés par les Royaux à Branoux-les-Taillades et Saint-Paul-la-Coste.

Néanmoins, le 19 avril, deux jours avant son départ, Montrevel à la tête de 1 000 hommes bat Cavalier et s’empare même de son quartier général. Aussi le 30 avril, Jean Cavalier entame des négociations avec les Royaux.

Le 16 mai, Cavalier rencontre à Nîmes le maréchal de Villars (« entretien« ). Cavalier demande l’amnistie pour lui et ses hommes, l’autorisation de quitter la France et la libération des prisonniers. Une trêve est conclue en attendant la réponse du roi. Celle-ci arrive le 27 mai et permet à Cavalier, suivi d’une centaine de fidèles, de quitter la France le 23 juin, mais aucune garantie sur la liberté de culte, première revendication des camisards, n’est accordée par Versailles. La capitulation de Cavalier n’est pas du tout approuvée par les autres chefs camisards, en particulier Pierre Laporte, qui décident de poursuivre les combats (« deceu par entretien« ).

Fin juin, les Anglais et les Hollandais tentent de débarquer dans le golfe du Lion mais l’expédition échoue à cause d’une tempête (« Secours Narbonne deceu« ).

Des hommes de Cavalier s’étant joints à lui, Rolland commande 1 200 hommes. Cependant, trahi, Rolland est tué au château de Castelnau-Valence le 13 août 1704. Finalement en septembre et octobre, les chefs camisards, Castanet, Jouany, Couderc, la Rose et Mazel se soumettent. Ils sont autorisés à quitter la France et se réfugient en Suisse.

En décembre, les derniers irréductibles sont réduits par Villars. La guerre des Cévennes est terminée, Villars quitte la région et est remplacé par le maréchal de France Jacques Fitz-James de Berwick ; des troubles sporadiques se maintiennent jusqu’en 1710.

Malgré la pacification, Ravanel et Claris ont refusé de se soumettre, de même Mazel ne reste pas longtemps inactif et organise des assemblées il est néanmoins arrêté en janvier 1705. Plusieurs chefs camisards exilés, comme Catinat, Castanet ou Élie Marion ne tardent pas à rentrer en France et tentent de relancer la guerre. Ils sont cependant traqués par les troupes royales et ne disposent plus du soutien de la population, aussi la plupart sont rapidement capturés et exécutés. Castanet est roué vif à Montpellier en mars 1705.

En avril 1705, Vilas, un protestant de Genève s’associe avec Catinat et Ravanel et organise le complot de la « ligue des enfants de dieu » visant à enlever le duc de Berwick et Nicolas de Lamoignon de Basville, à prendre le port de Sète pour faire débarquer les troupes anglaises et soulever de nouveau les Cévennes. Mais le complot est déjoué, et une centaine de personnes sont arrêtées et jugées. Trente sont condamnées à mort parmi lesquels Vilas, roué vif, ainsi que Catinat et Ravanel qui sont brûlés vifs. Salomon Couderc périt à son tour sur le bûcher un mois plus tard.

De son côté, Jean Cavalier forme un régiment, en partie composé de Camisards, pour le service du Royaume d’Angleterre et combat contre le Royaume de France, néanmoins son régiment est détruit le 25 avril 1707 à la bataille d’Almansa, Cavalier, lui-même grièvement blessé se réfugie en Angleterre et cesse dès lors toute activité militaire.

Emprisonné, Abraham Mazel s’évade en juillet 1705 et s’enfuit en Angleterre. Il regagne la France en 1709 et tente d’organiser une nouvelle insurrection avec le soutien des Anglais. Mazel rassemble une centaine d’hommes, exige le rétablissement de l’édit de Nantes et la libération des Camisards prisonniers et galériens, capturés depuis la pacification. Mais les Camisards sont écrasés.

Mazel n’abandonne pas, en 1710, secondé par Claris, il tente d’organiser un débarquement de troupes anglaises. En juillet les Anglais débarquent à Sète mais face à l’arrivée de troupes françaises, réembarquent presque aussitôt. Finalement, dénoncé, Mazel est tué près d’Uzès le 14 octobre 1710. Claris est roué vif en octobre et Jouany est exécuté en 1711.

En 1713, le Royaume de France signe la paix avec le Royaume de Grande-Bretagne, la Guerre de Succession d’Espagne est presque terminée. À la demande de Anne, reine de Grande-Bretagne, Louis XIV gracie 136 galériens emprisonnés pour fait de religion, ils sont relâchés et exilés en Angleterre.

Les persécutions du Royaume de France contre les protestants cesseront définitivement le 7 novembre 1787 par l’Édit de Versailles, dit « édit de tolérance », signé par Louis XVI, et dont Chrétien François de Lamoignon de Bâville, le propre fils de Nicolas de Lamoignon de Basville avait été à l’origine.

Article Wikipédia Fort de Blaye.

La citadelle de Blaye est un complexe militaire de 38 hectares bâti entre 1685 et 1689 par l’architecte militaire François Ferry, directeur général des fortifications de Guyenne, sous la supervision de Vauban. Dominant l’estuaire de la Gironde, elle se situe dans la commune de Blaye, dans le nord du département de la Gironde (« L’entree de Blaye par Rochelle & l’Anglois« ), en France. Elle forme un vaste ensemble fortifié entouré de courtines, complété par quatre bastions et trois demi-lunes.

L’intérieur est conçu comme une véritable ville close s’articulant autour d’une place d’armes, d’un couvent abritant autrefois des religieux de l’ordre des minimes, et de plusieurs casernes. Plusieurs éléments des fortifications médiévales sont inscrits dans le nouvel ensemble, parmi lesquels le château des Rudel (XIIe siècle), la porte de Liverneuf (XIIIe siècle) ou la tour de l’Éguillette (XVe siècle).

Conçue pour être un « verrou » destiné à contrôler l’estuaire, la citadelle est complétée par le fort Paté, sur l’île Paté, et par le fort Médoc, situé sur la rive opposée de la Gironde.

Classée monument historique le 11 mai 2009, elle est également l’un des douze sites intégrés au Réseau des sites majeurs de Vauban et est à ce titre inscrite le 7 juillet 2008 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Elle est classée depuis le 20 décembre 2010 comme étant un site majeur d’Aquitaine.

Carte de l’estuaire de la Gironde et son système défensif.

Article Wikipédia Fort Lupin.

Fort Lupin est un fort construit par Vauban (commandée en 1683 la construction commencera en 1685 et se terminera en 1689, 4 ans de construction) sur la rive sud de l’estuaire de la Charente (« L’entree de Blaye par Rochelle & l’Anglois, Passera outre le grand Aemathien« ) dans le département de Charente-Maritime et la région Poitou-Charentes entre Soubise et Saint-Nazaire-sur-Charente.

Il a été construit pour défendre l’accès à Rochefort et son arsenal.

Vingt-deux embrasures en arc de cercle côté fleuve permettaient un tir rasant en direction des coques des navires ennemis.

Au centre, une tour-réduit, armée pour des tirs plongeant, logement pour les officiers, flanquée par deux casernes pour vingt-quatre hommes chacune de part et d’autre.

Fort Lupin est protégé, côté terre, d’un glacis, d’un chemin-couvert et d’un fossé en eau.

Il fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le . Le Fort Lupin est aujourd’hui un monument privé.

Sur les rives de l’estuaire, on trouve, en allant un peu plus vers la mer, vers Port-des-Barques :

Sur la même rive, la Fontaine Saint-Nazaire (1676), où les navires du Roi venaient s’approvisionner en eau en quittant l’arsenal de Rochefort.

Sur la rive nord, Fort Lapointe, dit aussi « Fort Vasou » construit en 1672 puis transformé au XVIIIe siècle.

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