L’invasion migratoire en France et en Europe (1) : début de l’invasion migratoire (1945-1972).
J’ai souvent eu en face de moi des musulmans hostiles, des Noirs africains qui me combattaient au point de vouloir me faire taire, d’utiliser toutes les techniques possibles pour obtenir ma censure sur les réseaux sociaux. Ces gens-là sont d’ailleurs souvent proches de l’extrême gauche et des réseaux soraliens. Alain Soral, qui fut classé à l’extrême gauche, proche des idées de Jean-Luc Mélenchon par le journal Frontières dans une cartographie de l’extrême gauche. Il y a une concordance d’intérêts dans la guerre qui est menée contre la France éternelle.

J’ai compris, à cette occasion, que l’islam politique a engagé une guerre religieuse et culturelle sur le sol français pour l’hégémonie.
C’est une guerre permanente, une lutte à mort qui est engagée. Il m’a paru essentiel d’en comprendre les tenants et les aboutissants, de comprendre comment mon pays a pu connaître un incroyable processus d’invasion migratoire. C’est une question essentielle dont il faut analyser le processus et les étapes. C’est le nœud de la guerre qui est menée en ce moment contre la population blanche et catholique. Elle est capitale, elle est fondamentale. C’est le fruit de cette intense réflexion que je vous propose dans cette série d’articles.
L’islam politique utilise LFI et l’association d’Alain Soral comme cheval de Troie pour entrer dans la vie politique française et obtenir l’élimination de ses adversaires. Deux fois dans ma vie, j’ai eu en face de moi, à des moments décisifs, l’islam politique via l’extrême gauche, puis l’association d’Alain Soral.

Une première fois, en 2014, j’ai été expulsé de mon logement de fonction par le GIGN, jeté en prison puis révoqué de la fonction publique. Le responsable fut le frère d’un député mélenchoniste, Marc Dollez. Une fois sorti de prison, j’ai connu la rue durant quelques jours.

Une deuxième fois en 2018, dénoncé par Alain Soral à la police alors que je l’avais contacté pour servir d’intermédiaire dans un voyage organisé dans le Donbass. Je fus de nouveau expulsé de mon logement et jeté à la rue.
Il m’a toujours paru étonnant que des gens qui prétendent défendre les modestes et se disent très sensibles à la question sociale aient tout fait pour me transformer en SDF. J’ai compris par la suite qu’il y avait deux choses qu’ils n’aimaient pas en moi : j’étais blanc et catholique. Eux ne s’intéressent qu’à l’islam et aux étrangers.
C’est en pensant à ces mésaventures que j’ai pris la décision de rédiger ce texte.
Le premier article s’ouvre avec la fin de la Seconde Guerre mondiale et les « Trente Glorieuses ». Il faut distinguer deux périodes :
- 1945 : le grand plan du général de Gaulle (I).
- 1945-1972 : mise en œuvre du grand plan (II).
I. Le « grand plan » du général de Gaulle (1945).
En 1945, au lendemain de la victoire contre le nazisme, le Gouvernement provisoire estimait avoir besoin de travailleurs étrangers afin de reconstruire la France. Il évaluait ce besoin à douze millions de personnes. Il ne s’agissait pas d’une immigration de travail, mais d’une immigration de peuplement. C’est ce que montre le message du général de Gaulle adressé, le 2 mars 1945, à l’Assemblée constituante :
« Ah ! Messieurs, nous touchons là à la cause profonde de nos malheurs et à l’obstacle principal qui s’oppose à notre redressement.
De quelque façon que nous organisions notre travail national, nos rapports sociaux, notre régime politique, notre sécurité même, s’il n’est acquis que, décidément, le peuple français ne se multiplie plus, alors la France ne peut plus rien être qu’une grande lumière qui s’éteint. Mais dans ce domaine encore, rien n’est perdu, pour peu que nous sachions vouloir.
Afin d’appeler à la vie les douze millions de beaux bébés qu’il faut à la France en dix ans, de réduire nos taux absurdes de mortalité et de morbidité infantile et juvénile, d’introduire au cours des prochaines années, avec méthode et intelligence, de bons éléments d’immigration dans la collectivité française, un grand plan est tracé qui va comporter des avantages attribués aux uns, des sacrifices imposés aux autres, pour qu’à tout prix soit obtenu le résultat vital et sacré.Dans le courant de cette année, le Gouvernement consultera l’Assemblée sur les premières mesures et les promulguera à temps pour qu’elles puissent jouer au moment tant attendu où rentreront nos hommes mobilisés, prisonniers, déportés, et où se fonderont ou renaîtront un grand nombre de foyers français. » (DM, Tome I, pp. 530-531)
Ce programme est appelé par le général de Gaulle « le grand plan ». Il déclare que des textes seront promulgués durant l’année 1945. Cela concerne principalement deux textes : la loi du 19 octobre 1945 qui instaure un code de la nationalité (A), et l’ordonnance du 2 novembre 1945 (B).
A. Loi du 19 octobre 1945 sur le code de la nationalité.
Les lois qui organisent l’immigration de travail sont toujours accompagnées d’une loi sur la nationalité, car, comme le dit le général de Gaulle, il faut repeupler la France avec les meilleurs éléments de l’immigration. Le travailleur immigré a vocation à s’installer en France pour fonder une famille et devenir Français. C’est la conception qui prédomine depuis le début de la République, avant même les grandes saignées de la Première et de la Seconde Guerre mondiale, comme le montrent les lois du 26 juin 1889 (1), du 10 août 1927 (2) et enfin la loi du 19 octobre 1945 (3).
1. La loi du 26 juin 1889.
La loi du 26 juin 1889 instaure le premier code de la nationalité.
C’est elle qui met en place le droit du sol.
Cela est prévu à l’article 8 de la loi :
« Tout Français jouira des droits civils.
Sont Français :
3° Tout individu né en France d’un étranger qui lui-même y est né ;
4° Tout individu né en France d’un étranger et qui, à l’époque de sa majorité, est domicilié en France, à moins que, dans l’année qui suit sa majorité, telle qu’elle est réglée par la loi française, il n’ait décliné la qualité de Français et prouvé qu’il a conservé la nationalité de ses parents par une attestation en due forme de son gouvernement, laquelle demeurera annexée à la déclaration, et qu’il n’ait en outre produit, s’il y a lieu, un certificat constatant qu’il a répondu à l’appel sous les drapeaux, conformément à la loi militaire de son pays, sauf les exceptions prévues aux traités. »
Il existe deux types de droit du sol : le simple droit du sol (alinéa 4) et le double droit du sol (alinéa 3).
Le droit du sol simple : être Français du fait de la naissance sur le territoire français à la majorité, sous certaines conditions :
- Ne pas avoir renoncé à la nationalité française.
- Ne pas avoir renoncé à la nationalité de ses parents.
- Résider en France au moment de la majorité.
- Avoir effectué son service militaire (pour les hommes).
Le double droit du sol : on exige que l’un des parents soit né en France. Autrement dit : enfant né en France et parent né en France. Il n’y a aucune autre condition. L’enfant est automatiquement Français à la naissance.
Cette nouvelle législation va devenir une véritable arme en faveur de l’immigration africaine et musulmane de masse.
2. La loi du 10 août 1927.
La loi du 10 août 1927 va assouplir les conditions de naturalisation.
Désormais, une mère française mariée à un père étranger peut transmettre la nationalité française.
La condition de résidence pour demander la naturalisation est réduite à trois ans.
De 1927 à 1938, le nombre de naturalisations s’élève à 38 000 par an en moyenne, jusqu’à atteindre 81 000 en 1938.
À partir de la crise de 1929 et de la montée du chômage, l’immigration est mal perçue. Elle provoque l’adoption de lois plus répressives.
La loi du 10 août 1932 établit des quotas.
Une loi d’avril 1933 réserve la pratique de la profession de médecin aux Français.
Le même type de mesure est pris pour les avocats l’année suivante.
3. La loi du 19 octobre 1945.
La loi du 19 octobre 1945 instaure un nouveau code de la nationalité.
Pour être naturalisé, il faut désormais cinq ans de résidence, alors qu’auparavant, il fallait trois ans.
B. Ordonnance du 2 novembre 1945.
L’ordonnance de 1945 va créer l’ONI (Office National de l’Immigration). Elle dispose du monopole du recrutement des travailleurs étrangers.
On souhaite désormais insérer la politique de l’immigration dans les mains de l’État. Auparavant, c’était le patronat qui décidait, par l’intermédiaire de la Société Générale d’Immigration, émanation du Comité des Houillères.
La Société Générale d’Immigration avait été créée en 1924 pour gérer l’arrivée de travailleurs immigrés au lendemain de la Première Guerre mondiale. Il fallait compenser la perte des ouvriers morts sur le front. Mais à l’époque, il s’agissait surtout d’une immigration européenne (Italiens, Espagnols, Portugais, Polonais, etc.).
II. La mise en œuvre du « Grand plan » (1945-1972).
Une fois la législation mise en place, il a fallu mettre en œuvre le « grand plan » en organisant l’arrivée de l’immigration africaine en Europe. C’est pour cela qu’il fallut organiser l’arrivée des immigrés africains en métropole (A), transformer juridiquement l’empire colonial (B) et signer des traités bilatéraux (C) afin de favoriser l’immigration.
A. Organisation par l’État de l’arrivée des immigrés africains en métropole.
Créé par l’article 33 de l’ordonnance de 1945, l’Office national d’immigration (ONI) se voyait conférer le monopole du recrutement et de l’introduction des travailleurs étrangers en France. Sa mission n’était pas celle d’une police des frontières, mais bien celle d’une agence de recrutement au service de l’économie nationale. L’ONI était l’outil par lequel l’État entendait planifier et diriger les flux de main-d’œuvre en fonction des besoins identifiés par les différents secteurs industriels.

La stratégie de l’ONI fut, dès le départ, sélective et orientée. La célèbre formule de l’époque, selon laquelle l’administration préférait installer des bureaux de l’ONI « plutôt à Milan qu’à Istanbul », illustre parfaitement cette politique de sélection des nationalités.
Initialement, la priorité fut donnée aux immigrations européennes (Italiens, Espagnols, Portugais), jugées plus faciles à assimiler et répondant aux critères ethniques et culturels définis par les penseurs de l’immigration de l’époque, tel Georges Mauco, qui joua un rôle clé dans l’élaboration de l’ordonnance.
Toutefois, le monopole de l’ONI fut rapidement dépassé en pratique.
L’immigration « spontanée », notamment algérienne puis portugaise, devint majoritaire, échappant au contrôle direct de l’Office.
L’échec apparent de l’ONI à maîtriser l’ensemble des flux n’était pas un signe de sa faiblesse, mais une volonté intrinsèque du système.
L’ONI gérait le canal « officiel », organisant des convois de travailleurs sous contrat, tandis que l’État, via les préfectures, gérait le canal « officieux » des régularisations.

Cette dualité offrait une soupape de sécurité et une flexibilité que le seul canal de l’ONI, plus rigide et bureaucratique, n’aurait pu fournir.
L’ONI était la vitrine ordonnée d’une politique dont l’arrière-boutique était le théâtre d’une gestion pragmatique et massive des arrivées « irrégulières ».
B. Transformation juridique de l’empire colonial pour favoriser l’immigration
Parallèlement à la mise en place de son appareil de gestion de l’immigration étrangère, l’État français a opéré une transformation juridique de son empire colonial. Cette mutation, incarnée par la création de l’Union française en 1946 (1) et le statut organique de l’Algérie française (2), n’était pas une simple concession aux mouvements indépendantistes, mais une manœuvre stratégique visant à redéfinir le statut des peuples colonisés pour les intégrer dans un nouveau cadre juridique permettant leur utilisation comme force de travail pour la métropole. L’octroi d’une « citoyenneté » ambiguë fut l’instrument clé de cette politique.
1. La création de l’Union française.
Face à la montée des nationalismes dans les colonies et à la pression internationale en faveur de la décolonisation après la Seconde Guerre mondiale, la France ne pouvait plus maintenir son empire en l’état. La création de l’Union française, inscrite dans le titre VIII de la Constitution du 27 octobre 1946, fut la réponse de la France à ce défi. Il s’agissait de remplacer le concept discrédité d’empire par une structure nouvelle, présentée comme une « union librement consentie », une sorte de « Commonwealth » à la française.
a. La hiérarchisation de l’Union française.
Cependant, la structure de cette Union relevait toujours d’une vision hiérarchique du pouvoir.
L’article 62 stipulait que :
« L’Union française est formée, d’une part, de la République française qui comprend la France métropolitaine, les départements et territoires d’outre-mer, d’autre part, des territoires et États associés. »
Nous avions donc :
- La France métropolitaine,
- Les départements et territoires d’outre-mer (DOM-TOM),
- Les territoires et États associés.
La souveraineté ultime demeurait à Paris : le président de la République française était de droit le président de l’Union, et les décisions étaient toujours prises par le Parlement français.
L’Union française était donc moins une fédération d’égaux qu’une réorganisation de l’empire destinée à préserver l’influence française sous une forme nouvelle et plus acceptable pour les populations de l’empire colonial.
b. La réforme de la citoyenneté.
L’innovation la plus lourde de conséquences de cette nouvelle architecture constitutionnelle fut l’article 80, qui proclamait :
« Tous les ressortissants des territoires d’outre-mer ont la qualité de citoyens au même titre que les nationaux français. »
En apparence, cette déclaration était révolutionnaire. Elle semblait abolir la distinction fondamentale entre le citoyen français et le « sujet colonial ».

Toutefois, cette citoyenneté était loin d’être pleine et entière. Elle était limitée par d’autres dispositions.
La plus notable était le maintien, dans la pratique, du système du « double collège » électoral, qui séparait les « citoyens de statut civil français » des « autochtones ».
Ce système assurait la prépondérance politique des premiers et démontrait que l’égalité proclamée était en grande partie une fiction juridique.
De plus, les ressortissants des TOM conservaient leur statut personnel (lié au droit coutumier ou religieux), ce qui, tout en étant une reconnaissance de leur spécificité, les maintenait dans une catégorie juridique distincte.
La conséquence la plus importante de cette nouvelle conception de la citoyenneté, du point de vue de l’histoire migratoire, fut l’établissement d’un fondement juridique pour la libre circulation des personnes depuis les territoires d’outre-mer vers la métropole.
En tant que « citoyens », ils ne pouvaient plus être soumis aux mêmes restrictions d’entrée et de séjour que les étrangers régis par l’ordonnance de 1945.
L’État français a ainsi créé un canal migratoire privilégié pour ses colonies, dont il allait user pour répondre à ses besoins de main-d’œuvre.
2. Le statut organique de l’Algérie du 20 septembre 1947.
Le cas de l’Algérie est le plus emblématique de cette politique visant à permettre aux habitants des colonies de venir travailler en métropole.
Avant même 1946, l’Algérie n’était pas considérée comme une colonie classique mais comme des départements français faisant partie intégrante du territoire de la République. Ses habitants étaient donc des nationaux français, sauf la majorité musulmane, soumise au statut colonial.
Le tournant décisif fut le Statut organique de l’Algérie du 20 septembre 1947.
En confirmant et en élargissant la citoyenneté française à tous les Algériens, ce texte a eu pour effet de légaliser leur liberté de circulation en métropole. Cela constitua la principale artère de l’immigration de travail africaine vers la France.
Ce flux, qui allait devenir le plus important de la période, n’était donc pas le résultat d’une pression migratoire subie, mais la conséquence directe d’une décision de l’État français.
Cette décision répondait à une double logique :
- satisfaire les besoins colossaux de l’industrie française en main-d’œuvre non qualifiée, abondamment disponible en Algérie ;
- intégrer plus étroitement l’Algérie à la métropole pour contrer les aspirations indépendantistes.
En faisant des Algériens des travailleurs essentiels à l’économie métropolitaine, l’État espérait renforcer les liens de dépendance et étouffer le nationalisme.
C. Signature de traités bilatéraux après l’indépendance des pays africains.
Si la redéfinition du statut des ressortissants de l’Union française a créé un cadre juridique général favorisant la mobilité des populations de l’empire colonial, l’État français ne s’est pas contenté d’attendre passivement que les travailleurs viennent à lui. Au contraire, il a mené une politique diplomatique offensive pour organiser et sécuriser son approvisionnement en main-d’œuvre, notamment après les indépendances africaines. Ce fut la signature d’une série d’accords bilatéraux avec plusieurs pays du continent africain, en distinguant l’Afrique du Nord (1) et l’Afrique noire (2).

1. Les accords avec les pays d’Afrique du Nord.
Le modèle le plus structuré et le plus explicite de cette politique de recrutement étatique se trouve dans les conventions signées avec les pays d’Afrique du Nord.
- La convention de main-d’œuvre avec le Maroc fut signée à Rabat le 1er juin 1963.
- La convention de main-d’œuvre avec la Tunisie fut signée le 9 août 1963.
Le cas de l’Algérie est particulier.
L’accord d’Évian, et en particulier l’article 7 du décret du 18 mars 1962, prévoyait la liberté de circulation entre la France et l’Algérie. Cela permettait donc la libre circulation des travailleurs algériens vers la métropole.
En 1964, un premier accord franco-algérien relatif à l’emploi et au séjour fut signé afin d’encadrer juridiquement ce droit de circulation et d’installation.
Mais c’est avec l’accord franco-algérien du 27 décembre 1968 qu’un véritable statut privilégié fut fixé pour les ressortissants algériens :
- ils n’avaient pas besoin de visa pour entrer en France ;
- ils obtenaient automatiquement une carte de séjour après trois mois ;
- ils avaient un accès facilité au marché du travail.
2. Les accords avec l’Afrique noire.
Pour les pays d’Afrique noire issus de l’ancien empire, la France a maintenu des liens privilégiés par le biais d’accords de coopération et de conventions spécifiques qui, sans être des accords de « recrutement » au sens strict, garantissaient une circulation facilitée.
a. Sénégal, Mali et Mauritanie.
Sénégal : après l’indépendance, le 4 avril 1960, des accords de coopération furent signés. Un instrument clé fut la Convention de sécurité sociale, assurant l’égalité de traitement entre travailleurs français et sénégalais, ce qui rendait leur embauche en France administrativement simple.

Mali : des accords de coopération technique, culturelle et judiciaire furent signés les 2 février et 9 mars 1962. S’ils ne portaient pas spécifiquement sur la main-d’œuvre, ils permettaient de maintenir une mobilité facilitée.

Mauritanie : après l’indépendance en 1960, un accord de coopération fut signé le 19 juin 1961, puis une Convention sur la circulation des personnes le 15 juillet 1963, qui organisa les conditions d’entrée et de séjour entre les deux pays.

b. Le reste de l’Afrique noire.
Cette politique d’accords régissant la circulation et le séjour s’étendit à de nombreux autres pays d’Afrique francophone, assurant à la France un réservoir de main-d’œuvre et une sphère d’influence post-coloniale.
Quelques exemples :
- Bénin (Dahomey) : après l’indépendance du 1er août 1960, une convention relative à la circulation et au séjour des personnes fut signée avec la France.
- Burkina Faso (Haute-Volta) : accords de coopération signés le 24 avril 1961.
- Cameroun : accords de coopération signés dès le 13 novembre 1960, suivis de discussions sur la circulation des personnes ; un accord de coopération judiciaire fut signé le 21 février 1974.
- Congo-Brazzaville : accord sur les droits fondamentaux des nationaux signé le 1er janvier 1974, garantissant les libertés publiques sur le territoire de l’autre État.
- Côte-d’Ivoire : convention relative à la circulation des personnes signée le 21 février 1970, instaurant une grande liberté de circulation (révisée en 1976 pour mieux contrôler les flux).
- Gabon : convention d’établissement signée le 17 août 1960, suivie d’une convention sur la circulation des personnes le 12 février 1974.
- Niger : accord de coopération signé le 24 avril 1961, incluant un régime préférentiel de libre circulation.
- Togo : convention sur la circulation des personnes signée le 25 février 1970, instaurant un régime libéral (elle sera également révisée plus tard).
D. Gestion et contrôle de la population immigrée : la SONACOTRA.
L’intervention de l’État français dans l’organisation de l’immigration africaine ne se limita pas à la législation et au recrutement. Dans le cadre du « grand plan », elle s’étendit à la gestion et au contrôle de la population immigrée une fois installée sur le territoire métropolitain.
L’exemple le plus frappant est la création et le développement de la SONACOTRA, une entreprise d’État dont la mission officielle de logement dissimulait un objectif plus profond de surveillance et d’encadrement, en particulier de la main-d’œuvre algérienne.

1. Création de la SONACOTRA.
La Société nationale de construction de logements pour les travailleurs algériens (SONACOTRA) fut fondée en 1956.
Sa création répondait directement à la prolifération des bidonvilles qui, au milieu des années 1950, abritaient une large part des travailleurs algériens, notamment en région parisienne (le bidonville de Nanterre regroupait plus de 14 000 personnes avant sa destruction).

Un fait révélateur : l’initiative ne vint pas du ministère du Logement ou des Affaires sociales, mais du ministère de l’Intérieur. Dès le départ, la SONACOTRA fut pensée comme un instrument de contrôle et de sécurité, bien plus que comme une politique sociale.
2. Système de surveillance.
En pleine guerre d’Algérie, les bidonvilles étaient perçus non seulement comme des zones d’insalubrité, mais aussi comme des foyers du FLN et des espaces d’insoumission politique.
La politique de « résorption de l’habitat insalubre » était donc indissociable d’une stratégie de contre-insurrection. Les foyers de travailleurs, gérés par la SONACOTRA, devinrent des instruments de contrôle social.
L’objectif était clair : loger les FMA (Français musulmans d’Algérie) pour les surveiller et les encadrer.
3. Importation de l’administration coloniale.
Le modèle de gestion des foyers reproduisait directement les pratiques de l’administration coloniale : paternaliste, autoritaire et fondé sur la surveillance.
- Les directeurs et gérants étaient souvent d’anciens militaires, gendarmes ou administrateurs coloniaux.
- Le préfet Jean Vaujour, ancien directeur de la Sécurité générale en Algérie, fut nommé directeur général.
- Le fonctionnement des foyers était quasi militaire : rondes avec chiens, intrusions dans les chambres sans prévenir, discipline coercitive.
Ces structures furent rapidement surnommées les « foyers-prisons » par leurs occupants.

En tant que société d’économie mixte financée par des fonds publics, la SONACOTRA devint un acteur central de la politique d’immigration et d’aménagement du territoire.
Sa mission dépassait le logement : il s’agissait de reproduire en métropole le contrôle colonial, sous une nouvelle forme institutionnalisée.