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V-33 : Massacre de Carlier à Nantes (1793).

Des principaux de cité rebellee,
Qui tiendront fort pour liberté ravoir.
Detrancher masles, infelice meslee,
Crys, heurlemens à Nantes piteux voir.

Représentation des noyades de Nantes,Paris, BnF, département des estampes, entre 1798 et 1817.

.Nantes (« à Nantes »), la principale ville (« Des principaux ») tenue par les révoltées vendéens (« de cité rebellee ») sera livrée aux massacres (« Crys, heurlemens ») au nom de la liberté (« Qui tiendront fort pour liberté ravoir »).

On guillotinera de nombreux hommes (« Detrancher masles ») alors que l’on attachera les mains avec des cordes pour d’autres personnes (« infelice meslée »). D’insoutenables hurlements (« Crys, heurlemens ») seront entendus sur les rives de la Loire, lorsque Carrier fera noyer des milliers de gens. La scène provoquera la pitié pour ceux qui y assisteront (« piteux voir »).

Page Wikipédia Jean-Baptiste Carrier.

Jean-Baptiste Carrier, né le 16 mars 1756 à Yolet, près d’Aurillac et mort guillotiné le 16 décembre 1794 (26 frimaire an III à Paris), est un homme politique français, un des acteurs de la Révolution française, et particulièrement de la Terreur. Son nom reste associé aux massacres, fusillades et noyades de Nantes qu’il a ordonnés entre décembre 1793 et février 1794. Ces actes ont amené certains historiens à qualifier les pratiques de Carrier comme étant des actes rentrant dans la qualification juridique de crimes de génocide.

Fils de Jean Carrier et de Marguerite Puex, il est le troisième enfant de cette famille composée de trois filles et de trois garçons. Il épouse le 4 octobre 1785 Françoise Laquairie. En 1784, Jean-Baptiste Carrier, à force de travail, parvient à obtenir la place de procureur à Aurillac, mais son office est supprimé en 1789.
En 1790, il est conseiller pour le bailliage d’Aurillac.

Les débuts de la Convention (septembre 1792-septembre 1793).

En septembre 1792, il est élu député à la Convention nationale par le département du Cantal grâce à la victoire des extrémistes. Il était déjà connu comme orateur et comme l’un des membres influents des clubs des Cordeliers et des Jacobins. Il s’oppose violemment à Guillaume François Laennec. Après la prise de contrôle des Flandres, il y est nommé commissaire par la Convention à la fin de 1792. L’année suivante, il vote pour l’exécution du roi Louis XVI (janvier 1793), puis il prend part à l’établissement du Tribunal révolutionnaire, est l’un des premiers à demander l’arrestation du duc Philippe d’Orléans (1747-1793) et joue un rôle essentiel dans la chute des Girondins. Durant l’été 1793, il est envoyé en mission en Normandie pour y réprimer les fédéralistes girondins.

Carrier à Nantes (septembre 1793-février 1794).

Après ses missions en Normandie et une autre à Rennes, il est envoyé à Nantes en vendémiaire an II (septembre 1793) pour faire cesser la révolte vendéenne par les moyens les plus extrêmes.

À cette date, après la bataille de Nantes (29 juin 1793), la situation militaire s’est un peu améliorée : les armées républicaines, l’Armée des côtes de Brest, commandée par Canclaux, l’Armée des côtes de La Rochelle (Beysser) et l’Armée de Mayence, avec Kléber, sont en opération dans le sud du département et dans l’ouest du Maine-et-Loire. Les Républicains subissent deux revers : à Tiffauges (18 septembre) et à Montaigu (21 septembre). Beysser est destitué et convoqué à Paris.
Des changements importants ont lieu à la fin du mois de septembre : la formation de l’Armée de l’Ouest, regroupant sous le commandement de Léchelle l’Armée de La Rochelle et l’Armée de Mayence, ainsi que les forces de l’Armée de Brest opérant en Loire-Inférieure. Canclaux est privé de son commandement, qui passe à Rossignol. Cette armée réorganisée remporte une victoire importante à Cholet (17 octobre), les Vendéens de l’Armée du Haut-Poitou s’engagent alors au nord de la Loire dans la Virée de Galerne et sont écrasés le 23 décembre à Savenay. Des forces militaires vendéennes, il ne reste plus que l’Armée de Charette contre laquelle des opérations sont engagées au début de 1794.
Ces succès militaires amènent un nombre considérable de prisonniers dont plusieurs milliers sont amenés à Nantes et s’entassent dans les prisons. En décembre 1793, une commission militaire formée au cours de la Virée de Galerne, la commission Bignon, s’installe à Nantes.

La répression à Nantes.

Portrait de Jean-Baptiste Carrier en médaillon au-dessus d’une représentation des noyades de Nantes, Carrier prend la ville en charge en s’appuyant sur le club Vincent-la Montagne, particulièrement sur un Comité révolutionnaire dirigé par les sans-culottes Chaux et Goullin. De plus, il forme une brigade de police politique, le groupe Lamberty ainsi qu’un corps d’hommes déterminés, appelé la « Compagnie Marat » ou les « hussards américains »(du fait de la présence dans leurs rangs d’anciens esclaves ou colons de Saint-Domingue), qui multiplient les violences.
Il existe d’autre part un tribunal révolutionnaire, formé dès mars 1793, qui continue d’opérer sous Carrier. Les grands massacres concernent les prisonniers militaires et sont dus aux fusillades dirigées par la Commission Bignon et aux noyades.

Les fusillades.

De la fin décembre 1793 à la fin février 1794, 2 600 prisonniers sont fusillés.

Les noyades.

Il fait aussi mourir de nombreux condamnés ou prisonniers en les faisant noyer dans la Loire, procédé que Carrier appelait « la déportation verticale », la Loire étant en conséquence qualifiée dans ses écrits de « fleuve républicain ». À Nantes, entre décembre 1793 et février 1794, entre 8 000 à 9 000 hommes, femmes et enfants (la majorité des Vendéens fait prisonniers après la bataille de Savenay) sont enfermés à la prison de l’Entrepôt des cafés. Les noyades et les fusillades ajoutées au froid, à la faim et au typhus exterminèrent la population carcérale en quelques semaines. Le bilan sera terrible : en février 1794, seules quelques-unes des 8 000 à 9 000 personnes emprisonnées à l’entrepôt auront échappé à la mort. Ces massacres ont amené certains historiens à qualifier les pratiques de Carrier comme étant des actes rentrant dans la qualification juridique de crimes de génocide.

Les difficultés.

Francastel, Tréhouart et Prieur de la Marne, membre du comité de salut public, sont dénoncés par Jean-Baptiste Carrier pour leur modérantisme. Il exhortait à la répression la plus féroce : « Il vous est ordonné, écrit-il au général Haxo, d’incendier toutes les maisons des rebelles, d’en massacrer tous les habitants et d’en enlever toutes les subsistances ». Sur son ordre, il entérine les décisions des sans-culottes qui envoient à Paris 132 notables nantais, modérés et girondins, pour être jugés et guillotinés. S’il proteste que parfois ses instructions ne sont pas suivies : « J’avais écrit à Francastel à Angers, de les faire noyer en cet endroit, mais le foutu coquin n’a pas osé le faire », Francastel les reçoit très mal à Angers et Carrier n’a pas voulu les faire mourir à Nantes, ce qui incite à penser que ses pouvoirs sont plus limités qu’il ne le dit et que l’histoire le retient. Tréhouart ayant à sa disposition un brigand, Le Batteux, qui pillait les campagnes au nom de Jean-Baptiste Carrier, ce dernier le dénonça au Comité de salut public comme contre-révolutionnaire et fédéraliste. Le Comité de salut public pencha en faveur de Jean-Baptiste Carrier, mais Jullien de Paris, fils du député de la Drôme à la Convention (Marc-Antoine Jullien), agent de ce Comité, ayant, lors de son séjour à Nantes, constaté la folie meurtrière de Jean-Baptiste Carrier, appuiera les dires de Tréhouart.
On dit que son esprit avait été perturbé par les horreurs qu’il avait vues durant les affrontements avec les royalistes et par son alcoolisme. Il fait sur la fin de son séjour à Nantes arrêter 132 notables en les accusant de fédéralisme. Mais sentant le vent tourner, Carrier demanda dans le même temps son rappel à Paris, qu’il obtint le 20 pluviôse an II. Il repart à Paris surtout parce qu’il s’est opposé aux sans-culottes nantais et qu’il a été dénoncé par Jullien auprès de Robespierre. Carrier est décrit comme un proconsul sanguinaire. Carrier est proche alors des Hébertistes parisiens, il n’est pas concerné par leur élimination en mars 1794, mais comme Fouché il était opposé à Robespierre.

Sa chute.

Il est alors nommé secrétaire de la Convention et prend part à la chute de Robespierre le 9 thermidor an II (27 juillet 1794). Les Thermidoriens le laissent tout d’abord en paix mais, couverts d’injures par lui et disposant de témoignages accablants à son encontre du Comité révolutionnaire de Nantes, ils décrètent son arrestation le 3 septembre 1794. Les notables nantais emprisonnés, transférés à Paris pour y être jugés, sont acquittés (Affaire des 132 modérés nantais). Carrier est amené à ce procès devant le Tribunal révolutionnaire, mais se défend avec maladresse. Rejetant toute responsabilité, il dit avoir agi selon des consignes venant de la Convention. Sentant le vent tourner, Joseph Fouché, qui porte la responsabilité des massacres lyonnais, comprend l’utilité de présenter Carrier en bouc-émissaire et demande au journaliste Gracchus Babeuf de monter une campagne de presse contre celui-ci. Le 29 octobre 1794, la Convention forme une commission pour enquêter et le 13 novembre, l’Assemblée vote la levée de son immunité parlementaire. Le 27 novembre, Carrier est mis en accusation. Il fait alors le procès de l’assemblée en s’écriant : « Tout est coupable ici, jusqu’à la sonnette du président. Vous serez tous enveloppés dans une proscription inévitable ». Lors du procès du Comité nantais, il est chargé par ses ex-complices dans le rapport de Charles-Gilbert Romme, et guillotiné en place de Grève le 26 frimaire an III (16 décembre 1794), contrairement à Jean-Jacques Goullin qui réussit à obtenir son acquittement.

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