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X-22 : le mariage de Charles Ier (1625).

Portrait de Charles Ier et de Henriette Marie par Antoine van Dyck, Palais Pitti, Florence.

A cause de son refus de divorcer (« Pour ne vouloir consentir au divorce ») d’avec la française Henriette Marie, le Parlement déclarera Charles Ier indigne d’exercer le rôle de roi (« Qui puis apres sera cogneu indigne »). Il sera chassé du trône par la force (« Le Roy des isles sera chassé par force ») et sera exécuté. Celui qui le remplacera (« Mis à son lieu ») n’aura pas le titre de roi (« qui de roy n’aura signe »).

Article Wikipédia Charles Ier.

Le 11 mai 1625, Charles fut marié par procuration à Henriette Marie devant les portes de la cathédrale Notre-Dame de Paris avant que le Parlement ne se soit rassemblé pour interdire la publication des bans. De nombreux députés étaient opposés à l’union du roi à une catholique car ils craignaient que Charles Ier ne lève les discriminations à l’encontre des catholiques et ne sape l’autorité de l’Église d’Angleterre (“Pour ne vouloir consentir au divorce“). Même s’il avait assuré au Parlement qu’il ne relâcherait pas les restrictions concernant les récusants, il promit de le faire dans une clause secrète du contrat de mariage signé avec Louis XIII. De plus, dans le cadre du mariage, Charles Ier promit d’apporter son soutien aux efforts français pour réprimer la révolte des huguenots de La Rochelle ; cela représentait un renversement complet de la longue politique anglaise concernant les guerres de religion en France. Le couple se maria en personne le 13 juin 1625 à Cantorbéry. Charles Ier fut couronné le 2 février 1626 à l’abbaye de Westminster mais Henriette Marie fut obligée de rester à l’extérieur en raison de la polémique. Ils eurent sept enfants dont trois fils et trois filles atteignirent l’âge adulte.

Les inquiétudes concernant les politiques religieuses de Charles Ier s’accrurent en raison de son soutien à un ecclésiastique controversé, Richard Montagu. Dans ses pamphlets, il s’opposa à la prédestination calviniste et entra en conflit avec les puritains. Lorsqu’un député puritain de la Chambre des Communes, John Pym, attaqua le pamphlet de Montagu lors d’un débat, ce dernier demanda l’aide du roi dans un pamphlet appelé Appello Caesarem en référence à la défense de Paul de Tarse contre les persécutions dont il était victime de la part des juifs. Charles Ier fit de Montagu l’un des chapelains royaux ce qui accrut la méfiance de nombreux puritains qui craignaient que cette promotion de l’arminianisme ne soit une tentative clandestine pour permettre une résurgence du catholicisme au sein de l’Église d’Angleterre.

Tout au long du règne de Charles Ier, la question de l’étendue de la Réforme anglaise fut constamment ramenée au-devant du débat politique. La théologie arminianiste mettait l’accent sur l’autorité du clergé et la capacité individuelle à rejeter le Salut et était donc jugée hérétique et accusée de préparer le potentiel retour du catholicisme par ses opposants. Les sympathies de Charles Ier pour cette doctrine et en particulier son désir d’éloigner l’Église d’Angleterre du calvinisme vers une direction plus traditionnelle lui valait l’hostilité des puritains. Depuis le début de la Réforme protestante, les protestants avaient souvent fait l’objet de persécutions de la part de leurs souverains comme en France et plus récemment lors de la guerre de Trente Ans. Les sujets anglais s’inquiétaient donc du manque de soutien de leur souverain à la cause protestante en Europe et ses tentatives de rapprochement avec l’Espagne catholique.

Charles Ier fut emmené au château de Hurst à la fin de l’année 1648 puis au château de Windsor. En janvier 1649, le Parlement créa un tribunal spécial pour juger Charles Ier pour haute-trahison (“Qui puis apres sera cogneu indigne“). Après la première guerre civile, les parlementaires avaient accepté l’idée que le roi, bien qu’ayant agi injustement, avait été capable de justifier son combat et qu’il avait toujours le droit de régner avec des pouvoirs limités au sein d’une monarchie constitutionnelle. Néanmoins, en provoquant la seconde guerre civile alors qu’il était en détention, Charles Ier s’était rendu coupable d’un bain de sang injustifiable. Le traité secret avec les Écossais était jugé particulièrement inexcusable (“Le Roy des isles sera chassé par force“).

L’idée de juger un roi était néanmoins inédite car dans des situations similaires, Édouard II, Richard II et Henri VI avaient été renversés et assassinés sans procès par leurs successeurs. Charles Ier fut accusé de trahison contre l’Angleterre pour avoir utilisé son pouvoir pour ses gains personnels plutôt que pour le bien de la nation. Les accusations contre Charles Ier spécifiaient que le roi, « pour accomplir ses desseins et pour se soutenir, lui et ses adhérents, dans les coupables pratiques auxquelles il se livrait à cette intention, a traîtreusement et malicieusement pris les armes contre le présent Parlement et le peuple qu’il représente » et que les « desseins pervers, guerres et pratiques pernicieuses dudit Charles Stuart, ont eu et ont pour objet de soutenir l’intérêt personnel de sa volonté, de son pouvoir et d’une prétendue prérogative attribuée à lui et à sa famille, au préjudice de l’intérêt public, des droits et des libertés du peuple, de la justice et du repos de cette nation ».

Selon les estimations contemporaines, 84 830 personnes seraient mortes durant les deux guerres civiles et environ 100 000 autres auraient été victimes des maladies et des pénuries liées aux combats. En 1650, l’Angleterre comptait 5,1 millions d’habitants et ces pertes représentaient environ 3,5 % de la population totale. Les charges contre le roi le tenaient également « responsable des dites guerres dénaturées, cruelles et sanglantes et par là coupable de tous les meurtres, trahisons, rapines, incendies, ravages, désolations, dommages et méfaits à l’égard de cette nation ».

La Haute-Cour de Justice présidée par John Bradshaw comprenait 135 commissaires mais seulement 68 y participèrent réellement (tous de fervents parlementaires) ; l’accusation était menée par l’avocat général John Cook. Le procès de Charles Ier pour haute-trahison et « autres hauts-crimes » commença le 20 janvier 1649 mais Charles Ier refusa de se défendre en avançant qu’aucun tribunal n’avait le pouvoir de juger un monarque. Il considérait que son autorité venait de Dieu et des traditions et lois d’Angleterre et que le pouvoir revendiqué par ceux qui le jugeaient venait simplement de la force des armes. Charles Ier insista sur le fait que le procès était illégal en expliquant que « quant aux lois du pays, aucun jurisconsulte instruit n’affirmera, j’en suis certain, qu’on puisse porter une accusation contre le roi puisque toutes se font en son nom. Une de leurs maximes est que le roi ne peut faire mal ». Lorsqu’on lui imposa de plaider, il réaffirma son objection en déclarant « Faites moi donc connaître par quelle autorité légitime je suis ici et je ne refuserai pas de répondre ». À l’inverse, le tribunal proposa une interprétation de la loi qui légitimait le procès : « la proposition fondamentale est que le roi d’Angleterre n’est pas une personne mais une fonction dont chaque occupant reçoit un droit limité à gouverner « par et selon les lois du pays et non l’inverse » ».

Durant la semaine du procès, Charles Ier refusa à trois reprises de plaider. Il était alors courant de considérer que le refus de plaider était équivalent à une admission de culpabilité. Le roi fut déclaré coupable lors d’une audience publique le 27 janvier 1649 et condamné à mort. Après le jugement, il fut emmené du palais St. James où il était emprisonné au palais de Whitehall où un échafaud fut installé en face de la Maison des banquets.

Après le renversement du roi, une république appelée Commonwealth d’Angleterre fut instaurée et le pouvoir fut confié à un Conseil d’État comptant entre-autres Thomas Fairfax, 3e Lord Fairfax, le général en chef de l’armée parlementaire et Oliver Cromwell (“Mis à son lieu qui de roy n’aura signe“). L’exécution du roi ne mit pas fin à l’opposition entre les parlementaires et les royalistes et les combats reprirent lors de la troisième guerre civile et la conquête cromwellienne de l’Irlande. En 1653, toute opposition militaire au Parlement et à la New Model Army avait été écrasée. Le « Parlement croupion », successeur du « Long Parlement », perdit une grande partie de son influence jusqu’à ce que Cromwell ne le dissolve complètement en 1653. Il prit alors le titre de Lord Protecteur et gouverna seul le Protectorate d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande. Il s’agissait d’une monarchie n’en portant pas le nom (“Mis à son lieu qui de roy n’aura signe“) et il fut « investi » sur la chaise traditionnellement utilisée pour les couronnements. À sa mort le 3 septembre 1658, son fils Richard Cromwell lui succéda mais abdiqua le 25 mai 1659. Le « Long Parlement » fut rappelé le 21 février 1660 et après les premières élections en vingt ans, les députés accordèrent la Couronne au fils aîné de Charles Ier qui monta sur le trône sous le nom de Charles II. Après la Restauration, les régicides furent jugés et les corps de Cromwell et de Bradshaw furent exhumés et soumis à un rituel d’exécution posthume. Charles Ier fut également canonisé par l’Église d’Angleterre et il est célébré le 30 janvier.

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