Site icon Laurent Chaulveron

III-80 : Déchéance de Charles Ier (1649).

Charles Ier tient un conseil de guerre la veille de la bataille de Edgehill ; Charles Landseer, 1845.

Le roi légitime de l’Angleterre (« Du regne Anglois ») sera chassé du pouvoir (« l’indigne deschassé »), après avoir livré (« mis à feu ») son conseiller Stafford (« Le conseillier »), à la fureur du peuple (« par ire »), afin d’échapper lui-même au feu de la sédition.

Ses compatriotes écossais (« ses adhérens ») se comporteront avec tant de bassesse (« iront si bas tracer »), qu’un usurpateur (« le bastard ») sera reçu (« à demy receu ») par le peuple anglais. Il s’agit d’Oliver Cromwell qui ne portera pas le titre de roi.

Article Wikipédia Charles Ier.

Charles Ier () fut roi d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande de 1625 à son exécution en 1649.

Dès le début de son règne, Charles Ier affronta le parlement d’Angleterre pour accroître ses revenus alors que ce dernier cherchait à limiter les prérogatives royales que le roi considérait être de droit divin. Ses interférences dans les affaires religieuses des Églises d’Angleterre et d’Écosse et ses hausses d’impôts sans l’accord du Parlement furent très mal acceptées par ses sujets qui le considéraient comme un monarque absolu et un tyran. De même son refus de soutenir les forces protestantes durant la guerre de Trente Ans associé à son mariage à une princesse catholique souleva des interrogations quant à sa religion. Charles Ier s’allia également à des figures ecclésiastiques controversées comme Richard Montagu et William Laud qu’il nomma archevêque de Cantorbéry. De nombreux sujets, dont les puritains, considéraient que cela rapprochait trop l’Église d’Angleterre de l’Église catholique. Ses tentatives pour imposer des réformes religieuses en Écosse furent la cause des guerres des évêques qui renforcèrent la position des parlements anglais et écossais et précipitèrent la chute du roi.

Les dernières années de Charles Ier furent marquées par la première Révolution anglaise au cours de laquelle il affronta les forces parlementaires. Ses troupes furent défaites lors de la première guerre civile (1642-1645) et le Parlement escomptait qu’il accepterait ses demandes de monarchie constitutionnelle. Il refusa de négocier et forgea une alliance avec l’Écosse avant de s’enfuir sur l’île de Wight. Cela déclencha une deuxième guerre civile (1648-1649) et Charles Ier fut battu, arrêté, jugé et exécuté pour haute trahison (“Du regne Anglois l’indigne deschassé“). La monarchie fut alors abolie et une république appelée Commonwealth d’Angleterre fut instaurée avec Oliver Cromwell à sa tête. En 1660, la monarchie fut restaurée et le fils aîné de Charles Ier monta sur le trône sous le nom de Charles II.

Le Long Parlement se réunit en novembre 1640 et se révéla aussi difficile à gérer pour Charles Ier que l’avait été le Court Parlement. Il lança rapidement une procédure de destitution contre Laud pour haute-trahison qui fut couronnée de succès le 18 décembre. Le Lord du Sceau Privé John Finch fut destitué le lendemain et il s’enfuit pour La Haye avec l’accord du monarque le 21 décembre. Pour empêcher le roi de le dissoudre à son gré, le Parlement vota le Dissolution Act qui reçut une sanction royale en février 1641. La législation imposait que le Parlement soit réuni pour une session d’au moins cinquante jours tous les trois ans et que si le roi ne le convoquait pas, les députés pouvaient se rassembler de leur propre chef.

Le 22 mars 1641, Strafford, qui était devenu la cible des parlementaires, en particulier de John Pym, fut jugé pour haute-trahison. Les preuves fournies par Henry Vane accusaient Strafford d’avoir utilisé l’armée irlandaise pour menacer l’Angleterre mais ces dernières ne furent pas corroborées et les charges furent abandonnées le 10 avril. Pym demanda immédiatement une bill d’attainder signifiant essentiellement que, quels que soient les torts de Strafford, il pourrait être exécuté sur un simple vote du Parlement[106]. Charles Ier assura néanmoins Strafford qu’il ne signerait pas la loi et les Lords s’opposaient à la sévérité de la sentence. Néanmoins la révélation d’un projet de coup d’État par l’armée en faveur de Strafford fit évoluer les opinions. La loi fut facilement adoptée par la Chambre des Communes (204 voix pour, 59 contre et 250 abstentions), par la Chambre des Lords et Charles Ier, craignant pour la sécurité de sa famille, la signa le 10 mai. Le comte de Strafford fut décapité deux jours plus tard (“Le conseillier par ire mis à feu“).

En mai 1641, Charles Ier approuva une législation sans précédent qui empêchait la dissolution du parlement anglais sans l’accord du Parlement. La Ship Tax, la Distraint of Knighthood et les emprunts forcés furent déclarés illégaux, les monopoles furent démantelés et les tribunaux de la Chambre étoilée et de la Haute-Commission furent abolis par l’Habeas Corpus et le Triennial Act. Toutes les autres formes de taxation furent légalisées et régulées par le Tonnage and Poundage Act. Le 3 mai, le Parlement adopta la Protestation de 1641 par laquelle ceux qui signaient la pétition promettaient de défendre la « véritable religion réformée », le Parlement et l’honneur, les possessions et la personne du roi. Durant le mois de mai, la Chambre des Communes adopta plusieurs législations attaquant les évêques et l’épiscopalisme en général mais ces lois furent toutes rejetées par la Chambre des Lords.

Même s’il avait consenti à plusieurs concessions importantes, Charles Ier renforça sa position militaire en obtenant le soutien des Écossais (“Ses adherans“) durant l’été après avoir promis l’établissement officiel du presbytérianisme. Il parvint ainsi à rassembler les opposants au Parlement mais un complot royaliste visant à enlever un groupe de nobles écossais sapa sa crédibilité.

Au printemps 1642, les deux camps rassemblèrent leurs forces en vue de la conflagration à venir. En avril le roi part à Hull pour prendre possession de l’arsenal, mais le gouverneur de la ville fidèle au Parlement le repousse. Pour ne pas apparaître comme un fauteur de guerre, le Parlement envoya au roi début juin 1642 ses « Dix-Neuf propositions » pour que la paix soit préservée. Le roi rejeta globalement les demandes, refusant par déclaration du 18 juin ce qu’il considérait, à juste titre, comme une transformation radicale du gouvernement traditionnel du royaume. En conséquence le 12 juillet les Communes votaient la levée d’une armée. Charles Ier partit pour Nottingham où il entreprit de lever une armée contre le Parlement, s’y s’installant le 22 août 1642 puis à Oxford d’où il contrôlait les Midlands, le Pays de Galles, le West Country et le Nord de l’Angleterre. Le Parlement conservait Londres, l’Est et le Sud-Est de l’Angleterre. Charles Ier rassembla ses troupes en utilisant la méthode archaïque de la Commission of Array par laquelle les commissaires, qui étaient des officiers expérimentés, pouvaient enrôler tous les hommes valides de leur comté.

La première guerre civile éclata véritablement le 26 octobre 1642 avec la bataille de Edgehill qui se révéla indécise. Aucun camp ne parvint à prendre l’avantage jusqu’à ce que la bataille de Naseby le 14 juin 1645 ne fasse définitivement pencher la balance du côté des parlementaires. Le roi avait quitté Oxford en avril 1646 avant que la ville ne soit assiégée et il chercha refuge auprès de l’armée presbytérienne écossaise à Newark-on-Trent avant d’être emmené à Southwell où il resta le temps que ses « hôtes » ne décident de son avenir. Les Écossais décidèrent finalement de le livrer au Parlement en 1647 (“Ses adherans iront si bas tracer“).

Il fut emprisonné à Holdenby House dans le Northamptonshire jusqu’à ce que l’officier George Joyce ne l’emmène de force à Newmarket au nom de la New Model Army créée en 1645 pour professionnaliser l’armée parlementaire. À ce moment, la New Model Army se sentait négligée et ignorée par le Parlement et Charles Ier était impatient de profiter de ces tensions. Il fut transféré à Oatlands puis au château de Hampton Court où des négociations se poursuivirent sans résultats. Il considéra qu’il serait dans son intérêt de s’évader et de s’enfuir peut-être en France ou de se mettre sous la protection du colonel Robert Hammond, le gouverneur parlementaire de l’île de Wight dont il pensait qu’il lui était favorable[141]. Il choisit cette seconde option et s’échappa le 11 novembre. Cela se révéla une erreur car Hammond le fit emprisonner dans le château de Carisbrooke.

Depuis sa cellule, Charles Ier continua de négocier avec les différents groupes. Le 26 décembre 1647, il signa un traité secret avec les Écossais par lequel ces derniers envahiraient l’Angleterre pour le restaurer en échange de quoi le presbytérianisme deviendrait la religion officielle pendant trois ans.

Les royalistes se soulevèrent à nouveau en juillet lors de la deuxième guerre civile et comme convenu avec Charles Ier, les Écossais entrèrent en Angleterre. La plupart des soulèvements en Angleterre furent rapidement écrasés par les troupes parlementaires loyales à Oliver Cromwell mais les révoltes dans le Kent, l’Essex, le Pays de Galles et le Cumberland ainsi que l’invasion écossaise entraînèrent des batailles rangées et des sièges prolongés. Néanmoins après la défaite écossaise lors de la bataille de Preston en août, les royalistes avaient perdu tout espoir de remporter le conflit.

Le « Long Parlement » n’était initialement pas favorable au renversement du roi. La biographie d’Henry Vane le jeune, « un membre influent de toutes les commissions qui fut chargé du devenir du roi » indique que « durant les négociations avec le roi, il démontra qu’il voulait faire tout ce qui était possible pour profiter de l’opportunité de sécuriser les bienfaits de la liberté ». Finalement, Charles Ier accepta les réformes proposées par les parlementaires et elles furent acceptées par la Chambre des Communes par 129 voix contre 83 le 1er décembre 1648. Cela aurait permis la restauration du roi avec des pouvoirs limités et la fin de la guerre civile mais Cromwell (“Que le bastard sera demi receu“) et Thomas Pride étaient opposés à ces mesures et demandaient que le roi soit jugé pour haute-trahison. Le 6 décembre, Pride entra dans le Parlement avec deux régiments de l’armée et exclut tous ceux qui étaient favorables au roi. Le reste des députés forma le « Parlement croupion ».

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