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III-30 : Arrestation de Montgomery (1574).

Gabriel de Lorges, comte de Montgommery (1530-1574). Anonyme, XVIe siècle (Kunsthistorisches Museum, Vienne).

Montgomery, qui avait tué Henri II (« plus grand que luy ») lors d’un tournoi (« au faict bellique »), la lance à la main (« en luitte et fer »), sera arrêté à l’improviste, nue, désarmé (« sans harnois »), de nuit (« De nuit »), dans le lit (« au lit »), par six hommes d’armes (« lui feront la pique ») qui le livreront à la vengeance de Catherine de Médicis.

Il participa aux luttes politiques et religieuses des guerres de religion (« en luite & fer au fait bellique »). Convertis au protestantisme, il fut l’un des grands capitaines du camp huguenot.

C’est à ce titre qu’il fut arrêté et conduit à Paris. Emprisonné à la Conciergerie, il est condamné à mort pour crime de lèse-majesté sous les yeux de Catherine de Médicis, le 26 juin 1574.

Article wikipédia (Gabriel de Montgomery).

Fils de Jacques Ier de Lorges, comte de Montgomery, originaire d’Écosse, Gabriel de Lorges était le capitaine de la garde écossaise du roi Henri II.

Le 30 juin 1559, lors du tournoi organisé par Henri II pour célébrer le mariage de sa fille Élisabeth avec Philippe II d’Espagne, Montgomery affronta et blessa mortellement son souverain, lui transperçant accidentellement l’œil de sa lance (“Celuy qu’en luite & fer au fait bellique“). Le roi agonisa dix jours durant, et, malgré la présence de son chirurgien Ambroise Paré, mourut le 10 juillet 1559. En effet, Paré n’est encore que « simple chirurgien » et seuls les médecins ont le droit de soigner le roi. Paré, pendant ce temps, reproduira la blessure sur des têtes de suppliciés et annoncera le pronostic.

Henri II exonère Montgomery de toute faute et l’eût absous de tout blâme sur son lit de mort: « — Ne vous souciez, répondit Henri d’une voix faible. Vous n’avez besoin de pardon, ayant obéi à votre roy et fait acte de bon chevalier et vaillant homme d’armes. ».

Le jeune comte prit la fuite le jour même du drame. Il devint pour tous et partout en Europe: « CELUI QUI TUA A JOUSTER LE ROY HENRY ». Dès la première séance du Conseil privé qui se tint le lendemain de l’avènement de François II, Il fut banni de la cour et cassé de son grade de capitaine de la garde écossaise, le régicide se réfugia un temps à Venise, puis revint sur ses terres de Normandie (“Aura porté plus grand que lui le pris“).

Choqué par le massacre de Wassy, Montgomery se convertit et adhére à la Réforme à Saint-Lô et installe un prêche en son château de Ducey. La nouvelle de son ralliement est vécue comme un soulagement et un espoir pour les protestants par delà la Normandie.

Durant le massacre de la Saint-Barthélemy, il put échapper aux tueurs car il était logé avec d’autres protestants de l’autre côté de la Seine, dans le faubourg Saint-Germain. Après l’assassinat de l’amiral de Coligny, un huguenot blessé traversa la Seine à la nage pour les avertir du danger. Montgomery et ses hommes prirent aussitôt la fuite à bride abattue, pourchassés par deux cents cavaliers menés par Henri de Guise, le duc d’Aumale, son oncle et le grand prieur de France, Henri, duc d’Angoulême, frère bâtard de Charles IX.

L’exil du dernier général des huguenots Gabriel trouva refuge avec sa famille sur l’île de Jersey. Sa tête fut aussitôt mise à prix par Charles IX furieux de le savoir vivant et en liberté. Des chasseurs de prime le pourchassèrent jusqu’en AngleterreCatherine de Médicis réclama à plusieurs reprises son extradition.

En 1573, le comte amena d’Angleterre une escadre de protestants français pour délivrer les Rochelais du siège entrepris par le duc Henri d’Anjou. Repoussé par les forces du duc d’Anjou, Montgomery ne peut forcer le blocus de La Rochelle. Avec ses navires, il repart vers le nord et s’empare de Belle-Île. Quelques semaines plus tard, il est délogé de Belle-Île et retourne à Londres.

Catherine de Médicis finit par obtenir satisfaction en 1574 lorsque, assiégé dans Domfront le 9 mai après l’échec d’une insurrection en Normandie, il se rendit le 27 mai au maréchal de Matignon.

Conduit à Paris à la prison de la Conciergerie, il fut condamné pour crime de lèse-majesté, puis torturé et décapité en place de Grève le , sous les yeux de Catherine de Médicis qui assistait au spectacle depuis une fenêtre de l’Hôtel de Ville. Il eut le temps de saluer son ami Fervacques avant de faire ses prières à la foule. Informé sur l’échafaud qu’un édit royal confisquait ses biens et privait ses enfants de leurs titres, il dit à ses bourreaux : « Dites à mes enfants que s’ils ne peuvent reprendre ce qui a été pris, je les maudis de ma tombe. »

Voir quatrain I-35 (mort d’Henri II).

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